FFS : un militant de Tizi-Ouzou s’insurge contre la façon dont sont sélectionnés les candidats aux législatives

6
355
FFS
FFS

TIZI-OUZOU (Tamurt) – Quel triste et effarant contraste en voyant l’actuelle direction du parti avec les Anciens de 1963. Et comment donc s’empêcher de faire la comparaison entre les femmes et les hommes qui, après sept ans et demi d’enfer dans les maquis pour arracher l’Algérie aux griffes lacérées de la France coloniale, ont continué à livrer bataille à ses supplétifs d’Alger pendant trois ans afin que le pays puisse vivre fidèlement à ses engagements de Novembre 1954 et celles et ceux, aujourd’hui, recourent à des méthodes des plus abjectes dans le seul but de gagner un poste de député ? Notre objectif est loin de nuire au FFS ; bien au contraire.

Mais comment le sauver du naufrage sinon commencer par dénoncer les dérives du groupuscule à qui sont remises les manettes de commandement. La dernière dérive de ce groupuscule aventurier remonte à la première quinzaine du mois dernier, soit au moment où il était question de préparer les listes de candidatures pour les législatives du dix mai prochain qui, du reste, le peuple kabyle ne reconnaît. Dans le discours officiel et public du FFS, il était question de donner la priorité aux honnêtetés et aux compétences car « la mission des futurs députés ne sera pas une sinécure ».

C’est ainsi que des militants, convaincus de remplir ces critères et, surtout, de la bonne foi de leurs responsables, ont décidé de se porter candidats d’où la constitution de leurs dossiers dans les délais suggérés. Les malheureux militants étaient loin de savoir ce qui les attendait. Le coup de « massue » reçu au sommet du crâne a été d’une telle puissance qu’une de ces victimes n’a pu s’empêcher de s’adresser à nous, Tamurt, pour nous raconter sa douleur. Toutefois, ce militant a tenu à s’exprimer dans l’anonymat « car, avoue-t-il, j’ai bien peur de subir les représailles si on venait à m’identifier ».

Ecoutons-le donc : « Etant convaincu que mon parti auquel j’ai adhéré dès 1989 recherchait des compétences et des honnêtetés pour ce rendez-vous électoral et après qu’on eut sollicité ma candidature, je n’ai pas hésité à constituer mon dossier de candidature. Mon profil professionnel n’est pas effectivement à sous-estimer puisque je suis ingénieur d’Etat et diplômé par l’école polytechnique au cours de l’année 1980. J’ai déposé mon dossier de candidature auprès de l’instance fédérale du parti le 14 mars 2012. Lors du dépôt de mon dossier, on m’a signifié également que la sélection des candidatures allait se faire au niveau du bureau national (Alger). Et l’affichage de la liste des candidats retenus concernant la wilaya de Tizi-Wezzu a été faite le 20 mars.

Hélas, je n’ai pas vu mon nom sur la liste qui, d’ailleurs, l’écriture était faite en petits caractères et les lignes n’étaient pas suffisamment espacées d’où la difficulté à lire. Pire encore ! Sur la liste des candidats retenus, seuls les noms de Karim Tabou et le Dr Hallit étaient connus de l’ensemble des militants. Effectivement, seuls ces deux hommes étaient connus comme étant des militants du FFS. Pour le reste des candidats, aucun n’est connu comme un militant du parti. Je répète qu’aucun militant n’a reconnu, hormis Karim Tabou et le Dr Hallit, les candidats de Tizi-Wezzu comme étant des militants du parti. Le jour même de l’affichage de cette liste (le 20 mars), je me suis adressé au président du bureau fédéral de Tizi-Wezzu pour lui manifester ma contrariété. Mon interlocuteur m’a répondu d’abord que la sélection des candidats a été faite à base de critères de compétences pour m’indiquer ensuite que je pouvais faire un recours, et ce, dans un délai ne devant pas dépasser 48 heures. Il m’a également signifié que c’est à lui que je devais adresser le recours pour qu’à son tour il le transmette au bureau national et celui-ci le confie à son tour à sa commission chargée des recours.

