Najib AMAZIGH, un artiste rebelle à l’ordre établi !

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CULTURE (Tamurt) – Auteur, compositeur, interprète et un des grands artistes musicaux et charismatiques dans le RIF. Najib AMAZIGH qui est son nom de scène, est né à Imzouren en 1973 et est père de trois enfants, Massin Numedia et Simane. C’est une icône majeure de la chanson engagée, critique et sensibilisatrice. Un artiste rebelle à l’ordre établi. Sa forte implication politique transparaît dans ses interprétations. Naturellement, la chanson engagée et la poésie de résistance ont toujours fait partie de l’environnement musical rifain et amazigh.

En 2009 il pose ses valises en Belgique où il demande l’asile politique qui lui a été accordé. Désormais il bénéficie de tous les droits comme l’ensemble des citoyens belges. Najib AMAZIGH a décidé de choisir l’exil culturel et politique, de partir, conquérir le monde pour vivre pleinement de son art et son talent et cela marche plutôt bien.Il a enfin la possibilité de faire de la musique qui lui offre des perspectives d’avenir.
Au Maroc, et dans le RIF en particulier, l’art et les œuvres de l’esprit connaissent un véritable drame, et les artistes chanteurs végètent à cause notamment de la politique de paupérisation de tous les acteurs politiques et culturels, le dénigrement de l’artiste amazigh dans les médias officiels. De nombreux artistes pâtissent, également, de l’absence de la liberté d’expression, qui est une liberté fondamentale, une énergie inspiratrice dont ils ne peuvent se passer.

Aujourd’hui, se sentant un brin nostalgique, il se retrouve en mal du pays, et pense constamment à son retour au bercail pour revoir sa famille et ses enfants lointains, hors de vue et hors de prise. Il traverse une épreuve difficile, et faute de mieux, il bataille dur pour ramener sa famille restée au pays. Il a laissé sa fille alors qu’elle avait 6 mois, aujourd’hui elle est âgée de 6 ans. Il a entrepris toutes les démarches possibles dans ce sens pour la faire venir en Belgique en mettant à profit la procédure de regroupement familial. En vain. Un dossier a été présenté au consulat de Belgique au Maroc qui lui a coûté 1250 euros mais sans résultat. Cela fait 7 mois qu’il bataille avec le ministère des affaires étrangères belge à Bruxelles.

Dans cette épreuve, il déplore le non-respect des droits humains et des conventions internationales du pays de son résidence, et clame sa révolte contre la situation dans laquelle sa famille a été laissée.

Fort en gueule, et déterminé, RIFAIN et fier de l’être, N. Amazigh, un nom qui est tout un symbole, ne cède pas sous le joug d’un Etat qui bloque, casse l‘art engagé et divise incessamment pour mieux régner. Contre lui, les autorités marocaines ont mis en place un plan qui vise à faire échouer sa carrière d’artiste : refus de lui délivrer la carte professionnelle de l’artiste qui valorise et reconnaît son métier, interdiction de quitter le territoire et de se produire sur scène dans certains festivals officiels au Maroc alors qu’il avait participé antérieurement à 180 festivals et en compagnie des artistes de renommée internationale, last but not least. Il n’a cessé de subir des harcèlements policiers depuis sa participation dans des festivals en Algérie, Libye, et en Espagne. N. Amazighe, accablé par ces actions de sabotage, désespéré et déçu, il se rend compte que les conditions d’une vie digne pour un artiste engagé ne sont pas garantis et que CHEZ LUI, on ne veut pas de lui , c’est la raison principale de son départ pour l’exil.

La dimension identitaire imprègne son œuvre et son rapport à la révolte sociale, politique et culturelle. Il y rend un vibrant hommage, avec beaucoup d’émotion et de partage, à son RIF natal, et à son patrimoine culturel dont il chante la beauté et les couleurs et n’hésite pas à le faire connaître au-delà de ses frontières. Bien qu’il s’en est éloigné, il ne l’a pas quitté pour autant. N.Amazigh fait part de ses griefs, exprime de la hargne et clame sa colère contre l’état civil marocain qui lui refuse d’inscrire ses enfants dans le livret de famille sous prétexte que les prénoms amazighs choisis ne figuraient pas sur la liste des prénoms autorisés au Maroc, ce qui est une mesure éminemment RACISTE.

Parallèlement à sa carrière musicale, il est un infatigable militant des droits humains et de l’identité amazighe et rifaine. La musique pour lui, est liée davantage à de l’engagement et ne se reconnaît guère dans le divertissement. N.A remet en cause le rapport de l’artiste au pouvoir, et l’image de l’artiste lui-même. En 1987 il a participé à des soirées artistiques à Imzouren , fondé le groupe Imettawen en 1991, une expérience qui a duré 5 ensuite il a migré vers à Ceuta, pendant 4 ans pour développer son talent et retourner, par la suite, dans sa ville natale. A la fin des années 1991, il se fait connaître grâce à ses chroniques virulentes dans ses concerts, et son inscription dans les grands mouvements de révolte qui ont secoué le RIF.

