Entertien avec M. KHACER Med Ouramdane : « La revendication de l’autonomie est une suite logique à toutes les revendications d'officialisation de la langue amazighe »(1ère partie)

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INTERVIEW (Tamurt) –  M. KHACER Med Ouramdane est l’un des anciens militants de la cause Amazigh les plus actifs en France avec un parcours qu’il a entamé depuis le début des années soixante.
Ancien Membre de l’Académie berbère, il a consacré toute sa vie au militantisme. Khacer, a été forcé à l’exil en 1969, après avoir fait passer une chanson de Slimane Azem à la chaine II où il travaillait.
Il était parmi les premiers Algériens à qui on accordait l’exil politique à l’époque. Khacer créera l’une des premières associations berbères en 1985 à Roubaix. Ces dernières années, il anime plusieurs conférences dans des universités françaises sur l’Amazighité et la démocratie. Dans cet entretient, il revient sur plusieurs facettes de la culture amazighes.

Interview réalisée par Syfax Wuzguen

Vous êtes de ceux qui pensent qu’il ne fallait pas politiser la question amazighe. Pourquoi ?

Comment peut-on politiser la question amazighe alors que l’identité historique qui en découle appartient a tous les Algériens, je dirais même à tous les Amazighiens* Maghrébins-Nord Africains ?
Pour comprendre cela, je vais développer un peu ma réflexion qui appelle cette réponse.
Tout au cours de l’histoire, les Amazighs ont reçu différents apports qui ont nourri leur personnalité et leur culture. Ces apports ne peuvent pas constituer des identités. Les Amazighs avant d’être confrontés aux Phéniciens, aux Romains, aux Byzantins, aux Vandales, aux Arabes, aux Turcs et aux Européens, avant de parler et d’écrire en punique, latin, grecque, arabe, français, espagnol, italien, avant d’adopter les trois religions monothéistes, étaient des Amazighs, parlaient en amazigh et écrivaient en Tifinnegh tout naturellement.
C’est cette amazighitude* qui tire ses racines du substrat amazigh qui a forgé les différentes identités nationales des pays de l’Amazighie*, elle en constitue la sève et le socle. Elle est notre identité.
C’est cette conception de l’identité historique enracinée dans cette partie de l’Afrique qui doit être consacrée. C’est elle qui nous rassemble et nous unit. Elle ne peut pas être une dimension parmi tant d’autres. (Arabité, islamité, francité, hispanité, latinité, chrétienté…), elle est l’identité.
Nous pouvons donc considérer que les Amazighophones, les Arabophones et les Canariens de l’Amazighie*- Maghreb – Afrique du Nord se fondent dans la même identité historique amazighe. Ce sont tous des Amazighs.
Quant à la langue amazighe, elle constitue le patrimoine commun. Elle a été la première langue naturelle de tous les Algériens et par extension de tous les Amazighiens-Maghrébins-Nord Africains pendant une grande période de l’histoire de ce pays et de cette grande région d’Afrique. Elle est aujourd’hui la langue maternelle de près de 40 millions de personnes.
Par conséquent, la co officialité de l’amazigh demeure un droit historique inaliénable. C’est une exigence, une chance et une échéance pour l’avenir des pays de l’Amazighie.
La solution de la question amazighe dans les pays de l’Amazighie* n’interviendra qu’à partir du moment où nous commencerons à nous réapproprier notre Identité Historique Amazighe. La co officialité de la langue amazighe interviendra aussi avec l’avènement d’une véritable démocratie.

Ferhat Mhenni préconise l’autonomie de la Kabylie pour la préservation et la promotion de la culture amazighe. Que pensez-vous de cette proposition ?

Le désir d’autonomie par certains militants découle du déni identitaire. Les partisans de l’Algérie libre et démocratique exigent la reconnaissance identitaire amazighe depuis le début de l’Etoile Nord Africaine. La revendication de l’autonomie est une suite logique à toutes les revendications d’officialisation de la langue amazighe qui remontent à l’indépendance de notre pays et qui demeurent lettres mortes. L’ostracisme du pouvoir face aux revendications légitimes d’une partie du peuple peut conduire certains militants à rechercher d’autres voies de salut.
Quant à moi je préfère le terme de régionalisation qui ne peut trouver son aboutissement que dans une Algérie libre et démocratique. En ce qui me concerne, depuis ma première révolte dans le collège Verdi de Taourirt-Mimoun (At-Yanni) et de mon engagement au sein de l’académie berbère en 1969, je continue à me battre par le biais de l’association Afus Deg Wfus et aux travers de mes conférences pour la co officialité de la langue amazighe, la généralisation de l’écriture Tifinnegh et l’avènement d’une Union Amazighienne-Maghrébine-Nord Africaine qui intègre les Iles Canaries. (Le gouvernement autonome canarien a accueilli, participé à l’organisation et au financement du 1er Congrès Mondial Amazigh à Tafira dans la Grande Canaria) en 1997.
Après tant d’années de sacrifices, avant qu’il ne soit trop tard, il est grand temps pour les gouvernements des pays d’Amazighie de répondre favorablement aux revendications légitimes des populations par l’officialisation de la langue amazighe.

