Etat des lieux de la gestion publique en Kabylie et perspectives de l’alternative autonomiste

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Kabylie
Kabylie

Dans le processus du développement de la démarche politique visant à la concrétisation de l’autonomie de la Kabylie, il ne faut pas faire du volet économique un abcès de fixation. Il faut, pertinemment, en finir avec ce complexe de vouloir, tout le temps, justifier les richesses de notre région. Il ne faut jamais dissocier la gestion économique du système politique lui-même. Ce sont les sociologies et les politiques qui font l’économie et non l’inverse.

Justement, cette contribution ne rentre pas dans ce cadre justificatif mais elle se veut une réponse technique pour tous ceux qui continuent à semer le doute sur les capacités de la Kabylie à se prendre en charge sur le plan économique.

Elle est, aussi, la preuve de notre conviction que le débat autour de l’autonomie de la Kabylie n’est plus au niveau de la revendication mais il se porte, désormais, sur les moyens et les politiques qui permettraient aux futures instances exécutives et consultatives de la Kabylie autonome de prendre en charge les doléances des citoyens pour déterminer les choix stratégiques à suivre pour réussir le défi de rendre à notre peuple sa dignité bafouée par les politiques ségrégationnistes du pouvoir d’Alger.

b) Introduction

Depuis l’indépendance confisquée, le pouvoir algérien fait dans la diversion en essayant de faire admettre aux Algériens en général qu’ils ne doivent leur survie qu’à la manne pétrolière alors que tout le monde sait à qui profite cette richesse et qui a la main mise sur la rente et sur l’économie de bazar.

La Kabylie n’a pas été découverte dans un gisement de gaz, ni une création contemporaine résultant d’une quelconque prospérité réalisée grâce à la manne pétrolière. Elle est multimillénaire. Le pétrole n’est pas éternel. La Kabylie est rebelle et immortelle.

Par son organisation sociopolitique qui a inspiré bien de grands penseurs, par ses valeurs séculaires, par son attachement viscéral à la liberté, la Kabylie n’a rien perdu de son authenticité ni de sa culture de résistance encore moins de sa détermination à se hisser au rang de grande nation.
Ni la famine, ni la guerre, ni la répression, ni la politique d’arabisation n’ont pu triompher des citoyens de cette région. De ce fait, aucun défi ne peut lui faire peur. Le développement est à sa portée pour vu qu’il recouvre sa souveraineté par son accès à un statut de large autonomie.

En effet, la Kabylie avec son fort potentiel économique, doit, non seulement assurer son propre développement, mais aussi contribuer d’une façon effective au développement de toute l’Algérie.
Toutes les forces vives seront mobilisées afin de créer un pôle d’excellence en matière de développement économique. Pour ce faire, il suffit de mettre en synergie l’intelligence dont dispose la région en l’occurrence les compétences formées par ses universités, les ressources naturelles et ses ambitions. Elle va réaliser son développement par l’encouragement de l’innovation (via la recherche), l’investissement, l’éducation, l’accroissement de la sécurité juridique, la conciliation de son progrès économique et social avec la préservation de l’environnement.

La Kabylie autonome va œuvrer à garantir à sa population la liberté d’entreprendre et de produire localement les richesses, synonymes d’autonomie économique et sociale, base de toutes les libertés culturelles et politiques.

{{c) Etat des lieux de la gestion publique en Kabylie sous le règne de l’état central}}

La Kabylie est autonome dans sa misère sans avoir le pouvoir de décision pour y faire face. Elle lutte seule contre une situation socio-économique des plus dramatiques qui réconforte les décideurs algériens, prêts à faire l’impossible pour amplifier son malheur.

Un Etat central qui fait dans le sabotage et le chantage économiques, les collectivités territoriales dépourvues de pouvoirs, ne disposant même pas d’une fiscalité locale propre, des entreprises endettées et fiscalement étouffées, le développement est une chimère pour une Kabylie qui glisse de jour en jour dans une logique de désinvestissement. Il suffit d’aborder le débat sur l’autonomie de la Kabylie pour que votre interlocuteur vous lance la fameuse interrogation ; on va manger quoi ? Mais avant de répondre à cette question, nous devons d’abord poser une autre problématique à notre tour. Que ce qu’on est entrain de manger, actuellement, sous le règne d’un état exclusivement centralisé ?

