De l’exclusivisme en particulier et de l’exclusion en général

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Kamel Daoued
Kamel Daoued

Monsieur Kamel Daoud vous ne manquez pas seulement de courage, mais de convictions profondes. Vous manquez de repères solides pour vous projeter dans l’avenir avec sérénité. A lire votre chronique, les ancêtres chez vous sont d’une abstraction affligeante.

Ils sont impersonnels, sans visages, sans nom et sans identité. Vous savez ce que vous n’êtes pas, puisque vous dîtes que vous n’appartenez pas à l’arabité mais que l’arabité vous appartient. Ce constat que vous faîtes, dénote chez vous une identité malheureuse, tiraillée entre le bourrage de crâne du temps de votre adolescence et l’environnement découvert à quelques foulées de votre village. Pour notre part, ce dilemme qui vous taraude tant trouve solution de ce que nous faisons dans les meilleurs des cas de cette arabité : une rangée de livres dans une bibliothèque pour ne pas mourir inculte.

Après une guerre civile militarisée à outrance, une centaine de journalistes passés aux armes d’ici bas à trépas et 200 000 victimes après Guemmar. Un beau matin les Algériens réinventent l’eau chaude avec l’affaire opposant Kamel Daoud à l’autre, écervelé bête et méchant.

S’il n y avait pas les vœux de fin d’année formulés par Sir Daoud, il n y aurait pas ce brulot. Après tout chacun à droit à ces quinze minutes de célébrité selon Andy Warhol.

Dans une lettre de vœux, l’auteur se laisse aller à une subjectivité assumée en s’adressant à ceux qu’il porte dans son cœur. Il oublie pour un temps la contrainte de la technicité journalistique pour magnifier des figures de styles destinées à relever l’égo de ses interlocuteurs. Au détour de l’intime, la vraie pensée de Kamel Daoud se matérialise. Elle scintille toute pleine de contradictions sous le soleil ardant des Andalouses.

Monsieur Kamel Daoud, attribue les dérapages verbaux de son futur bourreau à un dogme mal compris. Cette doctrine satanique, qui depuis 14 siècles sèment la mort et le sang partout où elle passe, est réduite à un détail, à une sorte d’incompréhension malencontreuse de l’Islam. Il s’avoue ne pas être courageux mais téméraire, il tente une riposte en puisant ses arguments de la même doctrine au nom de laquelle il est condamné à mort. Le syndrome de Stockholm dans toute sa splendeur.

Monsieur Kamel Daoud vous ne manquez pas seulement de courage, mais de convictions profondes. Vous manquez de repères solides pour vous projetez dans l’avenir avec sérénité. A lire votre chroniques, les ancêtres chez vous sont d’une abstraction affligeante. Ils sont impersonnels, sans visages, sans nom et sans identité. Vous savez ce que vous n’êtes pas, puisque vous dîtes que vous n’appartenez pas à l’arabité mais que l’arabité vous appartient. Ce constat que vous faîtes, dénote chez vous une identité malheureuse, tiraillée entre le bourrage de crane du temps de votre adolescence et l’environnement découvert à quelques foulées de votre village. Pour notre part, ce dilemme qui vous taraude tant trouve solution de ce que nous faisons dans les meilleurs des cas de cette arabité : une rangée de livres dans une bibliothèque pour ne pas mourir inculte.

Nous savons que vous êtes horrifiés par ce que vous qualifiez d’exclusivisme berbère, c’est pour ça que vous avez exclu l’altérité berbère de vos vœux. Puisque vous n’osez pas les nommer, sachez que les ancêtres de cette terre que vous foulez sont les Imazighen, les Berbères pour ne pas écorcher vos oreilles. Sachez, que pour nous il n y a ni dilemme ni tergiversations, quant à l’arabité, cet héritage que tout le monde s’évertue à redorer le blason pour mieux nous berner. Entre nous et les Arabes encore conquérant d’Afrique du nord il y a juste une défaite militaire. Quatorze siècles après, nous aspirons toujours à prendre notre revanche et exister enfin par nous même et pour le bien de toutes ses républiques qui fleuriront une fois le joug de l’arabo islamisme mis à genoux.

Vous pouvez prétendre, à raison ou à tort être le champion de l’algérianité. Pour nous cette identité n’était qu’une aventure hasardeuse héritée comme un cadeau empoisonné de l’empire français. Une identité rendue dangereuse à notre survie par un système politique maffieux édifié par le général De Gaulle. Cherchez dans les archives récentes de ce pays que vous admirez tant, la France. Vous y trouverez le décret de création de ce pays baptisé hâtivement Algérie. Vous y trouverez les officiers du MALG infiltrés par Paris pour mieux nous confisquer cette indépendance si chèrement payée.

Nous avons consentis un moment à être des Algériens, mais cette Algérie que vous chérissez tant nous a rejetés. Elle a assassiné nos élites, nos combattants, nos artistes, nos espoirs, notre identité et notre jeunesse. L’Algérie arabo islamiste a décimé les étoiles de notre ciel pour en faire un desert aride et inhospitalier.

Avant vous il y avait beaucoup « des comme vous », qui après un ciblage édulcoré à l’islam, sont passés aux armes blanches ou automatiques. Je vous rappel ce temps que votre affaire me rappel, la décennie noire. Du temps où les intellectuels tombaient à Alger et enterrés en Kabylie. Je ne fais pas là de la surenchère de l’horreur, je rappel juste ce qu’enduraient vos aïeuls de la professions. C’était avant les torchons d’Ennahar du d’Echourouq. C’était avant que les bourreaux et les victimes partagent les mêmes plateaux pour les uns appeler aux meurtres et les autres se justifier d’exister et d’écrire en français.

Monsieur Kamel Daoud, vous êtes victimes des dogmes dominants. Nous comprenons tous et toutes que vous êtes toujours cet adolescent incompris à la recherche de ses marques. Nous comprenons que l’offre des alternatives politique et philosophiques du terreau dont vous êtes issu est limitée. Après l’aventure islamiste que vous avez plus subie qu’épouser lors de vos années de lycée vous voilà à la rescousse des composantes d’un système pourri que vous feignez combattre.
Si l’exclusivisme berbériste vous révulse, que diriez-vous de l’autonomie ou l’autodétermination des peuples berbères d’Afrique du nord. Ils sont des projets de sociétés muris par l’expérience militantes de ceux qui les défendent. Dans ces projets il n y a pas de place aux appels aux meurtres sous quelle forme que se soit. Il n ya pas d’ostracisme, ni de liberticide, et pourtant dans votre pensée vous les combattez plus que ceux qui vous veulent du mal.

Contrairement à vous, nous les Kabyles nous entretenons une relation charnelle avec notre passé. En nous, soupire encore le souffle des rois numides. Les Dihya, Jugurtha, de Massinissa, Firmus…et bien d’autres. Nos villages portent encore les séquelles de la guerre de libération. Chez nous, du haut de nos montagnes, les mères fixent des yeux les cieux et leur parlent d égal à égal. Mais bon sans rancune, Asseggwas ameggaz.

Zahir Boukhelifa

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