Une polémique est née concernant les caractères à adopter pour l’écriture de la langue Tamazight. Vous êtes pour les caractères arabes, latins ou Tifinagh ?

Je dirai comme Mouloud MAMMERI, grand visionnaire que l’adoption des caractères Tifinnegh résulte du simple bon sens. L’amazigh doit s’écrire avec son propre système d’écriture, c’est-à-dire en Tifinnegh. Pourquoi aller chercher ailleurs ce que nous avons chez nous ?
Dda lmouloud écrivait dans la préface du livre de Hamouna « grammaire berbère » (Octobre 1987). « Nous avons utilisé les caractères latins pour des raisons pratiques mais demain le berbère doit s’écrire en berbère, c’est-à-dire, en Tifinagh aménagé, c’est le simple bon sens ».
Fidèle à cette grande figure de l’Amazighitude et défenseurs du Tifinnegh, les membres de l’association Afus Deg Wfus ont fait un pas dans ce sens en réalisant en 1993 le premier standard des polices de caractères en TIFINAGH issu de l’aménagement de l’Académie Berbère avec l’adaptation par notre association de deux lettres et l’introduction du W en 1989.
Il y’a deux ans, en passant par la librairie de l’aéroport d’Alger, j’ai trouvé le Coran traduit en amazigh écrit en Tifinnegh (Standard Afus Deg Wfus) d’où ma fierté. J’ai d’ailleurs offert cet ouvrage à l’IRCAM lors de l’Université d’Eté d’Agadir qui s’est tenue en juillet 2010 et où j’étais invité d’honneur. Cette traduction a été faite par Remdhan Ath Mensour, un génie de la littérature amazighe. Aujourd’hui c’est ce standard avec quelques modifications réalisées par l’IRCAM qui est utilisé officiellement dans les écoles pour l’enseignement de la langue amazighe au Maroc.
A cet effet, je me félicite et me réjouis du choix judicieux de l’alphabet Tifinnegh qui a été fait par le Maroc pour l’enseignement de la langue amazighe.
Une pensée à Mas Mahdjoubi Ahardan ce grand militant de l’amazighitude qui a eu l’intelligence de conseiller aux premiers membres de l’Académie Berbère l’utilisation de l’alphabet Tifinnegh et qui a publié en 1995 dans l’hebdomadaire Marocain Tidmi mon premier plaidoyer pour la généralisation de l’alphabet Tifinnegh où je réclamais déjà l’officialisation de la langue amazighe, la généralisation de son écriture Tifinnegh et leur introduction dans l’administration, le passeport, la carte d’identité ainsi que dans la monnaie.
De nos jours, la majorité des Amazighs adhèrent naturellement à ces caractères Tifinagh. Tout autre choix graphique les amputerait d’une partie importante de leur identité, c’est-à-dire d’eux-mêmes.
La langue amazighe ne peut s’inscrire dans la modernité qu’avec son propre système d’écriture et il appartient à tous ses enfants de lui ouvrir la fenêtre sur le monde de la connaissance et de la découverte. Les nations d’Amazighie doivent s’enorgueillir de posséder un des plus vieux systèmes d’écritures du Monde. Le passeport, la carte d’identité, la monnaie et tout autres documents administratifs de ces pays doivent être écrits d’abord en Tifinagh, il y va de leur liberté, de leur existence culturelle et de leur indépendance politique.
C’est avec une grande fierté que j’adresse mes chaleureuses félicitations à tous les membres de l’IRCAM qui font un travail remarquable par une production scientifique, didactique et pédagogique et qui ont permis au Tifinnegh, deuxième alphabet avec l’amharique en Afrique d’intégrer l’Unicode.
J’adresse mes ferventes salutations, fraternelles et militantes aux deux recteurs Mas Mohamed CHAFIQ et à Mas Ahmed BOUKOUS. Ils ont fait le choix du coeur et celui du bon sens en optant pour l’alphabet Tifinagh que nous ont légué nos ancêtres.

