Affaire de l’assassinat du jeune Ghilès Hadjou d’Azeffoun – Peine capitale pour trois accusés et une peine de 03 ans de prison ferme et une amende de 200.000 DA pour le quatrième

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Le tribunal criminel de Tizi-Ouzou a examiné et étudié hier le dossier portant sur l’assassinat du jeune Ghilès Hadjou qui remonte, doit-on rappeler, au mois d’octobre 2012. Ils étaient quatre accusés à la barre pour répondre des chefs d’accusation d’association de malfaiteurs, homicide volontaire et kidnapping suivi d’une demande de rançon. Il s’agit des nommés Mohammed H, Amar C, Mehdi B et Amar Y.

Selon l’arrêt de renvoi, les faits se sont déroulés du 18 octobre 2012 en fin d’après-midi et ont pour théâtre la ville d’Azeffoun et la plage d’Aït-Chaffaï, commune du même nom et daïra d’Azeffoun. Les quatre mis en cause ont appelé la victime et lui ont fixé un rendez-vous à une bâtisse en construction appartenant à la famille du nommé Amar C, qui, de toute évidence, connaissait parfaitement.

Toujours selon l’arrêt de renvoi qui s’est appuyé sur l’enquête et le rapport de la gendarmerie nationale, une fois la victime au rendez-vous, les quatre accusés se sont partagés les tâches. Mehdi B a assuré la surveillance sur la terrasse de la bâtisse dans laquelle devait se dérouler l’opération du crime pour que les autres opèrent tranquillement.

Le rapport du médecin légiste note que la victime est morte par strangulation. Une fois la mort constatée, Mohammed H a pris la voiture de la victime en direction du village Cheurfa où il l’abandonnera. Il sera suivi par Amar C et Mehdi B avec leur voiture pour lui assurer le retour. En effet, tous les trois retrouveront les lieux du crime. La suite de l’opération consistera à envelopper le cadavre de la victime dans un sac en plastique , le mettre dans le coffre de la voiture pour être acheminé ensuite vers la plage d’Aït-Chaffaï où il sera enterré.

Cependant, le téléphone de la victime sera utilisé par ses assassins. En effet, l’accusé Amar Y l’utilisera pour appeler le père de la victime pour lui demander une rançon de 05 milliards de centimes pour obtenir la remise en liberté de son fils. Il lui fera également savoir que c’est suite à son refus de payer 02 milliards de centimes en 2009 que le groupe a décidé de lui faire payer les pénalités. En effet, au cours de l’année 2009, le père de la victime, richissime entrepreneur a eu affaire à « des terroristes » lesquels lui ont demandé de verser pour la « cause » un montant de deux milliards de centimes. L’entrepreneur a refusé d’être racketté. Ce détail sera différemment interprété et exploité par la partie civile et le représentant du ministère public d’un côté et la défense de l’autre. Le 24 octobre 2012, soit 05 jours après le crime, les enquêteurs de la gendarmerie feront la première interpellation. L’interpellé n’est autre que Mehdi B. L’élément ayant abouti à l’interpellation de cet individu n’est autre que le SMS qu’il a envoyé au père de la victime pour « l’informer que son fils était retenu comme otage dans un lieu sûr ». A partir de cette interpellation, les autres suivront facilement.

A la barre, Mohammed H a déclaré s’être effectivement bagarré avec la victime lors de cette journée du 18 octobre 2012 mais il n’avait pas l’intention de le tuer. Il a également soutenu que la victime était tombée de côté. Ses co-accusés diront que la victime tombera face contre terre. Quant au motif de la bagarre, l’accusé a évoqué une affaire d’honneur. « J’ai appris, dira-t-il à la cour, que Aghilès Hadjou a photographié ma cousine avec son portable et qu’il voulait utiliser ces photos à des fins criminelles. Et j’ai décidé de lui fixer rendez-vous, c’était juste pour enlever la puce contenant les photos risquant de déshonorer la famille et les détruire ». Appelée comme témoin, la cousine de Mohamed H, lycéenne de son état, a déclaré n’avoir « jamais été photographiée par la victime » et leur relation était simplement celle de camaraderie lycéenne.

En ce qui les concerne, Amar C et Mehdi B rejetteront aussi l’accusation de l’homicide volontaire. Amar Y ira même jusqu’à déclarer ne se souvenir de rien puisqu’au moment où Mohammed H l’appelé au téléphone pour lui demander de venir jusqu’à lui, il était dans un bar et dans un état d’ébriété avancé. Il reconnaît toutefois avoir appelé le père de la victime pour lui demander la rançon. « J’ignorais aussi la portée de mon geste. J’ai fait ce qu’on m’a demandé de faire », a-t-il ajouté. Son avocat, et qui n’est autre que le célébrissime M° Chellat, prouvera à la barre que client, un attardé mental dont le degré d’intelligence ne dépasse guère celui d’un enfant de 5 ans, a été outrageusement roulé par Mohammed H, le principal instigateur de l’affaire. « Mon client n’était au courant de rien de cette affaire. C’est en le connaissant parfaitement comme un simple d’esprit qu’on a fait recours à lui. Lorsque je lui ai rendu visite en prison, il n’arrêtait pas de rigoler. Le malheureux ne savait même pas qu’est-ce qu’il lui était arrivé », a plaidé M° Chellat. De même, ce célébrissime avocat a demandé à ce que le tribunal requalifie l’affaire en ce qui concerne son client car en définitive, « même la rançon demandée, c’était dû à la panique des accusés après avoir constaté la mort de la victime qu’ils ont causée sans le vouloir ». Et pour terminer, M° Chellat a demandé au tribunal l’extrême indulgence envers son client car, je réitère que vu sa faiblesse d’esprit, mon client a été victime d’un outrage abus ».

