La Kabylie fête Yennayer, le nouvel an Amazigh

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Yennayer Kabylie
Yennayer Kabylie

Yennayer : une grande symbolique chez les peuples amazighs

Yennayer a toujours constitué une grande symbolique chez les peuples amazighs en général, kabyle en particulier. Nous devons savoir en premier lieu que Yennayer est à interpréter avant tout comme le premier jour de l’an berbère comme il correspond aussi à toute la durée du mois de janvier. Cependant, c’est le premier jour qui est fêté, lequel correspond naturellement à la journée du 12 janvier du calendrier grégorien. Et comme le premier janvier, la journée de Yennayer, selon les coutumes et traditions les plus anciennes, est reconnue comme une journée chômée.

Force est de reconnaître cependant que la véritable réhabilitation de Yennayer ne date pas de longtemps en Algérie. Il avait fallu attendre le mouvement du Printemps I980 pour que ce premier jour de l’an berbère retrouve sa place parmi les dates ou journées phares de l’an comme pour les fêtes nationales ou religieuses.

En effet, à chaque Yennayer, le chef de l’État présente officiellement ses meilleurs vœux au peuple ; ce qui n’était pas le cas antérieurement à I980. Par ailleurs, de nos jours, aussi bien les Kabyles que le reste des Algériens fêtent Yennayer. Et en général, les travailleurs salariés ne travaillent pas l’après-midi à cette occasion.

L’État algérien ne reconnaît pas officiellement Yennayer, comme une journée chômée et payée, mais il tolère largement le congé et le payement de cette journée aux travailleurs.

Mais que signifie Yennayer, au-delà des considérations étatiques et officielles ? Tout d’abord, il y a lieu de retenir que le calendrier berbère est solaire comme ceux dits « grégorien ou julien ». La preuve : Yennayer correspond toujours à la date du 12 janvier. Au soir de Yennayer, le dîner est spécial, c’est-à-dire on sert un repas copieux.

Chez le peuple kabyle, on sert du poulet. On appelle cela : « Imensi n Yennayer ». Dans chaque région d’Algérie, les familles se font un dîner copieux. Cependant, chaque région fait sa propre spécialité. Hormis ce dîner spécial, Yennayer est aussi porteur d’indicateurs agricoles.

Certains travaux des champs ne peuvent commencer qu’à partir de Yennayer effectivement. C’est le cas de la taille de la vigne et l’élagage des arbres comme l’olivier, le figuier, le grenadier et tant d’autres arbres fruitiers.

Au cours de la période de Yennayer, la sève se retire des branches et des rameaux. Donc, la coupe de certaines mauvaises branches, vieillies ou mal formées, s’effectue à partir de Yennayer. Le laps de temps dont disposent les paysans ou tout simplement les agriculteurs à cet effet est limité. Car après Yennayer, la chaleur, dit-on, retrouve la terre, donc la sève commence à circuler à travers les branches et rameaux. Celle-ci entraîne naturellement la floraison. Yennayer est également porteur de certains indicateurs annonçant la bonne ou mauvaise récolte de certains produits.

Nos vieux paysans se rencontraient jadis à l’occasion de Yennayer pour faire les prévisions de l’année agricole et, par conséquent, arrêter des mesures indispensables.

De nos jours aussi, il est possible de tomber sur une vieille personne capable de vous dire à partir de certains indices observés lors du Yennayer quels seraient les différents produits agricoles qui constitueraient la bonne récolte.

Signalons enfin que les travaux agricoles et sylvicoles étaient déterminés et organisés par semaine, et ce, à longueur d’année. Le point de départ du calcul pour les 52 semaines constituant l’année est justement Yennayer.

Yennayer à Tuβiret: Une occasion de renouer avec l’ère berbère

De Ɛmiruc At Γazi – Tuβiret

Nombreuses sont les familles, qui préservent la fidélité, de la commémoration du jour de l’an, selon le calendrier berbère, dans les villes et villages kabyles de Tuβiret, malgré les actions qui visent à bafouer les anciennes traditions des familles kabyles, à travers l’instauration de coutumes purement arabo-islamiques.

Les familles kabyles célèbrent Yennayer par des festivités diverses et un repas spécial, qui réunit la grande famille la veille du 12 janvier, jour de l’an berbère. Aux portes de la nouvelle année, des rites sont effectués pour augurer un meilleur avenir.

Certaines familles, qui gardent une tradition remarquable, héritée des ancêtres et préservée de génération en génération, utilisent la viande d’une bête sacrifiée (Asfel, en Kabyle), dans la préparation du plat principal, en l’occurrence du « couscous » le plat traditionnel incontournable de la cuisine berbère. D’autres familles sacrifient une volaille à cette occasion. Une poule et un coq sont, en effet, dédiés à la femme enceinte, dans l’espoir qu’elle n’accouchera pas d’une fille, qui était hélas souvent mal accueillie au sein d’une société patriarcale

« Immensi n yennayer » n’est pas considéré comme un simple dîner. Il est aussi un moment de communion. Les femmes ayant quitté la maison après leur mariage et absentes lors du regroupement de la famille, sont symboliquement présentes. Leurs parts sont non seulement réservées, mais des cuillères sont disposées pour signaler une présence invisible. Les forces invisibles participent donc au festin, dont de petites quantités sont déposées aux endroits précis : le seuil de la porte, le moulin de pierre aux grains, le pied du tronc du vieil olivier.

