Construction de l’état régional en Kabylie : Eternel rafistolage du pouvoir en Algérie

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CONTRIBUTION (Tamurt) – Le 9 mars 2011, aux responsables de l’ANSEJ qui se plaignaient de l’arabisation des guides portant sur la création d’entreprises, le wali de Tizi Ouzou a répondu : “ pourquoi pas un guide en tamazight ”. À première vue, on serait porté à donner un satisfecit à notre wali pour l’amour déclaré à notre langue. Mais à dire vrai, il n’en est rien puisqu’il ne fait jusqu’ici que cautionner et perpétuer le mépris envers les enseignants de cette langue que l’Académie de Tizi Ouzou, une direction de son Exécutif, continue à maltraiter en les privant d’un véritable statut, en les laissant vacataires à vie et, pour certains, nommés à des postes situés à des dizaines de kilomètres de chez eux sans moyens de vie ? Ce qui, de fait, les laisse au chômage.
Le wali de Tizi Ouzou est donc un faux ami de tamazight mais un vrai hypocrite.

Au niveau du pouvoir on annonce une énième révision de la constitution. Selon certaines sources, elle sera rendue publique le 16 avril 2011 à l’occasion de l’inauguration de l’opération “Tlemcen, capitale de la culture islamique”. Culture islamique et révision constitutionnelle est une concomitance qui n’annonce rien de bon pour les Peuples Premiers d’Algérie et en particulier pour la nation kabyle.

Une constitution qui ne règle pas définitivement le problème des langues et l’interdiction de l’utilisation de la religion en politique ne sera qu’un succédané de toutes celles qui ont brimé jusqu’ici Iqvayliyen (les Kabyles), Icawiyen (les Chaouis), Imzaviyen (les Mozabites), Ichenwiyen (les Chenouis).
Pour leur part, ces peuples premiers sont déterminés à réfuter tout nouveau cadre institutionnel qui ne prend pas en charge leurs légitimes aspirations à vivre pleinement leur langue, leur culture, leur expansion économique, leur liberté de parole et leur liberté de conscience.

Un état démocratique doit satisfaire à 2 conditions essentielles que sont la participation des minorités au pouvoir politique et l’existence de contre-pouvoirs dédiés à contrecarrer les velléités de son éventuel arbitraire.

Le peuple kabyle en particulier ne pourra jamais accepter l’oppression linguistique ou religieuse. Il ne négociera ni son identité et ni son socle sociétal séculier où toute religion est libre d’exercice mais où aucune ne peut régenter la société. S’il est question de créer un conseil de fetwas pour nous gouverner à vue à l’aide de lois circonstancielles édictées selon l’humeur d’un muphti en chef, aucun kabyle ne peut l’accepter.

En Kabylie, à l’instar du FLN originel, le MAK est confronté sur le terrain à ses messalistes qui tentent par divers moyens de dévoyer le sens de son combat et entraver ses actions de proximité sur le terrain. En effet, au niveau politique, c’est une véritable coalition qui se dresse contre lui et sur le terrain, pour le moment, seuls le FLN et le RND actionnent plus ou moins leurs militants pour tenter de perturber les meetings du Mouvement dans les zones adjacentes à la Kabylie où coexistent des populations kabylophone et arabophone.

Le rêve de dissolution du peuple kabyle existe toujours chez une large population arabophone conditionnée depuis des lustres et des lustres par le discours récurrent de ses “élites” qui confortent l’existence d’un monde arabo-musulman lénifiant formé d’une seule et même communauté (oumma) qui ne parle que l’arabe et n’a que l’islam comme religion. Déjà dans les années 40, les ulémas ont demandé la suppression de la chaîne radio kabyle en énonçant que les Kabyles ne sont de vrais algériens que lorsqu’ils renonceront à leur baragouin de langage. Cette demande à la France a même été publiée dans leur journal qui s’appelait El Bassaïr.