Quant à la partie civile représentée aussi par quatre ténors du barreau, à savoir M° Hocine Ahmed, Bouchek, Redjane et Belkacem, l’accent a été mis le caractère éminemment criminel des accusés. Pour la partie civile, c’est même l’affaire de 2009 qui s’est poursuivie. Toutefois, c’est le représentant du ministère public qui a fait dresser les cheveux sur la tête. Sa plaidoirie qui, en bonne partie a reposé sur des concepts théologiques, a duré une heure et demie, a consisté à démontrer non seulement la volonté de tuer mais aussi le caractère sadique du geste des accusés. Le procureur de la république a aussi longuement développé la psychologie criminelle. « En général, a-t-il souligné, les criminels ne reviennent pas sur les lieux de leur crime. Ce qui n’est pas le cas de ces accusés qui, eux, sont revenus sur le lieu où ils ont enterré leur victime pour mieux apprécier et savourer davantage leur acte diabolique.

La demande de la rançon fait également partie de leur volonté de satisfaire leurs sentiments sadiques ». Après une « éternité » où le verbe a été joué magistralement – Même M° Chellat le reconnaîtra – le représentant du ministère public demandera la peine capitale pour Mohammed H, Amar C et Mehdi B et une peine de 10 ans d’emprisonnement et une amende 100.000, 00 DA d’amende pour Amar Y. La défense des trois premiers accusés tentera de prouver le caractère de l’homicide involontaire mais sans toutefois réussir à convaincre le tribunal. Après plusieurs de débats et une attente « interminable » quant au verdict, celui-ci tombera tard dans la soirée. Peine capitale pour Mohammed H, Amar C et Mehdi B et une trois de prison ferme et une amende de 200.000, 00 DA pour Amar Y.

Addenda : Le réel mobile du crime semble toujours inconnu en dépit de l’effort du tribunal qui a consacré plusieurs heures à cette affaire. Cet avis de Tamurt est partagé par plusieurs observateurs à qui la question a été posée sur les lieux mêmes du tribunal. Il y a des points ayant certainement trait aux mœurs et à l’honneur qu’on veut taire, ont indiqué à l’unanimité nos différents interlocuteurs concernés directement, indirectement et aucunement par ce procès. Le défunt et les trois condamnés à mort se connaissaient parfaitement. La jouissance des plaisirs charnels faisait partie de leur quotidien. L’argent ne manquait pas au groupe d’amis. Y a-t-il eu une liaison charnelle entre la victime avec une femme ou des femmes avec qui il ne fallait pas l’entretenir ? « C’est fort probable qu’il s’agit de cela et pour préserver l’honneur de la famille ou des familles, on préfère garder la bouche cousue », ont signalé nos interlocuteurs.

2 Commentaires

  1. Un détail omis: ces criminels sont de familles d’origine arabe installées à Azeffoun, comme les prostituées et les tapettes de la Kabylie. Et tous les Kabyles sont des anges laïcs

  2. Peine capitale? Peut-on vraiment condamner un crime en commettant un crime? Qui a le courage de salir ses mains? Qui est ce judge qui osa donner une peine pareille? La mort est elle une peine apres tout?
    Le cas!
    Je ne doute pas une seconde que ces criminelles méritent une prison ferme, mais pas la mort. Peut importe la vraie cause du crime, peut importe combien de crime, peut importe la manière dont le crime a ete commis. La justice ne tue personne, elle renferme les dangers du public derrière les barreaux.
    Voyons aussi, qu’est ce qui pousse nos citoyens a causer leur propre malheur? N’est il pas la mauvaise main qui les gouverne? le Peuple a soif, le peuple a faim, le peuple a peur, le peuple et pauvre d’esprit. C’est l’etat que nous devons accuser.
    Ce qui arrive a ces malheureux, qui peuvent etre innocent dans leur vie quotidienne, commettant une erreur fatale, inattendue, non voulue… n’est que le fruit d’une frustration féroce causée par notre vie sociale, notre gouvernement insoucieux.
    Je tiens a transmettre mes sinceres condoleances a la famille de la victime. Mais je ne sais quoi dire pour la famille des peinés, c’est certainement pas une realite a accepter. courage a vous.
    Notre pays a besoin d’une reforme racinale.

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