En si peu de temps, il aurait été impossible de respecter les délais d’où ma décision de me déplacer au siège du bureau national et remettre directement le recours à qui de droit. C’est donc le lendemain, soit le 21 mars que je me suis déplacé à Alger. Une fois au siège national, un Secrétaire National était venu à ma rencontre pour connaître l’objet de ma visite. Une fois que je l’ai informé de mes motivations, il m’a demandé d’attendre l’arrivée du premier secrétaire du parti, M. Ali Laskri. Je note au passage qu’il y avait ce jour-là plusieurs personnes au siège national du parti qui, toutes, avaient les mêmes motivations que moi. Je note également qu’avant de prendre mon dossier, le secrétaire national à qui j’ai remis le recours ne l’a pas pris qu’une fois qu’il a appelé le bureau fédéral de Tizi-Wezzu pour s’assurer que je n’en avais fait qu’à ma tête. Ce n’est qu’après donc que le président du bureau fédéral de Tizi-Wezzu l’eut rassuré qu’il n’a vu aucun inconvénient à réceptionner mon recours et que ce Secrétaire National l’a pris avec lui.

Me voilà donc, à l’instar des autres personnes qui étaient dans le même cas que moi à attendre M. Ali Laskri. Au bout d’une attente de plusieurs heures, voilà enfin le premier secrétaire qui arrive. Il était 15 heures. M. Ali Laskri, dans un costume impeccable avec une serviette reluisante était arrivé à bord d’une voiture de luxe. D’un pas solennel, il monte à son bureau. Quelques instants après, il a demandé à recevoir un certain personnage qui était avec nous et qui avait un titre de Doctorat ou peut-être de médecin puisque j’ai entendu seulement un membre du bureau national qui s’adressait à ce personnage en lui disant : « Dr, M. Laskri demande à vous recevoir ». C’était la seule personne qui a été reçue ce jour-là par le premier secrétaire national. De retour à Tizi-Wezzu, j’ai attendu jusqu’à la journée du 23 mars pour tenter d’appeler ce responsable national à qui j’ai remis mon dossier de recours mais en vain. Son portable demeurait éteint. Le lendemain et le surlendemain, soit durant les journées du 24 et 25 mars, le téléphone cellulaire de l’homme que je voulais joindre (le Secrétaire National) demeurait éternellement éteint. Quoi qu’il en soit, le 25 ou le 26 mars, je ne me souviens pas du jour exactement, le bureau fédéral de Tizi-Wezzu a procédé à l’affichage de la liste des candidats définitivement retenus. Les noms affichés sont exactement les mêmes que ceux affichés la première fois. Le seul et unique changement a porté sur la nature de l’écriture et la présentation de la liste. Dans ce deuxième affichage, on pouvait lire les noms sans difficulté car les lignes étaient très espacées et les écritures étaient faites avec des caractères assez grands. Aussi, la mort dans l’âme, le 27 mars je suis retourné au siège du bureau national (Alger). Je n’ai y trouvé qu’un seul agent que je n’ai jamais vu auparavant. J’ignore, par conséquent, ses véritables fonctions. Quand je l’ai informé des raisons de ma présence sur les lieux, à savoir la récupération de mon dossier de demande de recours, il m’a répondu qu’il ignorait où il (dossier de demande de recours) se trouvait. Cependant, il a pris la décision d’appeler l’homme qui l’a reçu de mes mains lequel se trouvait ce jour-là à Bejaïa. Une fois contacté par téléphone, ce fameux Secrétaire National qui se trouvait à Bejaïa lui a répondu qu’il pouvait récupérer le dossier lequel se trouvait sur « le bureau ». Dès lors, mon interlocuteur se dirigea directement au bureau qui lui été indiqué et revint quelques instants plus tard avec le dossier en question. En ayant remarqué ma contrariété, mon interlocuteur me dit soudain : « Si vous aviez trouvé les autres ici (le reste de la composante du bureau national), ils vous auraient donné un coup de pied.