Aujourd’hui encore, au lieu de reconnaitre l’évidence des peuples premiers d’Afrique du Nord qui ne sont pas arabes, s’ajoute maintenant, des messages subliminaux qui proposent des sagas homériques entre le prophète, ses califes et les guerriers amazighs revenus d’Espagne qui, dans un irrésistible élan fusionnel se parlent et se comprennent qui en amazigh et qui en arabe. Malheureusement, un tel exemple de parthénogenèse linguistique relève plus d’un onirisme non dénué d’arrière-pensée que de la réalité.

Mais l’actualité de ce début d’avril est incontestablement l’organisation par le MAK de la Convention Nationale Kabyle.
Selon le communiqué publié, d’importantes résolutions concernant la langue kabyle, le caractère séculier de la nation kabyle, l’identité et tous ses attributs ont été prises à l’unanimité des participants. Et dans la foulée de ces remarquables avancées politiques, il est aussi question de l’organisation d’un Congrès national kabyle au cours de l’été.
Je salue chaleureusement tous les participants à la Convention qui, malgré des parcours personnels différents, malgré les pesanteurs héritées de liens organiques et malgré des intérêts immédiats pas nécessairement convergents, ont su transcender et surmonter toutes les vicissitudes pour convenir de l’essentiel.

Post-scriptum :

Au deuxième jour de la Convention Kabyle, on a appris que le journal El Watan a procédé à l’inauguration de son nouveau siège à Tizi Ouzou. Nous souhaitons bon vent à ce média au sein duquel le MAK compte quelques amis. Notre propos concerne plutôt certains invités présents à la cérémonie d’inauguration. Parmi eux, il y en avait 2 que les organisateurs de la Convention Nationale Kabyle (CNK) avaient invités depuis l’idée même de son organisation. Et ainsi, tandis que les militants kabyles débattaient de l’avenir de la Kabyle et des structures pérennes de son gouvernement à même d’assurer sa propre existence, ces deux là ont choisi une figuration symbolique dans un événement qui intéresse une entreprise privée contre un bloc-notes, un stylo, un cartable et un petit sandwich.

Cela me rappelle le commentaire de Mas Saïd Laïmchi, un cadre du MAK dont le parcours militant n’est plus à présenter à propos d’un groupe de pétitionnaires anti-GPK. Il a dit : “ {pendant que les matadors s’attaquent courageusement aux taureaux en les prenant par les cornes, des louveteaux inassouvis s’agrippent aux mamelles des vaches.}”

Kabylie, le 3 avril 2011

Azru

10 Commentaires

  1. Excellent message de la part de Azrou Loukad. Cela dit, j’ajouterai autre chose, puisque vous avez parler de l’enseignement de notre langue maternelle. Moi qui est enseignant dans un lycée à Bejaia, titulaire d’une licence de tamazight, je vous parle de réalités plus qu’absolues du traitement que l’administration de chaque établissement nous réserve. Avec le coefficient 2 et l’ordre de facultatif que l’Etat central a reservé à cette matière, on nous a mis dans un gouffre, on ne peut même pas respirer pour parler. D’ailleurs c’est avec un grand courage que je me suis mis à vous écrire ce message!!
    J’encourage les journalistes de ce site ainsi que celui de Siwel.info ou toute autre source journalistique à s’approcher des enseignants de tamazight pour s’acquérir des conditions inhumaines et plus que déplorables où ils vivent leur quotidien à l’intérieur des salles de classe et vis-à-vis de l’administration. Merci de m’avoir lu chers amis. Heureusement qu’il y a tant de kabyles qui réflichissent objectivement sur le sort de notre langue et notre identité!
    Une vérité blessante : on va vers une perdition et une mort plus grande que celle des Azthèques ou des Mayas!!

  2. Vous avez parfaitement raison Aselmad.
    La déconsidération des enseignants de tamazight est signalée partout et dans tous les établissements.
    Il faut savoir qu’en Kabylie, tous les chefs d’établissements sont des arabisants formés à l’idéologie baâthiste et arabo-islamique et pour s’accrocher à leur place, ils se révèlent plus zélés que les Arabes eux-mêmes..
    Ils savent que dans la Kabylie autonome, leur existence idéologique et même leur utilité sociale est compromise; alors, ils font tout, à leur niveau, pour saborder l’avènement d’un état régional kabyle où précisément, Taqvaylit serait la langue nationale.
    Nous les connaissons tous et la Kabylie n’oubliera jamais leurs méfaits.