Syfax N’Ath Wezguen

15 Commentaires

  1. Azul –

    Je fellicite Khacer en premier lieu pour son militantisme pour le redevelopement de notre culture ancestrale. Je suis content de la precision apporte’e dans votre article, quand a l’origine de ce milantantisme – Slimane Azem. Cependant, j’aimerais insister que Dda Slimane ne chante pas les prouesse de la culture ou celles de la linguistique, Dda Slimane n’est pas un scientifique, car la linguistique est science soeur-jumelle de la mathematique – Loin du foklore. La composition musicale de Dda Slimane nonplus n’est pas une science. La question se pose par consequence d’elle-meme, ou la chanson de Dda Slimane et d’autres apres lui, a l’image de Ferhat et Matoub, tient-elle sa force et son aspect qui fache et fait trembler les regimes nord-africains? La reponse est biensur la force de l’argument politique qu’elle vehicule – Il n’ya pas besoin que cet argument soit traduit en Tifinagh pour qu’il fasse peur. La majorite’ des victimes de la cause Amazighe ont exprime’ leurs arguments en Francais. La nature politique de l’argument en fait un poison justement. Ceci pour dire que contrairement a Mr. Khacer, j’argumente que la promulglation de la langue Amazigh comme langue Amazighe n’a pas autant de valeur a celle-ci( langue) que le droit de ses heritiers a la pratiquer et a la developer en harmonie avec leur valeurs ancestrales que sont la democratie et la laicite’. L’officialisation a elle-meme ne peut developer ni la langue, ni ses pratiquants – comme le prouve justement l’exemple que Mr Khacer cite a l’aeroport. La pensee et valeur du Coran sont totalement etrangeres a celle de l’Amazite’ qui dans sa signification pure veut dire Liberalisme ou l’art d’etre avec sa Libre Volonte’. Ceci j’espere enlevera toute ambiguite’ quand a la comparaison en terme de developement de la langue-meme mais aussi a ses proprietaires et pratiquants. Biensur que le development de la langue et du Tifinagh sont importants biensur, mais de la a dire que c’est son absence qui suscite le desir de liberte’ est trompeur. Les revolutions politiques sont un besoin naturel – celui de disposer de soi-meme, de faire ses propres choix et de perserverer pour un developement de soi, pour savourer et l’experience d’exister – c.a.d. POUR VIVRE, POUR ETRE. Avant le probleme de comment s’exprimer, s’impose la LIBERTE DE LE FAIRE.

    Cette partie de votre temoignage se doit d’etre travaille’e:

    { {{L’ostracisme du pouvoir face aux revendications légitimes d’une partie du peuple peut conduire certains militants à rechercher d’autres voies de salut.}} }

  2. azul

    je ne me reconnais pas dans cette vision de ce monsieur que vous voulez comme notre ancêtre de la kabylie » je ne dis amazighité comme lui ». quand je lis cette contribution ,je me sens en voyage vers le passé et qu’il me depose dans les années 70 ou80. Et tout ce temps là ,40 ans n’ont servi a rien.

    Non ,vous etes dans ce puzzle de l’ideologie narco-arabo-islamo-terroriste. Nous,kabyles ,nous avons depassé ce stade de revendication,nous voulons decider de notre destin,nous voulons depasser cet etat d’esclavagisme que vous ne pouvez pas quitter monsieur KHACER. votre temps est fini.je vous conseille juste de rester les yeux ouverts et de ne rien dire.

    Non votre regionalisation n’amenera ni la liberté et ni la dignité et nous refusons d’etre sous la soumission de vos maitres qui sont eternels pour vous.je suis tres tres desolé pour vous mais c’est comme ça.

    • Azul

      Il ne faut jamais oublier que ce sont les pionniers des années 70, d’avant et d’après, qui ont ouvert la voie et poser les bases pour les générations d’aujourd’hui.

      Ne faisons pas comme les arabes qui, après avoir emprunté la religion aux juifs et chrétiens, après s’être installé chez nous aussi, nient les emprunts et affirment détenir tout de dieu.

      A quoi sert ces attitudes envers nos ainés auxquels nous devons tout, même si nous pouvons parfois diverger sur certaines choses. Si tu penses que la lutte de Mass Khasser et de ses compagnons et contemporains n’a servi à rien, alors mon gars, je peu t’assurer que tu ignores tout des origines et de l’histoire de la revendication autonomiste.