Je n’arrive toujours pas à trouver une explication à cette agression ». Ce militant du FFS, blessé dans son âme, poursuit : « Je suis persuadé à présent que les listes des candidatures ont été établies bien à l’avance, soit avant même le lancement officiel de l’opération de sélection. Aussi, la commission du recours du parti n’a jamais étudié le moindre dossier de demande de recours. Car, temporellement il lui était impossible d’étudier tous les recours en si peu de temps. Idem concernant la commission nationale de sélection des candidatures. A elle seule, elle ne pouvait sélectionner les candidatures à l’échelle nationale en si peu de temps. Tous ces détails militent pour la thèse selon laquelle les listes en question ont été préparées et sélectionnées des mois à l’avance. C’est pourquoi, aujourd’hui je ne crois plus au discours du FFS ».

Addenda : Certains de nos lecteurs et lectrices pourraient peut-être reprocher à ce militant du FFS le manque de courage et de clairvoyance. La clairvoyance, notre interlocuteur en a sûrement manqué. Quant au courage, certainement pas. Car, avancer des noms dans cette affaire discutée depuis très longtemps entre les responsables du FFS et le pouvoir algérien relèverait de la témérité. Or, il est connu depuis l’aube de l’humanité que la témérité conduit son sujet vers la perte. Ce militant du FFS connaît parfaitement l’identité du Secrétaire National qui a réceptionné son dossier de demande de recours. Seulement la révéler serait pour lui, comme il l’a d’ailleurs souligné dès le début de notre rencontre, un grand risque de passer de vie à trépas. Quant son manque de clairvoyance, elle est vraiment indiscutable. En effet, tout le monde sait, et ce, depuis fort longtemps que le FFS a changé de trajectoire depuis au moins l’année 2005.

Dès cette année, notre interlocuteur aurait dû se rendre compte que pour décrocher un poste important au sein du parti, il fallait être capable de faire passer Lucifer pour l’Archange et vice-versa. Notre interlocuteur est intelligent, mais manque de ruse, « qualité » nécessaire aux hommes et aux femmes se lançant dans la merveilleuse aventure politique. Notre interlocuteur aurait fait savoir également que la rigueur scientifique dans la pratique politique est valable dans les pays développés où les prétendants à des postes de responsabilité sont dès leur naissance à l’abri du besoin matériel. Ce qui n’est pas le cas naturellement dans les pays du tiers-monde comme l’Algérie où la pratique politique est synonyme d’activité lucrative. Donc, point d’étonnement où des crève-la-faim et des va-nu-pieds se bousculent au camp de la distribution de cette chose à se mettre sous la dent.

L’habitude de la richesse et l’indigence règlent les esprits : Dans les pays développés où les dirigeants évoluent depuis au moins trois générations nagent dans l’opulence se contentent de leurs salaires et rentes légales tandis que dans les pays du tiers-monde, les dirigeants, après avoir longtemps appartenu au monde des crève-la-faim et des va-nu-pieds, continuent à raisonner comme des crève-la-faim et des va-nu-pieds. C’est ce qui explique cette satiété qui tarde à pointer son nez à l’horizon. Ce mal, selon bien des sociologues et psychologues, disparaît avec le concours temporel, donc par évanescence.

En somme, il n’y a pas lieu de s’étonner si les partis politiques algériens ne respectent pas les règles de la bonne moralité concernant la sélection de ses représentants au sein des institutions. Il faut juste cesser de croire que le FFS est toujours différent des autres partis politiques.

