Maraghna : Une foule nombreuse rend un vibrant hommage au premier martyr de la Kabylie autonome

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Hommage à Ameziane Mehenni
Hommage à Ameziane Mehenni

HOMMAGE (Tamurt) – Joints à la famille de sang de feu Meziane, les Kabyles ont rappelé au monde entier à l’occasion de ce douloureux rendez-vous commémoratif que l’autonomie de la Kabylie relève d’un processus irréversible.

Se succédant dans la prise de parole, les responsables et militants du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK) ont tenu à rappeler le rôle joué par le martyr au cours de sa courte vie pour l’honneur de la Kabylie et les véritables raisons de son assassinat qui sont éminemment politiques. « Un moyen d’inciter son paternel, en l’occurrence M. Ferhat Mehenni, à abandonner son projet d’autonomie de la Kabylie », ont martelé les différents intervenants au cimetière où repose le martyr. « Ils (les commanditaires du lâche assassinat) se sont trompés lourdement aussi bien sur le compte de notre président que sur celui de son peuple puisque c’est l’effet inverse qui a été produit », ont martelé les orateurs.

Avec la conjugaison du spectacle de la tombe recouverte de gerbes de fleurs et l’emblème de la nation kabyle aux mots témoignant du combat militant et réfléchi de feu Meziane, l’émotion a été très forte. Elle a atteint son paroxysme quand Razik Zouaoui a fait la lecture du document mentionnant le message de M. Ferhat Mehenni à l’occasion de cette commémoration que nous reproduisons dans son intégralité : « Amezine, mon fils

Cela fait six ans que tu as été tué et tes assassins courent toujours. Si, jusqu’ici, l’enquête pour faire la vérité sur ce crime dont tu as victime bégaie encore ; si elle refuse obstinément de s’orienter sur la piste politique et montre une prédilection particulière pour les faux semblants et les poubelles lui permettant de se construire des scénarios invraisemblables, nous sommes sûrs de connaître un jour ce qui s’était passé dans la nuit du 18 au 19 juin 2004.

En tous les cas, ceux qui escomptaient me faire reculer en te faisant assassiner, ceux qui pensaient par ta mort, ils allaient faire dérailler le train de la liberté du peuple kabyle, en sont aujourd’hui pour leurs frais. Contrairement à la raison d’État qui empêche de faire toute la lumière sur les circonstances de ton assassinat, la logique implacable de l’Histoire, elle, n’a pas pu être rayée.

Tu vois, mon fils, c’est même ton sang et celui des victimes du Printemps noir 2001, en échos à celui de tous les Kabyles assassinés pour des raisons politiques, qui nous ont insufflé cette force d’accomplir notre destin collectif de liberté.

Même si tu le vois, peut-être mieux que nous, de là où tu es, je t’annonce que le jour se lève enfin sur la Kabylie et le peuple kabyle. Partage la nouvelle avec Fadma n Summer, Cheikh Aheddad et Mokrani, dis-le à Amirouche et Abane Ramdane, à Mammeri, Feraoun, Amrouche et Tahar Djaout, à Krim Belkacem et Mecili, à Benaï Ouali, Mbararek At Mangellat et Amar Nat Hammuda, dis-le à Mohand Uharun, Bessaoud Mohand Arav et Matoub Lounes, dis-le à tous les cimetières et les charniers de la liberté dont regorge le monde. Annonce-leur la bonne nouvelle : le premier gouvernement kabyle de l’histoire a été installé le 1er juin 2010. Même si cela s’est fait en France, cela n’est qu’un premier pas vers la terre qui l’a rêvé : La Kabylie.

Hier, la France, elle-même, commémorait l’appel du 18 juin 1940 lancé par De Gaulle à partir de Londres. Aujourd’hui elle célèbre sa renaissance vieille de 70 ans.

La gerbe de fleurs que le Gouvernement Provisoire Kabyle vient déposer devant ton portrait est la meilleure des revanches sur les donneurs d’ordre de ton exécution. Elle illustre à elle seule la défaite de ceux qui affectionnent l’assassinat politique à la liberté des peuples.

Mon fils,

Comme tous ceux qui sont tombés pour notre dignité et notre liberté, tu resteras une étoile scintillante éternellement dans le ciel de la Kabylie, comme celle donnant le Nord aux caravanes qui traversent la nuit. Ton nom est symbole de notre combat pour l’autonomie de la Kabyle.

Repose en paix mon fils. La vérité se fera un jour.

En attendant, disons-le haut et fort :

VIVE LA KABYLIE LIBRE

VIVE LE PEUPLE KABYLE MAÎTRE DE SON DESTIN.

Ton père, encore en exil à Paris, le 19 juin 2010 ».

En lisant cet émouvant hommage paternel, Razik Zouaoui a failli s’étrangler à plusieurs reprises. Notons également que cette manifestation commémorative a été marquée par une exposition de photos portant témoignage des événements tragiques survenus en Kabylie en 2001 et celles naturellement du premier martyr de la Kabylie autonome, de son paternel et son grand-paternel, martyr de la révolution 1954-1962. Cette exposition de photos appuyée par une autre portant sur des écrits journalistiques a eu lieu au siège de l’association culturelle Tanekra, partie participante à l’événement commémoratif.

S.T

Portrait du feu Meziane Mehenni.

Le défunt est né le19 janvier 1974 à Meraghna, commune d’Illoula-Oumalou, daïra de Bouzguène, wilaya de Tizi-Ouzou. Après le cycle primaire fait à son village natal, le défunt fait ses études moyennes et secondaires au lycée Chihani d’Azazga. Une fois le baccalauréat en poche, feu Méziane poursuit ses études supérieures en France. Diplômé en lettres amazighes et nipponnes ainsi qu’en économie commerciale. En 1994-1995, il s’était retrouvé président de la coordination des lycéens amazighs. Et le 13 février 1995, le brillant élève et le reste des membres de sa famille se retrouvèrent malgré eux en France. M. Ferhat Mehenni, a pris très au sérieux les menaces sans cesse renouvelées concernant sa famille. Les auteurs de ces menaces ont rappelé à maintes reprises au leader du MAK que sa famille entière pouvait à tout moment être exterminée d’où sa résolution de la mettre à l’abri. Donc, ce n’était pas de gaité de cœur que le défunt a quitté sa Kabylie natale.

S.T

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