Le Conseiller spécial de Mitt Romney : « C’est la stratégie de Romney et non la doctrine d’Obama qui fera progresser la liberté au Moyen-Orient et en Afrique du Nord »

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Mitt Romney
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Eléctions présidentielle américaines et politique étrangère
Par Walid Phares
Alors que le gouverneur Mitt Romney et le Président Obama poursuivent leurs débats sur les questions de politique étrangère et de sécurité nationale, les électeurs américains seraient bien avisés d’évaluer la « doctrine d’Obama » par rapport aux conséquences induites sur la situation pour le moins critique au grand Moyen-Orient. En moins de quatre ans, la politique de l’administration Obama a transformé le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord en une véritable poudrière prête à exploser à la moindre fausse manœuvre diplomatique, risquant d’embraser l’ensemble de la région, voire le monde, dans la guerre. Et comme si une économie bancale n’était pas assez menaçante, la diplomatie incompétente de l’actuelle administration avec le monde arabe a engendré un puzzle quasi inextricable auquel Mitt Romney va devoir s’appliquer dès sa prestation de serment en tant que quarante-cinquième Président des Etats-Unis.

La dénégation constante d’Obama envers l’existence de diverses formes d’islamisme radical a amplifié la menace djihadiste et aliéné la politique étrangère américaine au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Dans son discours du Caire en 2009, Mr Obama a signalé sa conception erronée selon laquelle l’Amérique avait pris position pour le mauvais camp dans ses guerres « contre le monde musulman », en annonçant sa nouvelle approche expiatoire en termes de politique étrangère américaine vis-à-vis du monde arabe. Plutôt que de clarifier que l’Occident et les musulmans modérés menaient une lutte commune contre la croissance de la violence et des idéologies djihadistes, salafistes ou khomeynistes, il a simplement ignoré l’existence du phénomène et approuvé la notion selon laquelle le terrorisme n’était qu’une réponse à l’impérialisme occidental, omettant de souligner que le djihadisme en était une autre forme. Depuis lors, ses actions et celles de son gouvernement se sont caractérisées par le retrait de la région, l’abandon de l’aide aux mouvements de réforme démocratiques, et par un partenariat avec des mouvements islamiques dont les Frères musulmans. La politique hostile à la liberté de l’administration Obama, jointe au désir de conclure des accords avec le régime répressif iranien, ont effectivement envoyé valser les espoirs d’une réelle réforme démocratique, du moins tant qu’Obama restera à la Maison Blanche. La doctrine d’Obama a eu des incidences risquées sur la sécurité nationale des Etats-Unis, sur les intérêts occidentaux, et plus particulièrement, sur les chances d’un véritable éveil démocratique dans la région.

L’engagement pré-électoral peu judicieux d’Obama en faveur d’une normalisation des relations avec les Ayatollahs a été mis à l’épreuve en juin 2009, quand des millions d’Iraniens, dont une majorité de jeunes, ont envahi les rues de Téhéran improvisant le « printemps iranien ». Malgré un régime iranien au bord de l’effondrement, l’administration américaine a fait la sourde oreille aux appels à l’aide des manifestants, preuve en est le silence pesant du Président et son obstination à conclure des accords avec le régime khomeyniste. Cependant, au lieu d’obtenir des concessions sur la question du nucléaire, l’Amérique a vu les Ayatollahs accentuer leurs efforts d’enrichissement en uranium et produire un grand nombre de missiles à longue portée capables de provoquer des atteintes apocalyptiques en Israël, en Europe et au « Grand Satan ». Dans l’espoir de préserver le dialogue irano-américain sur le nucléaire, Obama a imposé, assez tard il faut le souligner, des sanctions quasi symboliques à l’Iran, avec des effets prévisibles négligeables. En retour, le régime iranien a démultiplié ses efforts de déstabilisation du Moyen-Orient, encourageant les chiites en Arabie Saoudite, au Bahreïn et dans le Nord Yémen à infiltrer des mouvements sociaux légitimes et à renverser les gouvernements amis des Etats-Unis. La position de Mitt Romney sur l’Iran est complètement différente, bien plus sensée que celle de Barack Obama. Les sanctions devront êtres fermes et exhaustives afin de forcer le régime à délaisser ses ambitions nucléaires, et ne pas entreprendre de négociations qui mèneraient à des solutions partielles. De plus, la politique de Mitt Romney pour l’Iran impliquerait un partenariat avec les forces de la réforme démocratique dans leurs efforts pour renverser l’actuel régime radical une bonne fois pour toutes.