Said Tissegouine

6 Commentaires

  1. Ça serait scandaleux si cette histoire serait vraie !!! Mais malheureusement Said Tiisegouine n’a aucune crédibilité. Surtout quand il parle du FFS. Le FFS a commis certes une grosse erreur de participer à cette mascarade mais l’histoire de Said Tissegouine est un peu tirée par les cheveux. Et pour preuve, comment se fait-il que ce candidat fantôme et malheureux n’a pas décliné son identité ? Pourquoi n’a-t-il pas dénoncé publiquement ce scandale ? Parce qu’à mon sens quand on arrive à une situation comme celle-ci on ne fait plus partie de ce parti. À moins que lui même espère le même privilège la prochaine fois.
    Pour finir, qui de Said Tissegouine et du candidat fantôme ment ? De toute façon le grand perdant dans cette histoire est encore Said Tissegouine : soit il raconte des mensonges ou bien il a été leurré par ce candidat fantôme.

  2. Azul! en lisant cet article je me rend compte que je me suis pas trompé de ne militer pour aucun parti kabyle…
    Malgré cela je suis quand même le cour des évenements politiques .
    La seule personnalité politique que j’ai toujours detesté est bien Dalhocine Vouthmagharine.
    Même si bcp de kabyles croit en lui un messie, moi je vois je n’ai jamais remrqué quelque chose de special chez lui. Il a toujours été en marge de la politique, a aucun moment de l’histoire il n’a le courage de se demarquer des autres. Même les gens du FIS etaient bcp plus admirable que lui à mes yeux, quoique je ne partage pas leurs idées. Ali Belhadj yifith, au moins wina iSAA chitah l’courage.
    Dalhocine iaache en silence dhilassuisse , en eternel contact avec le pouvoir algerien …peut être pour quelques milliers de francs suisse…reste a verifier.
    Lorsque j’étais en algérie, une fois il etait venu faire un meeting dans une ville du sud algerien, il a commencé son discours en arabe, il l’a fini en français et moi j’etais le voir par curiosité avec quelques copains arabophones. A la fin , même les arabophones le trouvaient hypocrite de ne pas faire son discours en kabyle. Ils m’ont dit: wellwhi aaib aalih, magal h’ta kklama belqbayli., h’na on préfére qu’il parle en kabyle même si on comprend pas qu’en français. Depuis l’ouverture politique de 1989, le FFS est toujours egal a lui même…politique tranquille, Hanini wa n’hanik….bcp de partis politiques ont fait la une des journaux que ça soit pour leurs bonnes idées, ou leurs mauavaises…même le RCD lorsqu’il a lancé l’idée de la laicité il a fait la une des journaux, même si c’est pas pour le feliciter mais au moins il s’est fait connaitre. Dalhocine, a aucun moment n’a eu le courage de prendre une initiative , il attend toujours les autres pour ensuite se joindre a eux en dernier.
    Même le contrat de rome , l’idée etait venu en premier des islamistes ensuite, il s’est joint a eux.
    Alors les kabyles doit savoir quoi faire pour les prochaines elections: boycot en masse.
    Tanmirt

  3. Les derniers paragraphes de ce texte qui se voudraient une explication de cet engouement des partisans à la chose électorale n’est pas convaincante ; en effet peut être toute cette argumentation justifie la bagarre sur les postes mais ce qui nous importe de savoir c’est la motivation de ceux qui vont voter car le problème est là. Les 40 futurs députés du ffs on s’en moque mais pourquoi des militants Kabyles de ce parti se laissent désabuser au point de croire que ces élections ne sont pas les même que celles par le passé ?? Qu’ont ils à gagner ceux du ffs qui vont voter ? Ils n’auront pas les salaires des députés. Et pourtant ils suivent comme des moutons l’appel au vote !

    Au lieu de nous expliquer les motivations de la course à la liste, on préférerait mieux savoir les motivations à continuer à militer au ffs… et dans les autres partis aussi d’ailleurs.

  4. On ouvre les colonnes du journal à un candidat malheureux pour dénoncer un soit-disant scandale au sein de son parti!! Mais la vrai question est pourquoi a-t-il voulu participé à cette mascarade électorale?

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici