Colloque de trois jours sur l’œuvre et la vie de Kateb Yacine

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Avec tout le respect que nous devons à la maison de la culture baptisée au nom du célèbre écrivain kabyle, Mouloud Mammeri, il n’en demeure pas moins, hélas, que ses espaces ne sont pas seulement fréquentés par des esprits avides de science et culture mais aussi par des individus aux motivations qui font honte à la civilisation et la modernité. Hormis cet aléa, il est à retenir que les curiosités positives peuvent tout de même trouver à leur goût un certain nombre d’informations sur la vie de l’auteur de Nedjma et son oeuvre à l’issue de cette rencontre. En effet, conférences, exposition d’écrits, photos, témoignages etc… font partie du programme de ce colloque. Par ailleurs, des livres de Kateb Yacine tels que « le Polygone étoilé », « Nedjma » , « le Cercle des représailles » etc… sont proposés à la vente à l’occasion de ce rendez-vous avec l’histoire. Nos lecteurs et lectrices doivent avoir à l’esprit que beaucoup de personnes, souffrant sans doute de mégalomanie et traînant lourdement le fardeau de la pédanterie, prétendent avoir connu et côtoyé le célèbre auteur de Nedjma alors qu’ils n’ont jamais lu ses ouvrages ou assisté à une quelconque représentation de ses œuvres théâtrales. Ce présent témoignage est parfaitement cautionné par l’un des rares hommes, lequel se trouve être un journaliste de grand talent, à avoir réellement côtoyé l’écrivain et surtout lu ses œuvres. Ayant été authentiquement proche du disparu, ce journaliste dont nous préférons taire l’identité lit souvent à notre intention les longs poèmes de Kateb Yacine sans toutefois « braquer » ses yeux sur un quelconque document. Oui, ce journaliste, authentique compagnon de Kateb Yacine, a appris par cœur ses poèmes, citations et tirades.

Cela fait exactement 23 ans depuis que Kateb Yacine n’est plus de ce monde. Le temps passe vite. C’est comme si c’était hier seulement le décès de l’auteur de « Nedjma », peuvent penser légitimement ayant bien compris que « Nedjma » n’est autre l’Algérie que l’auteur a voulu arracher à celui qui l’a prise en otage, le colon français plus exactement. Mais qui est donc, cet homme qui a participé avec sa redoutable plume à la délivrance de l’Algérie des griffes de la France coloniale ?