      Et puis, à quoi sert ces empilages ridicules de termes genre narco arabo machins qui ne veulent rien dire.

      • azul

        ihi a mas masthen serres imanik tesladhed: vous ne comprenez pas le terme-narco-arabo-islamo-terroriste- tous ces mots s’imbriquent en images et en fonctions. (l’image de l’un influence la fonction de l’autre et la fonction de l’autre influence l’image de l’un et il ya une creation d’ineterdependance entre eux).

        Vous ne pouvez pas vous vous separez de vos maitres,a force du temps passé sous leurs dominations,ils sont devenus vos references meme dans vos analyses.

        Nous avons du pespect pour nos ainés ,ils ont fait ce qu’ils ont pu. nous les felicitons d’avoir essayer. mais aujourdhui leur facon de voir est depassée. ils ont mené un combat revendicatif qui les a façonné en assistanat. ils ont cette configuration de pensée de demander les faveurs des autres.Aujourdhui le peuple kabyle est dans une strategie d’affirmation et de lutte pour la liberté et la dignité.

        nous ne revendiquons pas notre existance en tant que peuple et nation kabyle mais nous affirmons au vu et au su du monde entier et nous n’accepterons aucune soumission ,ni aucun tutorat. Le sang et la sueur des femmes ,des hommes et des enfants de la KABYLIE ne sont perdus pour entrer dans un autre cycle de domination et de soumission .

  3. Azul

    L’identité kabyle, vivace et ancrée dans le passé, n’est pas exclusive des racines amazighes. Je crois plus à la valeur de l’exemple. Les progrès de l’identité amazighe au Maroc, en Libye et ailleurs, tirent, en partie, bénéfice des luttes kabyles, par la valeur de l’exemple et l’effet d’entrainement. Et qui peut exclure que nous soyons, nous kabyles, inspirés de la résistance du Rif de Abdelkrim ou que celui-ci le soit, peut être, de celle des libyens ou, même, des kabyles de 1871, ainsi de suite. On ne peut pas militer pour efficacement pour tamazight sans passer par l’une de de ses expressions. Et ‘hitoire récente l’a démontré. Et les droits arrachés par tel ou tel peuple amazighe ne manquent jamais de profiter aux peuples frères.

    Ceci étant, et pour ne pas avoir à nous renier, nous savons que La Kabylie s’est constituée à travers l’histoire un patrimoine civilisationnel qu’on ne trouve pas forcément à l’identique ailleurs (ou pas du tout) dans les autres régions amazighophone, encore moins dans les régions dardjophones. La religion est un fort marqueur identitaire de la Kabylie. En plus de forts traits africains, les éléments indo-européens (à distinguer, puisque bien antérieurs, des apports greco-romains de l’époque romaine) sont structurants de la famille, de l’organisation de la cité, des lois et de la morale, de l’échelle des valeurs kabyles. Qu’est ce qui incarne le mieux, pour un kabyle, le mot patrimoine que le mot « akham » (demeure du saint protecteur, « aâssas » et « akal n ath zik, negh n lejdud », la terre que délimitent les les bornes sacrées qui entourent autrefois, du même coup, le tombeau familial, attitude qu’on trouve à l’identique dans l’antique (plutôt archaîque) Grèce et Italie et encore dans l’Inde d’aujourd’hui, mais pas ailleurs ? Comment comprendre cette attachement quasi sacré pour un kabyle à l’intégrité (qu’assurent les bornes) du domaine familial si on réfléchit par « les religions adoptées… », ce qui est peut être vrais pour certains de nos frères amazighes ? Comment comprendre les déchirants cris et lamentations de nos mères et grands mères lorsqu’une famille kabyle déménage, abandonne le « foyer » sur lequel veillent « iâassassen », pour une nouvelle maison qui n’a même pas de foyer « kanun » ? Comment comprendre l’âme kabyle lorsqu’on réfléchit sur les termes des « religions adoptées », approche qui peut être pertinente ailleurs ?

    On ne peut, par conséquent, considérer la religion kabyle en lui superposant la réalité religieuse (peut-être LES réalités) des autres régions amazighophones. La religion des ancêtres a forgé notre tempérament, nos institutions, notre morale et notre cosmologie d’aujourd’hui. Aussi loin que notre mémoire nous permet un regard sur le passé, la Kabylie s’est exprimé en tant qu’entité politique et civilisationnelle distincte. Les identité les plus solides aujourd’hui ne sont pas constituées de millions d’individus unis par des traits généraux, mais de rapprochement par affinités. Même les Etats Unis d’Amérique se sont constitués sur la base des affinités, parfois même (quand il n’y a que ça), en ne prenant en compte que le seul aspect géographique pour constituer un des 51 Etats fédéraux.