Dans ses chansons, l’artiste s’évade et transfigure le réel en créant une forme d’existence, une pure expression artistique et une philosophie de vie d’une jeunesse en désarroi. Ses interprétations traduisent le désir de révolte contre une société et une réalité socio-politique dans le RIF verrouillée par les décideurs politiques. Dès son plus jeune âge, la lutte contre la injustice, le despotisme, et la condition de la femme, avait rythmé sa vie. Ces nobles causes lui ont valu d’être la cible de poursuites judiciaires et même l’emprisonnement.

Ses interprétations chaleureuses, plus raffinées, lui ont valu l’appréciation de ses fans, mélomanes et militants. Inspiré et formé dès son adolescence par des chanteurs et militants des droits humains, il se veut artiste de son temps et met sa pensée et son art au service des valeurs universelles.

Il a interprété des poèmes des grands poètes berbères qu’il accompagne à la guitare, devenue son instrument de prédilection. En outre, il se prend d’une forte passion de l’harmonica dont il devient incontestablement une des références dans le RIF.

L’amour, les scènes de vie, la douceur du pays et la nostalgie qui étreint les coeurs à l’évocation du village natal reviennent constamment dans ses poèmes. Grâce à ses mélodies envoûtantes, ses sonorités et ses textes, qui mêlent plusieurs thématiques à la fois, et ses maniements d’images poétiques, il reproduit en musique son univers avec beaucoup de profondeur et une beauté exquise.

Najib Amazigh dit tirer son inspiration créative de ses moments de grâce, des souvenirs, du souffle d’une tradition, de la tristesse et de la joie mais aussi d’une pléiade de grands maîtres de la chanson amazigh Walid Mimoun, Boujemaa TWATTOUN, Idir qui l’ont influencé dans son parcours musical.

ll puise son inspiration dans ses origines et ses racines. Il ne se défait pas de ses références culturelles de son RIF natal, et s’appuie sur elles pour enrichir son art et son répertoire et lui donne une certaine innovation. Sa musique est inédite. Elle est au croisement des influences et des styles. Un brassage cosmopolite de tradition amazigh et folk song américain, ce qui faire entrer sa musique dans l’optique de l’expression universelle et spirituelle. Sa musique, langue des émotion comme disait Emmanuel Kant, touche l’ensemble de son public, amazighe ou pas.

OUFKIR Rachid

8 Commentaires

  1. Azul

    J’ai l’occasion de rencontrer l’or d’une soirée d’anniversaire du printemps berbère à liège.

    Monsieur très sympa ,la bérbèrité est vraiment dans ses vaines ….

    Tanemirt mas Nadjib

  2. L’Algérie fait don de 25 millions de dollars aux habitants de gaza administrés par les integristes islamistes du HAMAS!
    -500 millions ont été déjà il ya peu octroyés à la tunisie et des millions de dollars de dettes de l irak,yemen,syrie….ont été effacés par bouteflika !!!
    Et ses pauvres régions deshéritées d algérie qui vivent sous la misére au quotidien à tisemsilt,en kabylie,au sahara,dans les aures,dans les piedsmonts de la mitidja,dans les babors,à ghardaia …..ne sont elles prioriatires à recevoir cette argent de la rente pétroliere avant ces pays étarngers que l on nous impose à faire passer avant les nôtres?
    Quel pays arabe a ouvert son portefeuille pour aider l algerie durant la decennie noire ?aucun!

  3. Tanmirt a OUFKIR pour tes articles & écrits qui nous permettent d’apprendre & de connaitre plus sur les réalités politiques, artistiques et autres des Amazighs du Maroc et de cet artiste & chanteur engagé du RIF.

    Bonne continuation.

  4. azul ouma,
    Je suis du rif et heureux de cette article que vous nous proposez,parler des rifains de la culture amazigh nous fait grand plaisir.
    Pour revenir a ce chanteur au franc parlé ainsi qu a d autres artistes peut connus dans le rif ,nous avons nous amazighes du grand maghreb cette fierté que nos régimes non jamais put faire face,dans la région rifaine vous trouverez beaucoup de portrait du lion du rif qu était Abdelkrim mohand alkhattabi ,accrocher au mur des cafés ,salons de coiffures,restaurants….ect,une vrai icône la bas.
    Les amazighes sont un grand peuple et le resteront.

  5. A ameziane
    On ne dit pas ouma car c’est en arab , dans ta langue maternelle on dit « Agdud ».
    C’est quoi grand Maghreb? ca n’existe pas. il faut que tu saches , garder sa langue propre c’est deja un combat, c’est le defi d’aujourdhui.
    le mot Maghreb est invente en 1989 pour designer l’echange commerciale entre les trois pays tunisiee, algeri , marocc mais aujourd’hui leurs frontieres sont fermees donc il n’existe plus aujourd’hui sauf qu’il est recuperer par la pseudo presse francaisee pour designer les francaiss d’origines de ces trois pays ce qui est en soit une discriminationn.
    Melanger d’autres langue dans sa langue n’est pas bon ni souhaitable c’est le cas des kabyl qui melangent du francai dans leur langue aussi.

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