Kabylie : Les aârchs se mettent de la partie

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La répression en Algérie
La répression en Algérie

KABYLIE (Tamurt) – Rappelons que la Kabylie a perdu 186 de ses enfants, tous assassinés par un armement de guerre sophistiqué puisque les balles meurtrières sont explosives. À cela s’ajoutent les milliers de handicapés physiques à vie. Convaincue qu’elle a été victime d’une grande et outrageante supercherie de la part du pouvoir, et ce, à travers son outil malfaisant connu sous le terme « gouvernement », la Coordination des Aârchs, Daïra et Communes (CADC) ont décidé de tenter de remettre les pendules à l’heure. C’est dans ce sens qu’elle a décidé d’appeler les citoyens kabyles à faire une marche dimanche prochain à partir de son siège, sis à la rue Haddadou, jusqu’au siège de la préfecture laquelle sera suivie d’un sit-in.

Dans leur appel aux Kabyles, les initiateurs de la manifestation notent que cette mobilisation est dictée par « l’exigence du déblocage des dossiers des martyrs et blessés du Printemps noir et la revalorisation des pensions, l’indemnisation des victimes des dégâts matériels, dénonciation du saccage de la stèle des martyrs du Printemps noir, l’application des engagements de l’État par rapport au jugement des assassins, l’insertion sociale pour les blessés et les familles des martyrs, etc. ».

En somme, aucune réparation n’est faite à l’endroit de la victime et qui n’est autre que la Kabylie entière. À titre de rappel, c’est l’actuel premier ministre algérien, M. Ahmed Ouyahia, alors chef du gouvernement qui s’est engagé en sa qualité de représentant du pouvoir xénophobe vis-à-vis des représentants des aârchs pour donner suite favorable à leurs revendications. Son prédécesseur, M. Ali Benflis en l’occurrence, a eu au moins l’honnêteté de reconnaître qu’il ne pouvait pas s’engager sur un dossier aussi brûlant. À l’époque, les délégués des aârchs l’ont traité de « pantin », de « simple agent de service », de « marionnette » et de tant d’autres quolibets. M. Ali Benflis a eu « le tort » de reconnaître son véritable poids au sein de l’appareil de l’État ; contrairement à M. Ahmed Ouyahia qui cache son rôle de « boy-scout » du DRS. Ce qui fait donc qu’aujourd’hui, les délégués des aârchs constatent avec amertume que les deux hommes d’« État » ont le même poids.

Il reste à savoir jusqu’où pourra aller cette fois-ci la CADC. Acceptera-t-elle de reprendre langue avec l’homme qui l’a roulée dans la farine? Ou exigera-t-elle de dialoguer avec les véritables chefs? La question qui se pose surtout avec acquitté est de savoir si ces délégués des aârchs auront assez de pouvoir pour exiger de prendre directement langue avec les chefs. Car ceux-ci, loin d’être des snobs, connaissent parfaitement ceux qui ont été les interlocuteurs de leur agent Ahmed Ouyahia. Au besoin, la carte du chantage pourra être sortie de la manche pour être jouée. En effet, lors des discussions entre les 24 délégués de la CADC et Ahmed Ouyahia, il y a eu bien des choses loin d’être saines. En effet, parmi la délégation des 24, seulement 10 d’entre eux ont prouvé leurs dons de politiciens et négociateurs. Et comment ! Après les discussions officielles qui se terminaient généralement tard dans la soirée, les délégués se rendent au restaurant de l’hôtel. Après un dîner copieux et digne de celui des princes et sultans, les 14 délégués ordinaires et innocents regagnent leurs chambres et aussitôt leurs lits douillets retrouvés, ils plongeaient dans les bras de Morphée. Une marmotte en pleine hibernation pouvait manifester plus d’éveil qu’eux. Pendant ce temps, les dix autres quittaient à pas de loup l’hôtel pour retrouver les représentants de l’État aux fins de mener les véritables négociations, c’est-à-dire la politique des coulisses. Ce travail de realpolitik a exigé naturellement certains moyens et méthodes comme le bon whisky, la présence de femmes de rêve et tant d’autres agréments qui font courir les hommes. Seulement, ces parties de travail et de plaisir se sont souvent déroulées avec « témoins » qui ne commettent jamais d’erreurs. En effet, les minuscules caméras, enregistreuses de vues et de son, ne risquent aucunement d’être corrompues pour faire de la subornation. Et par conséquent, un délégué se trouvant être « un respectable homme marié et père de famille » ne peut pas dès lors élever la voix ou imposer ce qui lui semble être l’intérêt des aârchs car son entourage et, surtout, madame sa légitime femme peuvent découvrir ses incartades conjuguées par des prouesses amoureuses extraconjugales.

Dans pareilles conditions, il est peu probable que les chefs s’inclinent devant l’exigence des délégués des aârchs à moins que des hommes nouveaux remplacent les anciens. En dépit de cela, il est peu probable de faire fléchir les chefs par un document aussi limité que la plate-forme d’El-Kseur.

La solution idoine est de faire confiance au Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK) qui, lui, exige une solution globale pour la Kabylie.

Les mérites du RCD qui ne rate pas l’occasion de dénoncer l’antikabylisme de l’administration centrale et la CADC qui refuse de fermer les yeux les assassinats perpétrés contre les enfants kabyles est d’avoir renforcé la feuille d’arguments du MAK qui exige l’autonomie pure et simple de la Kabylie.

D’ailleurs, la Kabylie entière a manifesté sa confiance totale au MAK et son leader incontestable, M. Ferhat Mehenni.

S. Tissegouine

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