Reportage, Yennayer, les Kabyles en parlent

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Yennayer

A l’instar des autres régions Amaziγ, la Kabylie reste attachée à son jour de l’An. Pour communier avec son public, Tamurt.info a donné la parole aux Kabyles des plus illustres au plus anonymes pour nous raconter comment avec leurs familles ils fêtent cet événement.

Pour Ferhat Mehenni, président du mouvement pour l’autonomie de la Kabylie : « Dans mon enfance, le jour précédant Yennayer, les garçonnets (3, 4 ans) accompagnaient pour la première fois leur père au marché hebdomadaire situé à quelques kilomètres de tous les villages. On leur coupait les cheveux en leur laissant « tacebbuvt », un petit carré de cheveux au dessus du front, pour l’esthétique ». Avec une émotion perceptible, il continua, puisque pour le leader autonomiste le souvenir de l’enfance croise celui de ce père parti trop top, tombé au champ d’honneur de la révolution algérienne. « Tous les hommes qui saluent leur père sont tenus de donner à son fils une pièce de monnaie. Le père, lui, était tenu de ramener à la maison la tête d’un boeuf pour le repas familial du soir. Moi, j’ai eu droit à mon oncle, pour mon premier yennayer. Mon père était en France, Je n’en fus pas moins fier et j’ai été très sensible à cette caresse sur la tête que prodiguaient tous les adultes à l’époque aux petits garçons. »

Pour notre méga star de la chanson kabyle Mas Takfarinas « Yennayer c’est avant tout une fête familiale. C’est le couscous au poulet accompagné d’une soupe aux lentilles et haricots. Ce qui m’a marqué c’est le partage de la viande par mon père suivant une symbolique bien définie. Les ailles aux jeunes filles pour qu’elles convolent en noces, les cuisses aux mères de familles pour reprendre des forces, la poitrine pour les hommes et la colonne vertébrale pour le vieux et la vielle pour ce qu’il représente, le socle de la famille. »
Sur un registre plus personnel, Tak, pour les intimes, évoque la scène lieu de prédilection des artistes « Quelques concerts organisés pour célébrer Yennayer sont gravés dans ma mémoire, de par l’enthousiasme du public et son engouement et la prestation artistique ».

Quant à Shamy le romancier kabyle, ex-Abranis, c’est le volet festif de l’événement qui semble le marquer : « Le soir de Yennayer les enfants rassemblés en groupe vont de maisons en maisons en chantant et en tapant des mains, les maîtresses de maisons les accueillent avec des youyous. Ils font ainsi le tour du village pour répandre la joie et la bonne humeur. » Pour le repas de Yennayer nous noterons une nette différence pour cet originaire des At Imɛuc : « le couscous aux poulet et à la viande séchée et mais le bouillon est à base de févette concassée, Seksu s-uvisar. »

Pour Dda Tahar restaurateur originaire de Tawrirt n’At Umalek, Yennayer c’est un repas familial par contre pour parler du couscous Imensi n Yennayer il appel au secours sa femme : «Le couscous de Yennayer est spéciale de par les ingrédients utilisés, Seksu n sabɛa isufer, le couscous aux sept légumes pour marquer l’avènement de la nouvelle année avec l’opulence et les bonnes augures. »

Changeons de ville et d’endroit « Non je ne suis pas l’autre, si je vous dis joyeux Noël le matin du 25 décembre c’est par courtoisie. Si le soir de la Saint Sylvestre je ramène ma coupe vers la votre dans un tschin scintillant du cristal c’est pour ne pas bouder ce plaisir de se retrouver avec vous et partager un moment de gaîté. yennayer c’est l’opulence, la joie, et le plaisir, pour moi le père Noël existe il s’appel Vava Yennayer. » En Kabyle dans le texte ça donne un chant révolutionnaire. Non ce n’est pas de moi, j’aurai bien aimé, mais c’est les dires de Ali nat Tizi un octogénaire habitant rue des Maronites dans le 11ème côté Mesnil… En palabrant avec un Kabyle pour lui arracher quelques souvenirs de son enfance en rapport avec le nouvel an Amazigh, Ali m’arrache à mon appréhension. C’est qu’il a gros sur le cœur.

Des points communs à toutes les régions kabyles avec ce tour d’horizon des célébrations de Yennayer. C’est une fête païenne lors de laquelle le Kabyle se doit d’exprimer sa joie l’opulence, où les aliments amers ou aigres sont à éviter pour conjurer le mauvais sort. La maison est nettoyée, les enfants choyés et le repas copieux pour augurer une bonne année à venir.
Au nom de toute l’équipe de Tamurt.info Yennayer ameggaz.

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