Des préparatifs précèdent « Immensi n yennayer ». Ils sont considérés comme une nécessité pour accueillir le nouvel an. La maison donc est entièrement nettoyée et embaumée à l’aide d’herbes et de branches d’arbres.

« Ammenzu n yennayer », marquera selon certaines coutumes, que des familles des villages de Tuβiret préservent encore, le retour des morts, porteurs de fécondité. À cette occasion, les femmes ne doivent pas porter de ceinture, symbole de fécondité.

Pour les familles kabyles de Tuβiret, Yennayer, représente aussi un moment de convivialité familiale, que ce soit durant le dîner de la veille ou bien durant la journée de Yennayer, où l’on se réunit autour d’un repas copieux, signe de prospérité. Des gâteaux et des galettes, comme les beignets (lesfenj) ou bien les crêpes (tighrifin) sont partagés durant cette journée.

Enfin, le nouvel an représente une occasion de souhaiter des vœux de bonheur et de prospérité et d’effectuer certains rites qui lui sont associés, à l’instar des rites d’initiation agricoles.

Yannayer à Bougie: Célébration sans esprit de revendication

De Ameziane Tiziwar – Bougie

Yennayer, le nouvel an berbère qui correspond au 12 du mois de janvier de l’année grégorienne, constitue comme à l’accoutumé un événement à Bougie même s’il perd au fil du temps, un peu de l’esprit de revendication d’antan qui le caractérisait.

Ne dérogeant pas à la règle, les habitants de Bougie comme dans le reste de la Kabylie, célèbrent cette date dans la communion qui marque les fêtes de fin d’année. A cet effet, si dans certaine régions la volaille qui agrémente le couscous traditionnel constitue en général le festin dont se délectent le soir du 12 les membres de la famille, pour d’autres, la crêpe ou des bouillies sont servies la veille de Yennayer. Aussi dans certains foyers, c’est le jour où on procède au changement de pierre du Kanun, même si l’habitude tant à disparaitre avec la disparition de ce petit espace de cuisson.

Le monde associatif pour sa part, ne déroge pas à la règle notamment pour les associations à caractère culturel.

Des concours de plats traditionnels et des expositions d’habit et d’objets traditionnels sont organisées ici et là. Une façon de marquer l’événement et de perpétuer la célébration. Dans certaines localités, ce sont des coucous populaires qui regroupent les habitants pour marquer la date.

Mais malgré la portée historique de cette date, les autorités ont toujours tenté de le confiner dans un certain folklore faisant fi de l’esprit de revendication de dans lequel devait être célébrée cette date. Celui d’une identité Kabyle.

6 Commentaires

  1. Nous avons, au MAK depuis des années, réinstauré la lettre  » V ».
    Pourquoi tolère-t-on les auteurs qui continuent avec des Bgayet, alors qu’on sait tous que c’est Vgayet ?

    Vous vous souvenez comment s’intitulait le MAK à ses début ? Timanit i tmurt n legbayel; quelle horreur !
    Nous avons réfléchi à la chose. Nous nous sommes rendu compte que nous, kabyles, disons : « icawiyen, i3araven, Ifransisen, imazighen,

    italyaniyen et leqbayel » Nous avons décidé, suite à cela « iqvayliyen »
    Pourquoi ce retour en arrière ? Un manque de formation et d’information ? Une volonté de nuire ?

  2. Nous avons, au MAK depuis des années, réinstauré la lettre  » V ».
    Pourquoi tolère-t-on les auteurs qui continuent avec des Bgayet, alors qu’on sait tous que c’est Vgayet ?

    Vous vous souvenez comment s’intitulait le MAK à ses début ? Timanit i tmurt n legbayel; quelle horreur !
    Nous avons réfléchi à la chose. Nous nous sommes rendu compte que nous, kabyles, disons : « icawiyen, i3araven, Ifransisen, imazighen,

    italyaniyen et leqbayel » Nous avons décidé, suite à cela « iqvayliyen »
    Pourquoi ce retour en arrière ? Un manque de formation et d’information ? Une volonté de nuire ?

  3. Excuse moi mais c’est détail.. C’est pas une sipmle lettre qui va faire évoluer la situation kabyle !! D’autant que l’uniformisation du Kabyle n’est toujorus pas terminé…Le ministere de la langue est là pour régler ces questions qui se régleront avec le temps !! Ecris leur un mail, voilà !!

  4. Merci plom plom de le rappeler.
    J’ai une vague impression qu’ils ne veulent pas se détacher de la consonance arabe. Ils ont peur que ça leur manque. Cela se traduit de toute façon à un manque total de respect envers les valeurs que nous défendons.

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