Dans l’état actuel du système de répartition des enveloppes financières , les départements de la Kabylie sont budgétisés au même titre que tous les autres départements d’Algérie , a travers une loi de finance établit chaque année, d’une manière très centralisée, dont les critères d’affectation de budget pour le développement local ne sont soumis à aucune étude préliminaire en fonction des particularités sociales, économiques, géographiques ou culturelles d’une région donnée.

Cette opération de partage de gâteau est dictée par l’influence des équilibres politiques, claniques voir tribaux ainsi que les humeurs régionalistes négatives qui gangrènent le fonctionnement des structures de l’état. Pour vérifier la pertinence de ce constat amer qui reflète le caractère régionaliste voir raciste du fonctionnement des instances de l’état central, il suffit de quantifier le nombre des infrastructures de base et des équipements publics réalisés dans la wilaya de Tlemcen pendant cette dernière décennie et de les comparer à ceux réalisés dans toute la Kabylie.

Contrairement à cette croissance extraordinaire de la région de l’ouest Algérien, la Kabylie n’a reçu rien d’autres qu’un très important lot de blocages et d’entraves pour mettre à genou son économie et affamer sa population.
Bureaucratie tentaculaire qui décourage tout investisseur potentiel de s’installer en Kabylie.

Délocalisation consécutive aux désordres, abus fiscaux et gestion opaque du foncier rendant toute affectation de terrain illusoire dans des délais raisonnables. Rien n’aura été épargné pour paralyser le développement local en Kabylie. La politique de la terre brûlée pratiquée par le pouvoir d’Alger à l’égard de la Kabylie a atteint son summum, Bouteflika bloque même les projets antérieurement agréés.

C’est dans cette optique que la politique de délocalisation des grands projets destinés à la Kabylie est devenue systématique. Entre autre on peut citer les plus importants ; à l’image de la raffinerie pétrolière qui devait être réalisé à Bejaia et qui est transférée sur Tiaret malgré toutes les expertises qui donnaient Bejaia comme site adéquat pour ce type de projets.

Dans la même logique criminelle du pouvoir en place, la centrale thermoélectrique devant servir toute la région d’Azeffun a été bloquée. A noter que, sans cette centrale, il ne sera même pas possible d’alimenter une grue sur le nouveau port d’Azeffun.

L’autoroute est-ouest, principal grand projet de l’ère Bouteflika n’est finalement qu’un plan réservé pour l’anéantissement et l’isolement du port de Bejaia qui demeure le principal pole économique de la Kabylie. Selon les dires du directeur de ce port, cette institution souffre d’une perte sèche de 200 000 millions de Dinars / jours depuis l’ouverture de cette autoroute à laquelle on a ôté volontairement trois pénétrantes qui devaient donner sur Tizi ouzou à partir de Aomar gare, sur Akbou à partir d’el M’hir et sur Souk el Thenin à partir de Sétif. Ces pénétrantes existaient bel et bien dans l’étude préliminaire du projet en question.

Ces délocalisations, ces blocages et ces retards volontaires dans la réalisation des équipements publics qui affectent sérieusement la stabilité économique et surtout l’efficacité de la budgétisation des wilayas kabyles ne peuvent être dépassés que dans le cadre d’une Kabylie autonome.
Il n ya qu’un gouvernement régional qui pourrait mettre notre économie à l’abri de ces agissements racistes du pouvoir central.
A l’état actuel de la gestion de la dépense publique, aucune autorité locale (élus et admistrateurs confondus) n’a son mot à dire sur la gestion budgétaire.
Les enveloppes financières destinées à la réalisation des équipements publics et de l’habitat sont, uniquement, du domaine du ministère des finances c’est-à-dire de l’état central.