Selon sa fiche biographique préparée par les organisateurs du colloque et intitulée « Kateb Yacine , un intellectuel au service de sa patrie », on peut lire : « Né à Constantine en I929, Kateb Yacine est issue d’une famille de lettrés. Son père, Oukil judiciaire, avait une double culture, française et musulmane. Sa mère douée pour la poésie et qui, croyant que son fils avait été fusillé lors des émeutes de mai I945, sombra dans la folie et devient cette femme sauvage que KAEB décrit dans une de ses pièces. Après l’école coranique qu’il rejoint étant enfant, il entre à l’école et au lycée français. Lorsqu’il avait I5 ans en I945, il participa à Sétif à la grande manifestation des Algériens qui protestaient contre la situation faite d’inégalité dans laquelle ils vivaient. C’est alors qu’il sera arrêté et emprisonné quatre mois durant avec les insurgés. En prison, il lisait beaucoup la littérature française, notamment la poésie. Il ne reprendra pas ses études et se rendra à Annaba, puis en France. Cette expérience va se ressentir dans ses écrits, d’où la naissance du recueil de poésies Soliloques, publié en I946 aux éditions Réveil bônois. En I947, à I7 ans, il animera une conférence sur l’émir Abdelkader et la révolution algérienne. De retour en Algérie en I948, il entrera au quotidien Alger républicain, un journal de communistes, et y restera jusqu’en I95I. C’est la période durant laquelle il écrira et publiera ses poèmes révolutionnaires. Pour vivre, il se fera alors docker, puis il repartira en France où il exercera divers métiers et surtout, il publiera son premier roman, Nedjma, en I956. Ses sorties furent nombreuses (Italie, Tunisie, Belgique, Allemagne, ). En I959, il publiera le Cercle des représailles. Il ne publiera pas jusqu’en I966, l’année durant laquelle le Polygone étoilé verra le jour. En I970, il éditera la pièce théâtrale l’Homme aux sandales de caoutchouc, une œuvre qui trace le combat héroïque du peuple vietnamien. En arabe algérien, il écrira plusieurs pièces théâtrales dont Mohamed, prends ta valise en I97I, la Voix des femmes en I972, la Guerre de 2000 ans en I974, la Palestine trahie en I977 et le Roi de l’Ouest. Il poursuivra ses voyages en faisant différents spectacles. Romancier, poète, dramaturge, Kateb Yacine fut aussi un remarquable chroniqueur. Depuis les textes qu’il écrit à l’âge de I7 ans, dont l’un des premiers fut consacré à l’émir Abdelkader, jusqu’à ceux, pleins de colère et de tristesse, écrits après que la répression de la jeunesse d’Alger en octobre I988, on peut suivre tout l’itinéraire d’un grand intellectuel dont le premier souci fut toujours de rester proche de son peuple. « Aucune langue n’est étrangère, à condition de pratiquer d’abord sa propre langue », écrivait-il en I975. « Je m’exprime aujourd’hui en arabe dialectal, dans la langue du peuple algérien. J’apprends aussi à balbutier en langue dite berbère, la langue des ancêtres. C’est un double saut périlleux. Il faut le faire ou se résigner à l’aliénation », aimait-il à dire. Loin de céder à l’aura obtenue pour Nedjma que les critiques littéraires saluaient comme le plus classique des romans algériens, Kateb Yacine formera une compagnie théâtrale, composée de simples travailleurs. Cette troupe était subventionnée par le ministre du Travail qui voulait instruire les ouvriers en introduisant le théâtre dans les entreprises. Kateb Yacine choisit le théâtre écrit en arabe populaire pour toucher le plus grand nombre d’Algériens. Car l’Algérie venait juste de sortir du joug colonial et que la plus part des Algériens étaient analphabètes et que c’était à eux qu’il s’adressait. Mais qui voudra faire l’expérience d’une lecture croisée, aujourd’hui rendue possible par ces diverses publications, des articles journalistiques, des poèmes, du théâtre et de Nedjma, comprendrait immédiatement l’extraordinaire unité de l’œuvre, qui se déploie dans une impressionnante variété de manières. Nomade en résidence forcée, Kateb Yacine a sillonné plusieurs pays du monde. Son œuvre qui demeure toujours d’actualité suscite davantage d’intérêt et de lecture. Et Nedjma, astre scintillant, illumine éternellement le ciel de la littérature algérienne. Kateb Yacine est mort le 28 octobre I989 et fût inhumé le Ier novembre, une date historique qui connote pour lui toute cette fougue dont il a fait preuve durant toute son existence, tout son combat mené pour l’unique but : revendiquer son algérianité et défendre sa Patrie avec la manière la plus noble qui soit, si bien illustré à travers « Nedjma » » .

Adenda : Prix littéraires :

I963 : prix Jean Amrouche, décerné par la ville de Florence,

I975 : prix Latus, décerné par les écrivains afro-asiatiques dont les œuvres embrassent les luttes des peuples du Tiers-Monde,

I980 : premier prix du lion pour le théâtre, Académie Simba et Carrierre Africano,

I987 : Grand Prix international des Lettres décerné par le ministère de la Culture en France,

I99I : Médaille d’honneur décernée à titre posthume par le Jury du Festival international du Théâtre Expérimental, le Caire.

2 Commentaires

  1. Kateb Yacine n’est pas Kabyle, il ne connait aucun mot en Kabyle. Il est de Smendou dans la Wilaya de Constantine. Un Kabyle comme lui n’existe pas.

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