Le mauvais calcul d’Obama sur l’Iran a engendré d’autres catastrophes régionales. La décision de l’administration américaine en décembre 2011 de retirer ses forces de l’Irak de façon abrupte et sans avoir assuré d’aide stratégique aux alliances laïques, a permis à l’influence iranienne de pénétrer le pays. En s’empêchant de soutenir le mouvement populaire iranien, Obama a lâché du lest à l’Iran. En se retirant d’Irak avant d’aboutir à un accord, Obama a permis à l’Iran d’infiltrer son voisin, augmentant la menace sur l’Arabie Saoudite et sur le Koweït, et d’atteindre les frontières syriennes. Romney aurait restreint le régime iranien en premier lieu, œuvrant par la suite à consolider un gouvernement pro-occidental en Irak.

Des erreurs stratégiques similaires ont été reproduites par l’administration Obama lors du Printemps arabe, conséquences de sa doctrine de repentance mal éclairée. Au lieu d’œuvrer avec les forces initiales du changement en Égypte – la jeunesse, les femmes, la classe moyenne, les ouvriers et les minorités – l’administration US a choisi de dialoguer exclusivement avec les Frères musulmans. L’équipe d’Obama et les islamistes ont œuvré à placer la confrérie et leurs alliés salafistes au pouvoir, en marginalisant d’abord les réformateurs laïcs avec l’aide de l’armée, puis l’armée avec l’aide de la jeunesse laïque, avant de se hisser au pouvoir et de marginaliser le reste des acteurs de l’échiquier politique égyptien. Sous le régime actuel de Morsi, le pays est en train d’opérer une mutation rapide vers un Etat islamique, mettant en péril les Accords de Camp David, de même que les laïcs, la population féminine, et les coptes. Un scénario identique s’est déroulé en Tunisie où Washington a engagé le dialogue avec les islamistes d’al Nahda aux dépens des laïcs, de la minorité berbère, des femmes et des réformateurs. Romney est prêt à poursuivre l’engagement avec les sociétés civiles, notamment avec les composantes laïques et féminines, et joindre l’aide financière américaine aux efforts des gouvernements.

En Libye, l’administration d’Obama a aussi requis le dialogue avec les islamistes et dédaigné de collaborer avec les groupes laïcs et gouvernementaux en vue de désarmer les milices, et après la chute de Kadhafi, a semé les graines de la croissance d’Al Qaïda, ouvrant la voie aux attaques contre les intérêts américains, l’exemple le plus récent étant l’attaque terroriste à Benghazi qui a coûté la vie à l’ambassadeur et à quatre membres de la mission US en Libye. Une administration Romney réclamerait d’abord le désarmement des milices et surtout, assurerait une meilleure protection des ressortissants américains, et avec l’aide des Européens, de tous les ressortissants occidentaux dans les zones d’opération djihadiste. À l’évidence, l’échec le plus cuisant d’Obama aura été la Syrie. Avec un retard à la détente d’un an, l’équipe d’Obama a été incapable de former une coalition en vue de démettre Assad. Ayant quitté le territoire irakien en 2012, les Etats-Unis n’étaient plus capables d’encercler Assad et d’entraver l’action de soutien iranienne. Trente mille civils ont été massacrés alors que l’administration américaine tentait vainement d’arracher une résolution à l’ONU en faveur de l’action contre Assad, contrée par le droit de veto de Moscou, avec lequel pourtant, Obama prétendait avoir stabilisé les relations. En arrivant deux années trop tard, l’administration US a permis que les massacres en Syrie se perpétuent. L’Iran est actuellement connecté à Assad en Syrie, et au Hezbollah au Liban, atteignant ainsi les rives de la Mediterranée. De plus, Al Qaïda opère aujourd’hui en Syrie et en Irak.

Après l’exécution d’Oussama Ben Laden, l’administration Obama s’est empressée de prétendre que l’organisation avait entamé son déclin, revendication avérée fausse puisque les djihadistes d’Al Qaïda continuent de conquérir des villes et villages au Yémen, de lutter en Somalie, de refaire surface au Levant du Liban à l’Irak, agissent au Sahel et en Libye, avec des alliés au Nigéria, et ont établi une base solide au nord du Mali. Ben Laden est mort, mais son organisation est vivante et en expansion constante. Avec l’expansion du djihadisme et de l’islamisme radical, les forces laïques du Printemps arabe sont en train d’être refoulées. Plus grave, les chrétiens et autres minorités ethniques de la région, en Syrie, en Irak, au Liban, en Algérie et au Soudan, sont la proie d’attaques continues. Partout dans la région les réformateurs, les femmes et les minorités sont réprimés et repoussés, tandis que les islamistes et les djihadistes poursuivent leur ascension et assoient leur emprise. L’Iran est en train de les armer, et le génocide se profile, de la Syrie au Soudan. La politique d’Obama au Moyen-Orient a contribué à la montée en puissance des radicaux et à l’affaiblissement des sociétés civiles et des laïcs. L’alternative de Romney est un must pour la région, non seulement sur la base des droits de l’homme et de la démocratie, mais aussi concernant la sécurité du territoire national américain et celle de ses alliés.

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