Alliot-marie évoque une assistance sécuritaire pour tunis et alger : Paris propose des cours de répression

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La France s’invite, d’une drôle de manière, dans les émeutes qui ont secoué l’Algérie et qui secouent toujours la Tunisie, en proposant ses services de répression des émeutes.

Par le biais de sa ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, la France officielle propose à la Tunisie et à l’Algérie “son savoir-faire” dans la gestion des questions sécuritaires lors des manifestations publiques. “Le savoir-faire, reconnu dans le monde entier de nos forces de sécurité, permet de régler des situations sécuritaires de ce type. C’est la raison pour laquelle nous proposons effectivement aux deux pays de permettre dans le cadre de nos coopérations d’agir pour que le droit de manifester puisse se faire en même temps que l’assurance de la sécurité”, a-t-elle dit. Critiquée à l’Assemblée nationale française par les députés de l’opposition sur la retenue française au sujet de la situation en Tunisie, la ministre française des Affaires étrangères, Mme Alliot-Marie, a indiqué mardi dernier que le gouvernement français “ne peut que déplorer qu’il puisse y avoir des violences qui concernent ces peuples amis”, selon des propos rapportés par l’AFP, ajoutant que “la priorité doit aller à l’apaisement après des affrontements qui ont fait des morts”.
“Notre premier message doit être celui de l’amitié entre les peuples français et tunisien, et on ne doit pas s’ériger en donneurs de leçons face à une situation complexe”, a-t-elle dit à propos de la Tunisie, tout en invitant les dirigeants à “mieux prendre en compte les attentes” des populations. La diplomate française a expliqué le mécontentement social et politique par “énormément d’attentes de la part des jeunes, particulièrement de jeunes formés, de pouvoir accéder au marché du travail”. “Le président Nicolas Sarkozy entend, dans le cadre du G8 et du G20, répondre aux préoccupations et aux besoins qui sont ceux de la Tunisie et de l’Algérie en la matière”, a-t-elle affirmé. Le message officiel que Paris entend délivrer, même s’il s’éloigne de l’insolente ingérence prônée par Bernard Kouchner, n’en constitue pas moins une ingérence “soft”. Que veut dire, en effet, cette
proposition de mettre son “savoir-faire” en matière de répression des émeutes ? En dehors du fait qu’elle porte en elle l’éternelle arrogance française consistant à considérer les autres, surtout ceux du Tiers-Monde, comme étant incapables de gérer les situations délicates, comme les émeutes ou encore les prises d’otages, il y a lieu de relever cette ambiguïté du discours officiel français, qui consiste à dire : on va vous aider à réprimer, sans causer de morts ! En fait, si ambiguïté il y a, c’est en raison de la nature des relations qu’entretient Paris avec Alger et Tunis. La droite française, et Nicolas Sarkozy en premier, tient à ce que les relations traditionnelles, et les gros intérêts de la France, soient maintenus, même si elle ne peut pas faire la sourde oreille à ce qui se passe de l’autre côté de la Méditerranée, et même si elle doit répliquer aux flèches de la gauche, connue pour ses positions interventionnistes, à quelques encablures de l’élection présidentielle française. Toutefois, la droite de Sarkozy, qui propose d’être le porte-parole et “le sauveur du Maghreb”, lors des prochains sommets du G8 et du G20, fait dans le paternalisme qui n’a aucune chance d’apporter un quelconque changement, sauf, peut-être lui donner une “bonne conscience” dans la campagne électorale à venir. Le G8 et le G20, c’est connu, ne distribuent pas l’argent à tort et à travers. L’on se souvient des promesses données aux dirigeants africains, lors du lancement du Nepad et des suites qui leur ont été réservées.

Azzeddine Bensouiah
Liberté
13.01.2011

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