    La nation amazighe, telle que présentée aujourd’hui, s’appuie sur un un schéma idéologique que nous ont imprégné les empires qui nous ont envahi successivement. Ces entités se sont faites en recourant à des méthodes que nous ne partageons pas, à savoir les guerre impérialistes. Le grand ensemble de Tamazgha, tel que préenté aujourd’hui se superpose parfaitement au concept d’Empire. C’est dire le poids, souvent négatifs, de notre passé douleureux. C’est, pour revenir au présent, le même schéma que nous a imposé la France coloniale et l’Algérie post 1962, son héritière. Au concept de l’Europe napoléonienne ou, pire, hitlérienne, je préfère l’idée de l’Union Européenne : ensemble d’état qui garde leurs caractères et se réunissent sur ce qui les lie.
    Bien entendu, cette conception n’exclut pas la solidarité et l’union indéfectible devant l’adversité.

    Pour revenir sur l’aspect religieux, il convient de rester circonspect sur les « religions monothéistes adoptées ». Car, à travers l’histoire, il y a une différence inouïe dans l’attitude des amazighes eux même envers ces religions. Cette attitude diffère parfois fondamentalement d’une région à une autre, d’une période à l’autre, allant du rejet total à l’aménagement que permet le syncrétisme, à l’adoption entière comme dans le cas des dardjophnes . Si les élites urbaines se sont souvent facilement fondues dans l’idéologie du tyran du moment, dans les campagnes, la religion locale reste toujours la règle. Si les villes du Nord se sont catholicisées, les campagnes dans l’Est sont donatistes, et les montagnes et l’Ouest et l’intérieur sont restés paiens et parfois juifs. Si l’islam a converti dans le sang les grands centres urbains, le catholicisme est resté vivace (avec ses institutions, jusqu’au XII e / XIII e siècle à Tunis, Vgayet, Tlemcen) et il en reste encore des réminiscences en Kabylie aujourd’hui. Et puis, je m’interroge sur la pertinence du qualificatif de musulman de ceux qui observent, en même temps, des rituels païens africains, puniques, et musulmans; on se demande qu’est ce qu’est ce qui permet de considérer l’héritage punique (sacrifice du mouton, par ex.) et juif (circoncision) comme relevant de l’islam, si ce n’est l’impact des hauts parleurs de l’Algérie du pétrole ?

    Occulter nos particularités conduit invariablement à des amalgames qui nous conduisent toujours vers plus de reniement. Il faut se sentir d’abord kabyle pour pouvoir démasquer ces truandises intellectuelles; lucidité que seule la culture kabyle offre la distance nécessaire pour voir clair. Pour autant, Il peut bien y avoir d’autres truandises que nous kabyles n’y avons vu que du feu, mais qui sont évidentes aux yeux d’un rifain ou d’un tamasheq. C’est ce genre de lucidité chez nous frères amazighes que j’adopterais sans retenue.

    Quant à la reconnaissance de l’amazihité, elle ne peut être que le résultat d’un rapport de force; et les forces en présence s’articulent, dans les faits autours d’identités concrètes que sont la Kabyle, le pays Chaoui, le pays Mozabite, le pays Tamasheq, le Rif, le pays Chleuh… Ces peuples frères sont mobilisables d’abord en tant que tels; et les mésaventures des Rifains, des Kabyles, des Libyens, des Azawadiens est édifiante à ce sujet. Ces épreuves montrent combien est vaine et absente sur le terrain cette construction de Tamazgha sur le modèle impérial.

    Les Tifinagh sont, bien entendu, le choix du bon sens, de la raison et du coeur. C’est un marqueur identitaire, un patrimoine de nos parents et le seul alphabet qui rend compte de la diversité phonétique des langues amazighes. Et Microsoft ne pouvait nous reconnaitre que pour ce qu’on est. Et, si Mouloud MAMMERI a utilisé les caractères latins, c’est notamment pour des raisons pratiques, à savoir que. dans le contexte de terreur des années 1960, 70 et 80, c’était le seul moyen de s’adresser à des gens qui, lorsqu’ils sont alphabétisés; utilisent les caractères latins; et la détention d’un document en tifinagh conduit à la prison et expose aux tortures.

