Youssef Al-Quardawi – Le cheikh cathodique est un époux indélicat

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C’est une histoire passionnée qui s’achève devant un tribunal. Une histoire d’épouse convaincue d’avoir été abusée, maltraitée, mais désormais prête à se venger. Une histoire très banale si l’un des protagonistes n’était autre que le prédicateur musulman Youssef Al-Qaradawi, célèbre pour l’émission « La Charia et la vie », diffusée par la chaîne du Qatar Al-Jazira, et dans laquelle il s’est longtemps efforcé de concilier les préceptes religieux et les évolutions de la société. Le cheikh cathodique est la cible de sa deuxième épouse, Asma, une Algérienne rencontrée en 1989.

A l’époque, le cheikh égyptien installé au Qatar, dans le Golfe, jouissait déjà d’une flatteuse réputation. En visite en Algérie, le sexagénaire avait croisé dans un colloque une jeune étudiante de près de quarante ans sa cadette. Il avait alors multiplié les lettres fougueuses pour la séduire, jusqu’à parvenir à ses fins après une résistance de plusieurs années. Fin 1996, il épousait tout aussi religieusement que clandestinement au Liban la jeune femme, qui suivait alors des études en sciences politiques et en relations internationales, à Amman, en Jordanie.

Quelques mois plus tard, en avril 1997, elle était congédiée par une lettre l’informant du divorce envoyée sans préavis. La jeune femme avait à peine le temps de se remettre de cette rupture brutale que le cheikh revenait à la charge en se manifestant, en novembre 1998, le jour de son anniversaire. Nouveau mariage, et nouvelle vie clandestine.

Le cheikh profite d’émissions de télévisions enregistrées à Abou Dhabi pour retrouver à sa convenance son épouse cachée, alors étudiantes au Centre d’études stratégiques de l’émirat. Cette double vie se déplace à Doha où la jeune femme s’installe et se fait embaucher par Al-Jazira. Vaille que vaille, elle parvient à sortir de la clandestinité et accède à une existence légale, d’autant que la première femme du cheikh, qui a fini par découvrir cette liaison, est écartée par la maladie.

Asma joue alors les assistantes auprès du cheikh, suscitant la jalousie de ses enfants qui se lancent dans une guérilla contre elle. En novembre 2009, depuis l’Egypte, il décide de rompre une nouvelle fois à distance. C’est compter sans la colère de la femme répudiée. l’époux indélicat devait présenter sa demande de divorce devant la justice du Quatar, le 15 décembre. L’épouse éconduite comptait bien profiter des petits accommodements pris par le cheikh avec les textes religieux pour justifier la séparation, pour monter, comme elle le dit elle-même, « son vrai visage ».

Le Monde, Gilles Paris

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