« La constitution algérienne ne nous concerne pas en tant que Kabyles »

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Le drapeau amazigh et algérien
Le drapeau amazigh et algérien

Tamurt.info : Azul, peux-tu te présenter d’abord à nos lecteurs ?

N. Chelbabi : Azul, je suis membre de l’exécutif national du MAK adjoint chargé de la logistique. J’ai 25 ans, j’habite à Sidi-Aïch dans la Wilaya de Bougie. J’ai investi le terrain de la lutte en la faveur de l’Autonomie de la Kabylie en 2001 alors que je n’avais que 17 ans. J’étais ex-vice-président de la coordination des lycéens pour l’Autonomie de la Kabylie (CLAK).

Tamurt.info : Tu as été arrêté le 9 janvier passé aux environs de 23h00 par la police de Sidi-Aïch, alors que tu venais juste de terminer l’affichage, du MAK, appelant à des marches populaires à Bougie et à Tizi-Wezzu, à l’occasion de Yennayer 2960. Peux-tu nous parler des conditions de ton arrestation ?

N.C : Effectivement. Juste après avoir terminé l’affichage dans la ville de Sidi-Aïch, je suis rentré à la maison pour chercher les petites affichettes (tracts) pour les distribuer sur les trottoirs de la ville. A ma sortie de la maison et plus exactement à la place Redouane Salhi, j’étais surpris par huit (8) policiers sortis de deux voitures, quatre sur ma gauche et quatre autres sur ma droite. Ils commencent à me fouiller comme si je suis un terroriste ou je ne sais quoi… ils m’ont embarqué dans leur fourgon. J’essaye de leur parler mais ils ne veulent rien entendre… ils m’avaient confisqué mon portable qu’ils ne me rendraient qu’après une heure et demi d’arrestation – juste pour passer un appel et un appel seulement- ils m’avaient confisqué aussi un bon paquet de tracts (500 environs)

T.I : Une fois dans le fourgon, dans quelles conditions étais-tu transporté ?

N.C : Une fois dans le fourgon, un policier arabe commence à proférer des menaces à mon encontre en me disant que je risque deux ans de prison ferme pour avoir distribué ce genre d’affichettes (délit d’incitation). Je leur ai répondu que je ne suis pas un terroriste pour purger une telle peine. Une fois dans le commissariat, le même policier m’explique qu’il est formellement interdit de distribuer des tracts écrits en français car l’arabe est notre langue officielle, disait-il.

T.I : Que lui as-tu répondu ?

N.C: Je lui ai répondu que la constitution algérienne ne nous concerne pas en tant que Kabyles. Puisque pour elle (la constitution) tous les algériens sont arabes alors que nous, Kabyles, ne le sommes pas. Puis, ils m’ont menacé de me mettre en cellule si je ne leur dis pas d’où ai-je eu ces affichettes.

T.I : Quelle était ta réponse à cette dernière question ?

N.C : Je leur ai répondu que c’était moi-même qui les ai confectionnées et que je suis responsable au sein du MAK. Je leur ai même indiqué que notre site est bel et bien mentionné sur les affichettes s’ils veulent bien nous connaître davantage. Un policier m’informe comme quoi j’étais dans leur collimateur depuis belle lurette et qu’aujourd’hui ils m’ont eu. Je leur ai dis que dorénavant s’ils veulent m’arrêter il suffit de m’envoyer une convocation par voie postale…et que ce n’est même pas la peine de se déplacer pour me chercher. Sachez bien que je me suis engagé dans le MAK et que je suis prêt à tout. Alors, un policier essaye de me convaincre d’aller activer dans un parti politique d’opposition ‘légal’ au lieu de rester dans ce mouvement (MAK ndlr) qui présente, dit-il, un grand danger pour l’unité nationale.

T.I : Comment as-tu répondu ?

N.C : Je leur ai dit : le véritable danger sur l’unité nationale n’est pas le MAK qui est très clair dans ses statuts et sa charte, par contre c’est le pouvoir en place qui l’est. Concernant mon choix politique, je suis majeur et je sais très bien ce que je dois faire et où activer. Après m’avoir fait remplir une fiche de renseignements, ils ont complètement changé de comportement envers moi… ils sont devenus « gentils », on me propose même de prendre un café avec eux, ce que j’ai refusé catégoriquement. En fin d’interrogatoire, ils profèrent la dernière menace : « Attention qu’on t’arrête la prochaine fois !! Il vaut mieux que tu laisses tomber ce MAK ! » Et je leur ai répondu que je vais continuer à militer pour le MAK quitte à me faire arrêter tous les jours et que la prochaine fois s’ils veulent m’arrêter il suffit de m’envoyer une convocation et n’ont pas besoin de me faire une embuscade.

T.I : On t’a rendu ton portable et les affichettes qu’on t’avait confisqués ?

N.C : On ne m’a pas rendu les affichettes. Quant à mon portable, on me l’avait rendu après une heure et demie de détention juste pour passer un appel et ils me l’avaient confisqué à nouveau jusqu’à ma sortie de leurs locaux.

T.I : Qui as-tu préféré appeler ?

N.C : J’ai appelé un militant du MAK et je lui ai signifié que je suis en état d’arrestation au commissariat de Sidi-Aïch.

T.I : A quelle heure as-tu été libéré ?

N.C : J’ai quitté le commissariat aux environs de 2h20.

T.I : Un dernier mot ?

N.C : Le combat doit continuer pour que vive la Kabylie libre et autonome ! Tanemmirt.

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