CNK : La Kabylie subit une stratégie de dégradation programmée

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Convention Nationale kabyle
Convention Nationale kabyle

A mes amis et frères du MAK,
A tous mes amis et frères autonomistes,
C’est avec un réel plaisir que je me retrouve parmi vous, auprès de vous, pour vous témoigner de mon amitié et de ma solidarité militante à l’occasion de votre Convention qui est un peu la nôtre, quelque part.

De 1949 à nos jours, la Kabylie a toujours refusé les ordres totalitaires que se soit au cours du mouvement national ou une fois l’indépendance acquise. Durant toutes ces décennies, l’exploitation des termes propres à l’unité et à la langue nationales ont abouti à la glorification des constantes, carcan idéologique dominant et exclusif ayant entrainé toutes les régressions politique, culturelle et sociale. La refonte de ce système responsable de la déchéance de l’Etat et des institutions croupions est une exigence historique.

Fort du combat de nos aînés, de leur expérience, en tirant aussi la quintessence de tout ce qui a contribué à l’éveil, la résistance de notre peuple. Nous devons aujourd’hui analyser les raisons de leur échec et de nos échecs successifs.

La Kabylie, et à travers elle son élite, celle qui était sensé tracer sa perspective, inventer son avenir sur un double plan, à la fois de son rapport à l’Etat central jacobin et son rapport à elle-même dans sa volonté intime de vivre sa kabylité, ses usages, ses coutumes, ses rites, son islam, ses religions. Soyons lucides et sans complaisance : nous avons échoué individuellement et collectivement.

Le pouvoir central, répressif et ses clientèles ont entamé avec une volonté farouche, déterminée, planifiée et assumée, une stratégie de déculturation, aidés en cela par notre passivité politique, intellectuelle et même émotionnelle. Nous ne lui avons opposé, tous ensemble, les uns et les autres, que des sursauts d’orgueil, ponctuels et vains à travers nos marches, nos grèves et nos rassemblements.

Notre région n’a jamais eu à prendre ses responsabilités historiques pour exister autrement que pour elle-même à travers un Etat refondé, solidaire, démocratique et social. D’aucuns parmi nous qui ont pensé que la Kabylie ne serait jamais une force leader, simplement une force d’appoint à mettre au service du système pour lui donner crédibilité et en tirer des dividendes rentiers en espérant changer le système de l’intérieur, ont commis une erreur stratégique.

Nous avons eu à subir aussi ce que j’appellerai « la stratégie de la dégradation programmée » sur un double plan économique et culturel, encore une fois complètement assumé par les tenants de l’arabo-islamisme ayant pour « solution finale » la normalisation de la Kabylie et surtout du Kabyle et son assimilation dans des valeurs qui ne sont et ne seront jamais les siennes. Alors, nous disons haut et fort, nous ne sommes pas solubles dans vos constantes. Le temps et l’histoire sont là pour le prouver.

Nous devons faire en sorte de nous singulariser, nous extraire de cette dialectique arabo-islamique qui nous nie, nous enferme, nous mutile et surtout envisage, pour nous et sans nous, un avenir mortifère, à terme.

Le désinvestissement public n’est que l’arbre qui cache la forêt. La forêt étant l’investissement privé que l’en décourage par une fiscalité féroce, des entraves administratives de toutes sortes par le biais d’une administration « clientélisée ». Ajouter à cela une instabilité sécuritaire qu’ils entretiennent et dont ils contrôlent l’espace, le temps et surtout l’intensité. Le pouvoir a réussi à vider la Kabylie de son élite économique, entrepreneuriale et de son élite intellectuelle.

Sur un plan plus général, la situation que vit la méditerranée du sud et ses répercussions inévitables sur le système qui prévaut en Algérie, nous interpelle au plus haut point. En effet, au moment où les frémissements de certaines officines quant à un changement en profondeur à la fois du système et des pratiques politiques allant vers une démocratisation de la vie publique algérienne, la question de l’autonomie se posera avec acuité dans cette éventuelle nouvelle donne politique. La tendance lourde étant d’aller vers une constituante.

Jamais, dans l’histoire récente de l’Algérie, le système à deux têtes, hybride par ailleurs, n’a eu à partager autant d’intérêts malgré leur dualité permanente. En effet, le pouvoir institutionnel incarné par le président de la République demeure aujourd’hui incontournable en termes de pressions par rapport au pouvoir réel, informel que j’appellerai « l’Algérie des décideurs ». Si il arrivait que le pouvoir formel soit déstabilisé au point qu’il soit amené à partir et ceci quelles que soient les raisons induites, il entraînerait de facto, d’une manière mécanique, la chute partielle ou totale du pouvoir réel. Vous avez bien compris que leurs intérêts sont mutualisés au service de leur pérennité, de leur survie, encore une fois, sur le dos des populations algériennes et du peuple kabyle en particulier. Fort de ce constat, nous devons prendre toute la mesure de ces faits et anticiper les changements éventuels.

Nous devons affirmer, clamer haut et fort, avec détermination que rien ne se fera sans nous, et que le seul enjeu majeur de la Kabylie, de son peuple est d’inscrire dans le marbre que la Kabylie est une réalité historique nationale. Son destin est de s’auto-gouverner dans un Etat-nation refondé.

Nous ne nous laisserons plus bernés. Et nous ne confondrons plus l’ombre et la proie. Le peuple kabyle, pour avoir été longtemps chassé, pourchassé, connaît aujourd’hui toutes les ruses du chasseur.

Un immense chantier interne s’impose à nous. Celui de socialiser et conscientiser l’idée de l’autonomie chez le peuple kabyle. Il faudra lui expliquer notre rôle collectif et solidaire, décliner et développer les concepts, envisager les perspectives économiques et le rassurer quant à son avenir.

Chers amis,
Soyons solidaires. Ne brouillons pas les messages. Pensons notre avenir commun. Ayons la Kabylie qui hurle de douleur chevillée au corps. Là où il y a de la détermination, il y a fatalement un chemin.

Tamurt n Leqvayel tehwadj arraw-is.

Vive l’autonomie pour que vive la Kabylie !

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