Pourquoi Ali Haddad s’attaque au MAK ?

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Ali Haddad
Ali Haddad

TIZI-OUZOU (Tamurt) – Pourquoi l’homme d’affaire Ali Haddad s’est-il attaqué aux Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), samedi matin lors de son intervention à la maison de la culture « Mouloud-Mammeri » de Tizi Ouzou à l’occasion de l’installation du bureau régional du Forum des chefs d’entreprises, qu’il préside ?

Pourtant, l’événement n’était pas du tout approprié pour ce genre d’attaques gratuites même quand on sait qu’Ali Haddad roule pour le clan présidentiel. Le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie représente un courant d’idées différentes et nouveau. Il propose un projet pour faire sortir la Kabylie du marasme généralisé dans laquelle elle ne cesse de se débattre depuis des décennies. Le MAK a pris en considération toutes les spécificités régionales de la région kabyle et en a fait son projet.
En plus, le MAK est un Mouvement pacifique. Donc, à une époque où tout le monde chante la démocratie en Algérie, de quel droit peut-on se permettre de dénier à des citoyens d’avoir des idées et un projet différent ?

Pourquoi tous les autres partis politiques algériens, fussent-ils des islamistes intégristes ou encore d’anciens dinosaures ayant ruiné l’Algérie, sont tolérés, voire encouragés, médiatisés et subventionnés à coup de milliards alors que le MAK, porteur d’un projet franchement moderne et émancipé est ciblé de la sorte par tous les agents du pouvoir ?
Est-ce le fait que le MAK échappe totalement au contrôle du pouvoir algérien ? Certes, il s’agit de l’une des raisons principales. Mais pas seulement, la lumière a toujours fait peur aux ténèbres.

Pour revenir à Haddad, ce dernier sait-il à quoi il s’expose en s’en prenant ainsi au MAK qui représente actuellement le mouvement politique le plus représentatif en Kabylie ?  « Cette Algérie fière, une et indivisible conformément aux principes fondamentaux de notre Constitution qui vient de consacrer le statut de langue officielle à tamazight », a martelé Ali Haddad. Jusque-là, il ne fait qu’exprimer sa propre position et il est libre. Mais il va plus loin en ajoutant : « l’inscription de Tamazight dans la constitution comme langue officielle est une « avancée majeure » qui constitue une réponse « cinglante à la duplicité et aux sombres desseins d’aventuriers en mal de reconnaissance qui instrumentalisent cette cause noble et légitime pour en faire un instrument de division et d’aliénation. Nous devons refuser de les suivre dans leur démarche, nous avons qu’une seule patrie, c’est l’Algérie ». A bien le comprendre, lui, il a le droit d’adhérer à des idées et à un projet politique mais les autres, non.

Et les autres, ce sont les kabyles comme lui. Jusqu’à quand on continuera à dénier aux citoyens de faire leur propres choix en s’érigeant en tuteur. Les kabyles ont pendant longtemps eu des tuteurs et on voit où en est la Kabylie. Ali Haddad, qui semble défendre tamazight, aurait pu par exemple, en lançant ses journaux Le temps d’Algérie et Waqt El Djazair, créer en même temps un troisième quotidien en tamazight ou à tout le moins inclure des suppléments en tamazight dans les deux publications quotidiennes qui lui appartiennent. Il ne l’a pas fait. Ou bien réserver des plages horaires en tamazight dans les deux chaines de télévision. Il ne l’a pas fait non plus. Pourtant, c’est beaucoup mieux que de s’attaquer aux kabyles et à leur projet.

Lyès Medrati

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