Au niveau local, la dépense publique est du ressort de deux fonctionnaires qui sont des détachés du ministère des finances. Le contrôleur Financier, en amont, pourrait viser le marché qu’il veut et laisser en instance celui qu’il voudrait bloquer. Le trésorier, en aval, pourrait payer l’investisseur ou l’entrepreneur qu’il veut garder et bloquer le payement de celui qu’il veut faire fuir. Pour tromper l’opinion publique et à chaque début d’exercice financier, le gouvernement central annonce des budgets colossaux destinés à la Kabylie. Dans la théorie, ces chiffres annoncés sont, réellement, affectés à la Kabylie mais ils n’ont, jamais, été consommé dans la pratique.

Depuis 2001, la wilaya de Tizi Ouzou n’a jamais consommée plus de 35% de son budget annuel ce qui est du essentiellement aux blocages en amont et en aval qu’on a signalé ci-dessus. En plus de cette volonté délibérée de mettre à genou l’économie de la région Kabyle, saviez vous que, dans l’état actuel des choses, c’est la Kabylie qui donne de l’argent à l’état central et non l’inverse ?
A travers sa fiscalité importante et le taux de recouvrement de ses recettes fiscales, la Kabylie verse au trésor public plus qu’elle en reçoit en terme de budget annuel dans le cadre de la loi de finance Algérienne. La Kabylie est tout simplement victime d’un racket fiscal.

Croire que c’est le Trésor public de l’état central qui nourrit la Kabylie est une hérésie. La contribution de la Kabylie à la fiscalité nationale est la plus importante de toutes les régions. Le taux de recouvrement en Kabylie avoisine les 100 % alors qu’ailleurs c’est déjà un record d’atteindre les 25 %. Une petite équation mathématique dont les composants sont les budgets actuels des wilayas Kabyles, la fiscalité kabyle et les recettes pétrolières annuelles et leur répartition au prorata du nombre d’habitants après la consécration du système d’autonomies régionales, nous permettra de déduire qu’en plus de notre liberté et de notre dignité nous allons gagner dix fois plus sur le budget actuel.
Quelles seront, concrètement et sur le terrain, les pistes d’améliorations de l’enveloppe financière destinée à la relance économique, dans le cadre d’une Kabylie autonomie ?

Nous utilisons le terme « pistes d’amélioration » pour mettre le développement économique en Kabylie au diapason des nouvelles méthodes de management politique qui se base sur la démocratie sociale et sur des techniques managériales qui mettent en avant-garde de toute amélioration économique le potentiel de compétences en ressources humaines.

{{d) Perspectives économiques de la Kabylie autonome}}

Avec un gouvernement régional, nous aurons tous les mécanismes financiers et autres qui vont nous permettre de dépasser ce stade de stagnation de notre développement local.
Nous disions, quelles seront, concrètement les pistes d’améliorations de l’enveloppe financière destinée à la relance économique, dans le cadre d’une Kabylie autonomie ?

On peut citer entre autres :

– L’augmentation de la consistance du budget annuel de la Kabylie, en gardant la totalité de sa fiscalité (avec ce 1er critère déjà, la vie de nos concitoyens kabyles serait meilleure qu’aujourd’hui)

– Le dépassement des obstacles et des blocages dont on a parlé dans ci-dessus du fait que les instances financières vont dépendre du gouvernement local.

– Le dépassement de ces obstacles permettra le retour des investisseurs qui ont déserté la Kabylie.
Ceci va, certainement, générer des nouvelles recettes fiscales qui vont servir de valeur ajouté pour l’économie kabyle.

– Le dépassement du problème de la non concordance de la majorité locale avec la majorité nationale permettra de réduire les conflits du à une certaine appréciation idéologique entre les deux majorités éternellement contradictoires.

– En dernier, l’hôtel des finances de la Kabylie autonome pourrait éventuellement profiter de sa quotte part des richesses pétrolières qui vont, logiquement, se répartir au prorata de nombre d’habitants (ce cas dépend essentiellement des négociations avec l’état central pour la mise en pratique de l’autonomie kabyle).

Pour concrétiser ces pistes améliorations, le gouvernement régional de la Kabylie autonome doit adopter une approche va se reposer sur le potentiel en ressources humaines dont dispose la Kabylie, dans le processus de la mise en application des procédures relatives au développement économique. Cette stratégie de mettre en valeur le capital humain est la plus efficace méthode qui permettrait à ce gouvernement de satisfaire les exigences citoyennes en termes de prospérité économique et de confort social.