    Que les luttes pour les droits linguistiques aient permis la renaissance de l’identité kabyle est un fait; mais que cette lutte frontale ait touché uniquement la Kabylie (du moins en Algérie) n’en est pas moins un élément parlant, important, qui s’ajoute aux autres éléments, plus distinctifs de l’identité kabyle.

    • Azul A mis n’tmurt –

      J’apprecie a sa valeur tes arguments et avec tout le respect due, j’ose dire que tu te perds dans des details inutiles, sinon qu’a perdurer un etat grave dans lequel se trouve le peuple Kabyle. Tamazight au Maroc, en Lybie, a Tombuktu, en Arabe, en Francais, etc. pourquoi pas en chinois tant qu’on y est… Pire, y inserrer la religion, etc. Ni Tifinagh, ni une religion quelconque ou encore le bon ou le mauvais dieu en personne n’ont droit de parole ou de cite’, quand au droit et au devoir d’expression, d’association ou de gestion de nos vie en commun comme peuple, reel et souverain ! Notre rapport avec fransa, son batard nomme’ algerie et tout ce qui s’y rapporte est un rapport de force, ni plus ni moins.

      L’argument qu’avance Mr Khacer est que l’apiration a l’autodetermination resulte du deni identitaire – que d’apres lui s’est manifeste dans le passe’ par l’interdiction d’usage du Tifinagh et il cite biensur Dda lmulud – Dda lmulud au contraire a insiste’ sur LA GRAMMAIRE !

      D’autre part, tu sembles argumenter que l’usage de telle ou telle graphie est lie’ a un besoin de conformite’ avec telle histoire ou telles pratiques religieuses, comme si notre existence aujourd’hui Samedi 5 Janvier 2013 dependait denotre pratique de Tifinagh ou de la memoire de nos ancetres. Bien au contraire les deux ne sont que sujets de notre reflection, de notre existence et de notre volonte’ et de leur realite’.

      Bien que ce que tu argumente soit juste, c’est a mon avis un detail de moindre importance, tout comme celui de Mr Khacer, quand a force motrice et motivation de notre mouvement. D’ailleurs, je citerai 2 examples l’un en francais et l’autre en arabe qui exprime notre realite’ bien Kabyle – pour prouver que c’est l’exercise de volonte’ et la liberte’ qui sont des forces motrices de notre mouvement. La langue, l’histoire ou de la religion n’en sont que des derive’e secondaires:

      1. Ali Moute Wakkaf.
      2. Marche ou creve.
      3. No fear but fear itself – c,a,d: Iln’y a craindre que la peur-meme – (La peur d’agir biensur – hypnose)

      • Azu

        Ce dont je suis convaincu, c’est que nous n’avancerons pas d’une marche si nous n’arrivons pas à apporter des réponse clairs et satisfaisantes à des questions fondamentales telles : qui sommes nous, pourquoi sommes nous différents. Ce sont des réponses déterminantes pour que notre confiance et notre volonté soient inébranlables en l’avenir. Qu’on le veuille ou non, on en est à ce niveau là aujourd’hui. On saute l’étape, elle nous rattrapera inévitablement. Et, si on veut rester kabyles et libre, ce n’est pas avec les « religions adoptés » que nous combleront « the gap ».

        Pour l’aspect pratique : on ne peut pas partir au combat, soulever des masses et être efficaces si nous nous sommes pas en confiance par rapport à nos appuis, à ceux qui partagent avec nous la corvée… ou la tranchée, comme l’étaient nos parents et ancêtres.

        Peut être que les choses sont claires pour toi; tant mieux. Mais dans ce cas, j’ose dire que tu as un devoir de pédagogie envers ceux qui ne le sont pas. Car on en est là. A moins que tu sois loin des réalités de la Kabyle d’aujourd’hui, du crime que commet quotidiennement l’école algérienne, les média et l’administration sur le consciences de nos jeunes et moins jeunes. A mon avis, si tu as de grands desseins, tu seras ramené à faire toutes ces petites choses que tu considère aujourd’hui comme pas grand chose.

        En ce qui me concerne, je continue à considérer comme vitaux des aspects comme la religion. Non pas parce que je suis croyant, mais parce que la religion a créé la famille et la société. Je suis convaincu que c’est en affaiblissant notre religion que les charlatanismes, monothéistes ou pas, ont pu s’introduire dans nos foyers, il y a des siècles, mais aussi aujourd’hui. Ca n’a absolument rien à voir avec un « dieu bien » et un « dieu salop ». Par contre, on est bien dans le « je préfère mon dieu au tien, même si le mien est moche et méchant ». C’est comme ça chez les humains du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest. Il n’y a que les Kabyles sur la planète à jouer les « ouverts », les « universels » tout en voyant nos mères trop souvent aux lamentations en raison de notre « ouverture d’esprit ».