  3. Azul i merra.
    Vous parlez en post-scriptum de 2 invités à la CNK qui auraient choisi de se rendre plutôt à l’invitation de l’inauguration du siège d’El Watan à Tizi Ouzou.
    Beaucoup d’entre nous aimeraient connaitre leurs noms. Est-ce possible ?

  4. Azul fellawen. je suis un Chaoui et je suis tombé sur cet article au hasard et dans le même temps sur ce site. Le problème des kabyles ce sont les kabyles eux mêmes avant tout.je déplore que les kabyles soient si seuls dans leur lutte ce qui ne les conduiront nulle part. Les Kabyles n’ont donc rien appris de l’Histoire. Si les berbères ne cessent de régraisser, c’est D’ABORD parce qu’ils ne sont pas unis et vos articles à répétition tournés vers la seule Kabylie en est l’amer constat d’échec. Trop de Kabylie tue la Kabylie . De plus , il n’est pas difficile de comprendre que si les foyers d’insurrection concernaient l’Aurès , Le Mzab , Le chenaoua et pire , Le Ténéré( Sahara en Berbère)des Touaregs…les résultats positifs en conflit seraient draconiens . Inutile de souligner que ces régions peuvent être les « Wilayas historiques » de demain ?! Dois je rappeler que nos frères Touaregs ,eux, sont déjà en guerre au Niger…donc ils disposent déjà d’armes et d’une certaine infrastucture….(HUm. Intéressant non ?). Puis enfin , il faut que les Kabyles évitent de mettre les boeufs avant la charrue par lacheté surtout. Je m’explique. Vous créez des gouvernements provisoires (certes c’est une bonne idée), vous créez des mouvements (c’est tout autant une bonne idée) MAIS il n’ ya pas de lutte armée , d’armée ni même de guerilla ?!! Ca c’est mettre la charrue avant les boeufs. Le FLN, fut crée A PARTIR de l’ALN (armée de ..) ,les FFI(forces françaises intérieurs) sont aussi une armée. Pareil aujourd’hui pour l’ETA , idem pour les FARCS(forces armées rév).Mais en Kabylie, vous etes pas crédibles. Dans les Aurès , il y a des gens prets à se battre . Pas des milliers mais il est inutile et peu souhaitable d’en avoir des milliers…Dois je encore rappeller que la guerre d’indépendance lançait dans les Aurès et en Kabylie a commencé , au max dans les Aurès , avec seulement 500 hommes et quelque 400 fusils.Et pourtant l’ennemi était autrement plus fort que l’Algérie actuelle, mieux discipliné et mieux encrés en Algérie: La France. Aujourd’hui il est certain que si une nouvelle révolution avaient lieux ( Amazigh), les Imazighen hésitants et moutons(suiveurs) se joindraient à nous. Imaginez encore ce que cela entrainera au Maroc avec les Chleuh et les Rifains voire en Lybie. A bon entendeur , azul et vive l’Armée de libération Amazigh (ou Front de libération Amazigh )

  5. Le wali est un commis désigné d´office, il na pas de job précis, son rol principal s´est de maintenir en place la machine de la corruption massif. Il ya que l´autonmie(une democartie direct) qui peut changé cet etat de fait qui perdure depuis 62, {et enfin le peuple aura son mot dire, c´est-a-dire elirent ses représentant, puis les maintenire sur place ou les sanctionné s´ils leurs politique est fausse}, s´est ainsi que les gens vont se sentir majeur.
    Comme disait Martin Luhter king « I Have a dream »

  6. à.oqba ton texte et ta maniere de voir les choses manque de luciditée,encore moins de bons conseilles.Etant sortie de votre ibernation et la connaissance de tous les berberes en lutte pour leurs culture ,leur langue et leur libertée democratique surtout laic.on aimerai bien quand votre region commencera sa fantasia pour se liberer du jougue qui s’abat sur les berberes?Commencer a recruter de votre coté et armée vous en priorité on ne manquera pas de vous suivre peut-etre,soyez le porte drapeau de Tamzgha.je suis tombé par hazar sur ton texte pas tres glorieux.(tu deborte trop d’intelligence qu’ on ne serai te suivre)