La mise en valeur d’une culture de proximité pour recenser les besoins de la société à travers des compétences en matière de communication, de techniques des statistiques et des relations gouvernants – gouvernés, doit être la priorité des instances qui s’occuperont de la gestion publique Kabyle. La valorisation des ressources humaines demeure la principale spécification des nouvelles normes du management sur lesquelles se repose la modernisation des systèmes de gestion des PME qui représentent le moteur de l’épanouissement économique, en cette ère de globalisation et de mondialisation.

Cette énergie inépuisable, contrairement aux hydrocarbures, va, certainement, constituer le fer de lance de l’économie de la Kabylie de demain.
La rentabilisation de l’exploitation des ressources humaines est une condition sine qua non pour les organismes décideurs de la Kabylie autonome afin qu’ils adoptent les meilleures méthodes de la bonne gouvernance, dés le début de leur prise en charge du destin des citoyens de la Kabylie. Les compétences clairvoyantes qui maitrisent le sens de la planification permettront au gouvernement régional kabyle d’inscrire sa démarche dans la durée et d’anticiper les mutations du marché international au lieu de les subir.

Contrairement aux instances Algériennes actuelles qui n’adoptent les nouvelles stratégies que dans l’urgence des derniers quarts d’heures ; une attitude qui provoque un retard consistant dans le processus de mise à niveau des institutions publiques et des entreprises ce qui fait perdre à l’état sa fiabilité et aux operateurs économiques nationaux leur crédibilité sur le marché international.

L’exemple le plus édifiant est le rééchelonnement de la dette extérieure proposé par des spécialistes kabyles à la fin des années quatre vingt mais adopté par le gouvernement Algérien quelques années plus tard, dans des conditions dictées par les instances financières internationales.

Pour réussir cette stratégie visionnaire et prévisionnelle, les institutions de la gestion publique de la Kabylie autonome doivent se reposer sur des mécanismes qui vont assurer une veille stratégique efficace afin d’être à jour avec les mutations accélérées de l’économie mondiale.

Dans l’objectif de rassurer les investisseurs et d’installer un climat de confiance qui permettrait aux capitaux internationaux de trouver en Kabylie une terre fertile, les compétences juridiques et financières du gouvernement régional de la Kabylie autonome doivent opter pour des politiques stabilisatrices de la juridiction qui va régir les investissements, comme elles doivent éviter les changements brusques et subits du dispositif juridique et du système bancaire dont la stabilité demeure une des plus importantes garanties de la pérennité des investissements étrangers et nationaux.

Nos institutions économiques doivent asseoir des politiques publiques structurées et structurantes et non conjoncturelles à l’image de celles bricolées par les organismes de l’Algérie actuelle. Elles doivent inscrire leur vision dans le sens de produire une valeur ajoutée dans les PME Kabyles créatrices de l’emploi et non pas génératrices de capitaux informels comme celles de « l’import-import » encouragées par l’économie de bazar de la mafia politico-financière Algérienne.

En conclusion, il est très important de rappeler que les économies les plus réussies au monde sont celles qui rentabilisent le plus les ressources humaines et les compétences qui maitrisent les techniques managériales les plus actualisées.

Cette matière grise est, largement, disponible en Kabylie. Son exploitation efficace demeure la clé de la réussite de la noble mission d’assurer aux citoyens kabyles une vie sociale digne et prospère.

{{Moussa Nait Amara

Conseiller Auprès du Président du MAK}}

2 Commentaires

  1. azoul…et la construction dun vraie grand aèroport internationale pour les voyageur et les homme daffaire qu il veulent faire escale on KABYLIE…et les BANQUE kabyle a lintèrieure et a lexterieure de la kabylie et profitè des montagne pour construire des maison de retraite pourquoi pas pour les retraites etrangè …et si VOLSVAGEN ou bien BMW ou autre vient investire on kabylie vu notre aproximitè avec leurope…avec cette rentabilitè on auras des bon rèserve pour les gèneration qui vienne….

  2. Il y a lieu d’ajouter que ces espérances économiques ne seront jamais pérennes sans une école kabyle qui devra impérativement supplanter ce cheval de Troie arabe (ou chameau de Tizi )!

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