        Autre point, nous sommes bien là sur un sujet qui intéresse la langue, l’identité, le passé et le présent. Le sujet de la graphie est fondamental. Je ne vois pas ou j’ai insinué que « notre existence aujourd’hui Samedi 5 Janvier 2013 dependait denotre pratique de Tifinagh ou de la memoire de nos ancêtres ». Je dis simplement que taqvaylit, langue amazighe, doit s’écrire en tifinagh. Quant à la mémoire, comme tous les peuples qui en ont une, nous devons cultiver la notre au lieu de faire les laquais des autres qui n’ont même pas besoin de nous pour défricher leur passé.

        • Azul Felaqh-

          Je n’ai aucun doute de qui etait derriere ton commentaire, bien au contraire… Nous sommes du meme cote’ du comptoire, en effet. Ce que j’ai ecrit est plus destine’ a d’autres lecteur de ton commentaire, comme celui/celle a qui tu repondais dans ton commentaire, justement). Ca devient un sujet en lui-meme, tout comme Mr Khacer. Qu’un charactere d’alphabet ait une forme ou une autre est vraiment secondaire et, a mon avis il est temps de changer de sujet. Si on continue sur la meme trajectoire, il n’y aura d’autre issue de sortie que celle de devoir a un certain moment developer l’argument racial, du fachisme pur et simple qui serait facile pour des abrutis religieux (ils vont d’une extreme a une autre, super vite) – La liberte’ et dignite’ et la confrontation avec la realite’ – regarder les choses en face, est mieux a mon avis – et que les gens sachent que nous ne sommes pas des Jesus qui se sacrifient pour les autres – C’est une question d’interet, un hasard que nous soyons la ensemble et il faut faire avec – cependant, il faut faire ! Comme je l’ai ecrit quelque part, cela fait plus de 50 ans de sur-place « pattinage. »

          Je sui arrive’ au stade ou je suis avare avec le temps – des le moment ou quelqu’un s’identifie comme Kabyle, je le met en face de la realite’ et de sa responsabilite’ – S’il ne s’en acquite pas, alors un crachat sur la gueule, et sans souci, car je sais que j’ai affaire a UN LACHE.

          Les choses sont claires:

          Le Messiah des Kabyles est artrive’, et tout ce que je dis est une verite’ absolue que j’ai recu du bon dieu en personne. S’il preferent les salades d’un batard, analphabet pedophile assassin du 6eme siecle, le bon dieu m’a dit que ceux-la sont moins que des cafards, qu’ils doivent aller a l’enfer.

          Une chose qui m’empeche de Juger Dda Ferhat et les MAKISTES (ma famille avec toutes querelles de personalite’, etc. internes)

          { {{quelque soit X – Ils sont clairs dans la tete, ne machent pas les mots et ne tournent pas en rond.}} }

          Quand a ces histoires religieuses, Mass DahmaneNat Ali, a ecrit et ecrit . . . et ecrit encore…

          Notreproblemeest clair: On est domine’ par des cafards incapables qui sont mieux organise’s ! Le peuple Kabyle ne peut prettendre ni l’orgueuil ni a la dignite’… Leur statut d’administre’s est la pour me donner raison – car avant d’etre gentile intelligeant ou quoi que se soit, il faut d’abord etre tout simplement –

          {{ {To be or not to be is the only question !} }}

    • J ai voulu chercher des infos sur Georges-Arthur Goldschmidt.J ai fait Google et au bas de la premie8re page (il y a 45000 re9fe9rences!) j ai trouve9 une re9fe9rence e0 Wikipedia en alnameld. Ne connaissant pas un mot d alnameld (ou tout au plus une douzaine: merci aux Germanistes de traduire leurs citations), j ai eu le re9flexe de cliquer sur traduire cette page : la traduction automatique de la biographie de G-A Schmidt d or (sic) est un morceau de bravoure qui m a rassure9e sur l avenir professionnel de ma fille qui fait des e9tudes de traducteur-interpre8te.Heureusement, j ai trouve9 mieux!

