En Hommage à Camille Lacoste-Dujardin une ethnologue française et kabyle d'adoption

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(Contribution de Madame Sakina Ait Ahmed à Tamurt) – C’est avec une immense tristesse que nous apprenons la disparition de Madame Camille Lacoste-Dujardin, ethnologue spécialiste de la culture kabyle et entre autres fonctions, directrice de recherche au CNRS.

Après des études en géographie puis en ethnologie, elle a enseigné pendant trois années à Alger ce qui l’a amené à faire la connaissance de la kabylie et des Kabyles, parmi lesquels elle s’est faite de nombreux amis.
De retour à Paris, elle a fréquenté le Musée de l’Homme où elle a étudié des œuvres produites par des Kabyles dont les fameux « flissa » sabres kabyle.

Elle s’est formée à la langue kabyle à l’Ecole des Langues Orientales. Puis après avoir découvert par hasard un manuscrit de contes kabyle transcrit en kabyle en seuls caractères latins , elle les a traduits en français, conquise par cette littérature orale qu’elle n’a jamais abandonnée, elle a soutenu une thèse intitulée « Le conte kabyle »
Au-delà d’une simple étude de la population kabyle, par son immersion dans la société kabyle, notamment à travers plusieurs séjours en Kabylie, où elle est à chaque étape chaleureusement accueillie par les Iflissen n levhar de Kabylie maritime ,elle nous laisse le souvenir d’une grande Dame simple et facilement abordable, un visage avenant, constamment illuminé par un beau sourire.

Du fait qu’elle parlait couramment la langue kabyle et qu’elle s’est intéressée avec amour et constance à la culture kabyle et aux kabyles, elle est à jamais tout simplement une Kabyle d’adoption.
Il y a lieu d’ajouter, qu’en plus de son immersion dans la langue et la culture kabyle notamment par son observation de la société kabyle, à travers un œil et une vision externe qui constitue un plus , elle nous lègue de nombreux articles et ouvrages de grande qualité et d’une richesse incommensurable qui resteront à jamais des témoins matérialisés de notre culture.
Personnellement j’ai eu l’occasion de la rencontrer une fois lors d’un colloque à la Sorbonne, attirée par un collier kabyle ancien que le portais ce jour, elle est venue me saluer et me dire « gardez le bien, il témoigne de la richesse de votre culture ».
Par la suite elle a gentiment accepté de préfacer mon livre « Inzan ou Proverbes berbères de Kabylie »
La seule chose que je regrette est de ne pas avoir pu lui apporter une réponse à une question qu’elle m’a posée par deux fois par un courrier qu’elle m’a transmis par l’intermédiaire de mon éditeur, en l’occurrence l’Harmattan, à propos du proverbe kabyle:
At leɛraḍ qqimen tajmait tayaɛlat terfed aveckiḍ « Pendant que les hommes tiennent une assemblée, la tayalat , elle a pris le fusil »

En fait Madame Lacoste-Camille Dujardin, voulait savoir qui était cette femme nommée Tayaɛlat.
Malheureusement, je n’ai pas pu lui apporter de réponse, car même la personne qui m’avait communiqué ce proverbe étant en peine de le restituer dans le contexte dans lequel il a été créé et ensuite employé lors de joutes oratoires ou de discussions entre des protagonistes.
AD AS YAΣFU UGELLID AMEQQRAN

Madame Sakina AIT AHMED
Taneɣlaft n Tutlayt d yedles n Unavad Uεḍil

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