Wikileaks : les Américains soulignent le danger des « repentis » en Algérie

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El Watan
El Watan, Liberté, El Khabar, Le Soir

Après les tragiques attentats qui ont secoué Alger le 11 décembre 2007, l’ambassade américaine à Alger a rédigé, le 20-12-2007, un sévère rapport à son Département d’État où elle met sérieusement en doute les capacités des services de sécurité algériens à contrecarrer la menace des Kamikazes du GSPC.

« À l’avenir, on peut imaginer que la situation sécuritaire pourrait rester à peu près telle qu’elle est maintenant ou se détériorer davantage. Ne vous attendez pas à une amélioration de la sécurité. Aucun de nos contacts ne pense que les services de sécurité seront en mesure d’empêcher les attaques terroristes », décrète Robert S. Ford, l’ambassadeur américain en poste à l’époque à Alger, dans un câble diplomatique classé « secret » et daté du 20-12-2007.

Ce mémo qui revient sur l’ensemble de la situation sécuritaire après les attentats kamikazes du 11 décembre 2007 fait part des inquiétudes des services américains sur le contexte sécuritaire qui prévaut en Algérie. Pour Robert S. Ford, les services de sécurité algériens « ne savent pas quand des attaques terroristes pourraient se produire ou sous quelle forme elles se produiront »!

Pis encore, l’ambassadeur américain qualifie l’attitude et les réactions du gouvernement algérien face aux attentats du 11 décembre 2007 de « faibles et stupides »! Il accuse même les services algériens de ne pas vouloir « partager avec nous des informations ». « En conséquence, l’ambassade a pris des mesures de sécurité plus strictes pour le personnel. La sécurité de la chancellerie et de la résidence principale du personnel a été améliorée », note encore l’ambassadeur américain dans son rapport.

D’après ce câble diplomatique, les attentats du 11 décembre « ont ouvert un débat quant à savoir si le programme d’amnistie du président Bouteflika est approprié ou non. Certains dans les services de sécurité veulent le mettre de côté et préconisent le recours à une main de fer », souligne-t-on sans citer les noms précis des dirigeants de nos services de sécurité qui auraient cherché à dépasser la politique de la Réconciliation nationale initiée par Abdelaziz Bouteflika.

Ce dernier est, d’ailleurs, décri dans ce mémo comme étant « dépassé » par le cours des évènements après les attentats du 11 décembre 2007. En plus, selon ce câble, « Bouteflika est apparu très affligé par les attentats d’Alger et ne sait pas quoi faire ». Robert S. Ford cite à ce propos une réunion que le Chef de l’État avait tenue avec le premier ministre portugais, accompagné de son ambassadeur à Alger, le 16 décembre 2007, soit quelques jours après les terribles attentats d’Alger.

Au cours de cette rencontre, dont le contenu a été révélé par l’ambassadeur portugais à son homologue américain le 18 décembre 2007, « Bouteflika a exhorté le premier ministre portugais Socrates à convaincre les États européens pour aider les services de sécurité algériens. Bouteflika aurait demandé des conseils sur la façon de sécuriser les sites fixes et l’aide des Européens pour exploiter les téléphones cellulaires dont les cartes SIM ont été modifiées », précise ce mémo.

Par ailleurs, Robert S. Ford a relevé aussi que « beaucoup de nos contacts interprètent le silence de Bouteflika depuis le 11 décembre » par son « embarras » dû au fait que « les deux kamikazes étaient déjà connus des services de sécurité et avaient bénéficié des dispositions du programme de réconciliation nationale ».

Robert S. Ford rapporte également dans son rapport ses entretiens avec le « leader islamiste, Abdallah Djaballah ». Celui-ci a déclaré à l’ambassadeur américain, le 17 décembre 2007, que « les attentats suicides ont démontré l’influence des djihadistes irakiens dont l’appel au djihad trouve un public prêt ici ». « Il a noté aussi que les extrémistes islamistes libérés en vertu du programme gouvernemental d’amnistie sont extrêmement frustrés parce qu’ils ne peuvent trouver aucun emploi et n’ont aucun moyen de subvenir à leurs besoins. Ils sont faciles à recruter », précise encore l’ambassadeur américain.

D’autres contacts ont même confié à Robert S. Ford qu’il existe un « noyau dur de cinq pour cent » parmi ces repentis. Ces derniers seront, selon leurs confidences, « toujours la peste en Algérie ». Et dans ce contexte, Robert S. Ford fait remarquer que le recrutement de l’AQMI en Algérie sera toujours « stimulé » et les « jeunes Algériens » peuvent facilement succomber à l’appel des groupes terroristes.

Abderrahmane Semmar

El Watan

Le 07.12.10

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