Imache Amar : une légende du mouvement national

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Amar_Imache
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Après des décennies d’interdiction, voire de prohibition, de prononcer même son nom dans un quelconque endroit, voilà que maintenant l’Etat algérien a décidé de réhabiliter le fondateur et le poumon de l’Etoile Nord-Africaine (ENA), Imache Amar en l’occurrence. Cet homme qui a connu la privation des jouissances de la vie pour que l’Algérie soit possédée uniquement par les Algériens et repreneur du slogan de Massinissa « l’Afrique aux Africains » a fait l’objet aujourd’hui d’une journée d’études à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou à l’occasion du 54ème anniversaire de sa mort.

Imache Amar a rendu l’âme à Dieu au cours de la nuit glaciale du 06 au 07 février 1960 dans son domicile d’Aït-Mesbah, commune d’Aït-Douala. A vrai dire, le coup d’envoi de cette manifestation a été donné, vendredi, puisque une exposition de documents historiques retraçant le parcours politique et militant d’Imache Amar a eu lieu dans le hall de la maison de la culture ainsi que le recueillement sur sa tombe au cimetière d’Aït-Mesbah.

La journée d’hier en revanche a été consacrée entièrement à l’animation de conférences sur l’homme. La première a été animée par l’historien, Hacène Dahlal, et avait pour thème « Le Mouvement national de l’Etoile Nord-Africaine ». La seconde qui avait pour thème « Imache Amar : de la fondation de l’Etoile Nord Africaine à la création du Parti pour l’Unité et l’Action (PUA)a été animé par le chercheur et officier de l’ALN, Ouali Aït-Ahmed. La troisième, animée par le journaliste et écrivain, Abdennour Abeslam, avait pour thème « Imache Amar : le père du Nationalisme Algérien » et enfin, la quatrième qui avait pour thème « Imache Amar : un précurseur de la modernité politique » a été animée par l’universitaire Saïd Doumane.

Il faut reconnaître que l’historien, Hacène Dahlal, a jeté à « la poubelle » l’histoire officielle de l’Algérie à partir du début de la deuxième décennie du 20ème siècle à ce jour. Même les personnages reconnus officiellement comme « des héros et des figures emblématiques », à l’instar d’Abdelhamid Ben Badis et l’Emir Khaled, le petit-fils de l’Emir Abdelkader comme « des serviteurs de la France coloniale » et, par conséquent, comme « des traîtres ». Hacene Dahlal a révélé qu’à la création de l’Etoile Nord Africaine, la France coloniale, paniquée à l’idée que les Algériens découvrent ou redécouvrent leur histoire authentique ayant pour socle l’amazighité et l’africanité, a chargé ‘lEmir Khaled de noyauter l’Etoile Nord Africaine pour la dévier ensuite de sa trajectoire initiale et naturelle.

Le conférencier poursuit que c’est suite à l’échec cuisant de l’Emir Khaled que la France coloniale a fait ensuite appel à Abdelhamid Ben Badis lequel a utilisé l’islam comme moyen de briser la politique de l’Etoile Nord Africaine. Toujours sans faire dans la dentelle, l’historien Hacene Dahlal a ajouté qu’Abdelhamid Ben Badis a agi dans le sens contraire des intérêts de l’Algérie sur conseils et recommandations de son père et de son oncle maternel. « Le congrès musulman de 1936 dont la seule résolution arrêtée était que les Algériens pouvaient devenir des Français a fait beaucoup de mal à l’Etoile Nord Africaine », a martelé le conférencier.

Celui-ci précisera également que le choix de l’année de la création de l’Etoile Nord Africaine n’était pas fortuite puisque « c’est en 1827 exactement que la France coloniale a eu l’idée d’arabiser les Algériens pour pouvoir les coloniser ensuite ». Pour l’historien, la colonisation de l’Algérie dépendait de la dépersonnalisation des Algériens, c’est-à-dire leur faire oublier leur origine amazighe et leur faire croire qu’ils étaient des Arabes. Et pour ce faire, incruster l’ingrédient « islam » dans cette stratégie. « L’islam n’a jamais été une identité », a clamé Hacene Dahlal avant d’ajouter aussitôt après : « mélanger l’islam à l’arabité équivaut à mélanger le miel avec les effets de poubelle ».