  7. « commence à recruter « ..c’est déjà fait. Seulement tu m’a très très mal lu . Pas de réussite sans union. A savoir il ne faut pas qu’une seule région n’entre en guerre mais toutes les régions berbères. Puis tu m’a toujours mal lu. Je disais que’une grande majorité de la frange kabyle dont tu fais partie, n’a rien appris de l’Histoire.Les seules victoires berbères en Afrique du Nord sont le seul fruit de l’Union( Massinissa, Koceila , Kahina etc etc krim belkacem ..Boulaid etce etc). Donc tes propos résument parfaitement ce que je disais au début et les raisons qui font que les berbères en Algérie s’enfonceront avec ce pays. Tu fais aprtie des kabyles égoistes qui utilisent Tamaghza à des fins perosnnels à leur propres intérets , sans finalement le désir de changer quoi que ce soit mais simplement pour obtenir des ristournes sur les services payants en Algérie. Tu renvoie aux berbères de l’Aurès . Mais n’y a t-il jamais eu un kabyle qui soit venu dans les Aurès en parler? Tout cela malgrè la structure que permet votre diaspora. Quelle est la véritable intention kabyle de s’affranchir de ce régime arabo bassiste islamiste? Je vais donc me répéter une dernière fois, oublions le passé ( on doit apprendre de l’Histoire) et construisons une armée de libération Amazigh qui commence déjà à voir le jour. Il suffit de minimum 500 hommes dans chaque régions Amazigh pour que l’étincelle prenne et ne se transforme en incendie. Reste à savoir si les kabyles ( censés etre actuellement le moteur de Tamaghza) le veulent ? Azul aux bons entendeurs. Je ne réponderai plus donc azul

  8. Azul ay Acawi.
    Si la Kabylie avait choisi l’option militaire, elle l’aurait fait sans demander l’avis des autres.
    Rappelons-nous que pour la guerre de libération, les Kabyles étaient des centaines au maquis depuis 1947, c’est-à-dire 7 ans avant le déclenchement du 1er novembre.
    Vous dites « trop de Kabylie tue la Kabylie « . Et bien n’en vous déplaise, c’est la première fois que la Kabylie parle pour elle-même. Elle a toujours été la chair à canon pour les autres qui, en fin de compte, tirent les marrons du feu tandis qu’elle se retrouve exsangue et isolée.
    Cette fois-ci faqu !
    Elle est solidaire des chaouis et de tous les autres peuples premiers mais elle compte avant tout sur ses propres forces pour s’autodéterminer.
    Pour la prise d’armes aussi, elle n’a pas de conseils à recevoir. Si la situation l’exige, elle prendra ses responsabilités comme elle l’a toujours fait par le passé.

  9. Pour répondre à M. Hamid Taghzut, selon ce même journal, dans son compte-rendu, il a parlé d’honorables invités en citant Aït Menguellat, Saïd Khéllil et Younès Adli.

    Je ne connais pas la réponse mais j’ose quand même une supputation :

    Comme M. Aït Menguellat a déclaré publiquement et à plusieurs reprises être contre l’autonomie de la Kabylie, il ne pouvait donc pas être invité à la CNK …

    Je crois que la conclusion s’impose d’elle-même.

  10. Le wali, le chef de daïra; le SG de mairie ne sont pas des commis d’office.
    Ils sont la quintessence du pouvoir dans les démembrements de l’Etat.
    A ce titre, ils sont partie prenante du sabotage économique et culturel de la Kabylie.
    Ils échappent à tout contrôle et ils ne rendent compte qu’à leur hiérarchie, c’est-à-dire le Ministère de l’Intérieur, c’est-à-dire le DRS et la police, c’est-à-dire le pouvoir mafieux et assassin.
    Les maires et les élus ne sont que des Lexyal n tevhirt.

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