  4. vous avez un train de retard a mass khacer!la co officialité,avec l’arabe,ne servira ni l’intérét de la langue ni celle du peuple.méme l’autonomie est une idée qui a fait son temps.nous sommes a présent a la quéte de notre autodétérmination,ou si vous voulez ,notre indépendance.nous sommes un peuple a part entiére,
    nous avons un pays qui s’appelle la kabylie,doté d’un hymne national,AS N’TLELI, et bientot d’un drapeau.et une langue « taqvaylit ».pour vous dire que la seule chose qui reste a officialiser,c’est notre libération.

    • Amazighiens, Amazighie, union des Amazighiens Nord-Africains et quoi encore?

      Mr Khacer veut-il devenir immortel en voulant créer de nouveaux mots alors que déja Tamazgha et les Amazighs ou les Imazighen sont des mots qui existent déja et que tout le monde utilise?

      Allons soyons sérieux!

      • Ce n’est ni le nombre de mots ou la geometrie de son alphabet qui soient son moteur mais SA GRAMMAIRE – Celle-ci conditionne le mode reflechir et de codifier l’information dans cette langue, qui souvent produit des idiomes tout faits, qui renseigne aussi sur la subtilite’ de la lange – voici un example:
        Un malheur quelconque est arrive a une personne X. Une autre personne demande « ce qui lui est arrive’ ? »

        Comme reponse discrete, mais aussi qui renseigne a gogo, la reponse donne’e est:
        { {{Yetv’azrem s’amruj is}} }. c.a.d – Il a suivi un serpent dans son trou – c.a.d. il a fait ce qu’il ne devait pas fair, il s’est mele’ de ce qui ne le reguarde pas, il a cherche’ la petite-bete a quelqu’un, il a repondu a une provocation qui n’en valait pas le coup a cause de son initiateur, etc.

        Dans les cultures moyen-orientales comme l’arabe, le pharsi et toutes celles de la region, on repondrait  » Allah ghaleb, irahmu, etc.  »

        On francais, on dirait plutot  » Il a cherche’ midi a quatorze-heure »,commepour dire qu’il est alle’ au-dela de ses limites …

        Pour un Hebreux, ca serait plutot similaire a l’Arabe – c.a.d. la citation de quelque passage/anecdote de la Tora.

  5. Je crois que ce Monsieur a encore le cerveau coincé entre les années 1960 et 1970! Beaucoup de choses lui échappent. Fait-il exprès comme beaucoup d’autres?!

    Vive la Kabylie indépendante!

    • Aseggas ameggaz aux kabyles libres.Les élites politiques kabyles des années 1980 (MCB,FFS et RCD) nous ont conduit à l’impasse avec leur stratégie sans issue et suicidaire,en refusant de s’assumer en tant que représentants du Peuple kabyle.La Kabylie occupée,arabisée et ré-islamisée de force ne peut influer sur le cours des évènements ni en Algérie ni en Afrique du Nord.Seule une nation kabyle libre, laïque, démocratique ,forte et prospère peut contribuer de tout son poids à la libération des autres peuples amazigh et peser sur l’échiquier politique algérien.Tant que nous sommes ligotés et privés de notre souveraineté,il n ‘y aura ni démocratie,ni langue kabyle ou amazigh ni de Tamazgha.

    • Effectivement , on réclame l’officialisation de tamazight encore en 2013 ? , sa généralisation a tous les algériens! Vous devez être sous l’effet d’hallucinogenes a longue duree d’action( des décennies ) , moi j’ai cru que les choses étaient claires en 2001 , le gas nous a insultes , nous a demande de sortir de nos dechras , nous a pose la condition de nous laisser arabiser pour qu’ il accepte de se laisser amazighiser , a fait un marathon algerien pour légitimer notre disparition et depuis comme si rien n’etait On de temps en temps nous ressort la revendication vielle de trente ans du style : l’état algerien a intérêt ( rapport de force). A officialiser tamazight , un état bicephal , bilingual , qui s’ amusera a passer de l’une a l’autre , genre amazighs arabises , de Grace quand vous avancez ce genre de revendication , tamazight pour tous les algériens , expliquez nous comment vous obligerez un arabe algerien a étudiez tamazight de Kabylie ou d’ailleurs! Ou apporter nous un seul arabe algerien qui souhaite parler kabyle , ils sont heureux de parler allemand , fier d’apprendre portugais ,…..etc mais parler kabyle ? Je me demande comment ils vous suivront , Boutef vous le dit arabisez vous et je généralise et des kabyles nombreux s’exécutent a le faire depuis , il y’a un parti qui a déclare qu’il n’est pas kabyle .

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