Le conférencier s’est montré sévère envers l’arabité. « L’islam à lui tout seul est à considérer comme un remède mais si on le mélangeait à l’arabité, il en résulterait un poison », explicite-t-il encore. Hacène Dahlal a déclaré également que si aujourd’hui encore, l’Algérie se débat dans des difficultés, ce sont les autres qui nous indiquent et nous montrent nos références identitaires dont le principal est l’arabisme. A travers ces « autres », le conférencier a fait références à la France et à l’Orient.

Revenant enfin au sujet principal, à savoir le combat militant et la personnalité d’Imache Amar, l’historien Hacène Dahlal notera qu’en créant l’Etoile Nord Africaine, l’objectif était de faire arracher l’indépendance aux Algériens mais pour cela, il fallait faire retrouver au peuple algérien sa véritable identité et sa véritable histoire. « C’est pour cela qu’il faut considérer que l’Etoile Nord Africaine comme la vraie source et l’authentique vrai socle du combat libérateur de l’Algérie ».

S’agissant enfin de la biographie d’Imache Amar, elle est si longue qu’il faudrait plusieurs pages pour la publier en entier. Nous reproduisons donc ce qui nous paraît comme essentiel.

Imache Amar est né le 7 juillet 1895 au village d’Aït-Mesbah, dans la commune d’Aït-Douala et il est mort à la suite d’une longue maladie au cours de la nuit du 06 au 07 février 1960 dans son domicile d’Aït-Mesbah. Ses études primaires, il les fit au village de Taguemount-Oukirouche, distant du sien de deux Km. Au début de la Grande Guerre, il émigra en France. Ses différents certificats de travail attestent qu’il a travaillé dans une mine de charbon du Pas-de-Calais dans le nord de la Franche, à l’usine pneumatique Michelin à Clermont-Ferrand, dans la fabrique des armes navales de la Charente et enfin à Paris, à l’usine Roger et Gallet.

Ses activités lucratives en France s’étalèrent jusqu’à l’année 1934. Au cours de cette année, il sera licencié de son travail à cause de ses activités politiques. Même en étant licenciée, Imache Amar n’abandonnera pas la partie. En effet, il fera un travail de sensibilisation et de conscientisation au profit des 100.000 travailleurs algériens résidant à Paris.

Le Natif d’Aït-Mesbah connaîtra l’enfer de la prison. Après la dissolution de l’Etoile Nord Africaine par l’ordre colonial français, il créera la Glorieuse Etoile Nord Africaine (GENA). Il créera également le journal El Ouma dont il sera le rédacteur en chef. Le fascisme italien sera sévèrement ciblé par Imache Amar. Et pour cela, la police hitlérienne l’emprisonnera aussi. L’écriture d’Imache Amar connue sous l’appellation de « Brochures » sera connue et étudiée dans toutes les universités du monde, notamment celles véhiculant les droits de l’homme et les droits des peuples à disposer d’eux-mêmes.

De retour en Algérie, privé du droit au travail, Imache Amar connaîtra privation et misère matérielles. Il ne subsistera que grâce à l’aide et la générosité de ses amis. Quand la guerre de libération éclata, Imache Amar était déjà très affecté par la maladie. Nonobstant sa maladie et son âge avancé, il s’engagea avec le FLN-ALN. Quand, il rendit l’âme, le FLN était déjà sur le point de faire abdiquer la France coloniale.

Said Tissegouine

1 COMMENTAIRE

  1. Pauvre Kabylie! Voilà l’islam, idéologie exterminatrice, devient du miel dans la bouche d’un « intellectuel sensé te défendre.
    Non monsieur, la langue arabe est une langue comme les autres. Elle ne devient nocive que par l’idéologie qu’elle véhicule, votre miel!
    Le salut de la kabylie ne peut passer que par la négation de cette religion.

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