Le MAK doit éviter les erreurs du FFS et du RCD

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CONTRIBUTION (Tamurt) – En lisant les commentaires de quelques amis souverainistes sur mon article « Basta ! », je ne pus m’empêcher de penser à la prémonition de Fouroulu dite il y a 60 ans.

Le 12 janvier 1957, Mouloud At-Chavan (Feraoun) écrivait ceci dans son journal: « J’ai pu lire d’un bout à l’autre le numéro spécial du Moudjahid. J’ai été navré d’y trouver pompeusement idiot le style d’un certain hebdomadaire régional. Il y a dans ses trente pages beaucoup de démagogie, de prétention. Un peu de naïveté et d’inquiétude. Si c’est ça la crème du FLN, je ne me fais pas d’illusions,…vos ennemis de demain seront pires que ceux d’hier ».

Le Mouvement pour l’autodétermination (anciennement pour l’autonomie) de la Kabylie (MAK) est né suite au génocide kabyle de 2001. Face à l’indifférence des Algériens devant les massacres perpétrés par les gendarmes de leur pays en Kabylie et les incompatibilités irréconciliables entre les modes de vie des deux peuples (les Algériens et les kabyles), ces derniers ont décidé, enfin, de s’assumer et de se prendre en charge.

Essayer de convaincre la population de renouer avec la joute politique était une tâche difficile. Les kabyles étaient blasés des chicanes stériles entre les deux partis de la région. Les agissements égocentriques et irresponsables de « Si El Hocine » et du « Docteur Sadi » qui considéraient le FFS et le RCD comme leurs propriétés privées et les purges à répétition qu’ils pratiquaient contre tous ceux qui ne leur obéissaient pas au doigt et à l’œil, ont vidé ces deux partis de leurs forces vives.

Pour parer à cet état de fait, le MAK a instauré, dès son premier congrès en 2003, des règles de fonctionnement modernes : limitation des mandats et des pouvoirs du président, existence de contre-pouvoirs et primauté des instances du mouvement (conseil national et congrès) dans la prise de décision. Tout le monde espérait que la page noire du « zaimisme » et du culte de la personnalité était définitivement déchirée, brulée et jetée dans l’océan antarctique pour ne plus réapparaître dans le paysage politique kabyle.

Malgré les pétrodollars du régime colonial d’Alger, malgré la traîtrise de ses vils larbins et indics locaux, malgré les compagnes de désinformation nauséabondes des plumitifs et autres valets du général Fawzi, malgré la répression systématique, les harcèlements et les arrestations des forces d’occupation algériennes, le discours de vérité et d’espoir du MAK a pu convaincre de larges parties du peuple Kabyle. Le MAK est devenu un cadre de lutte naturel pour une jeunesse férue de démocratie réelle, de séparation des pouvoirs, de culture de démission et d’alternance aux responsabilités.

Toutefois, le mouvement qui était pendant plusieurs années une pépinière d’idées et de débats passionnants, est devenu désormais un temple pour les idolâtres du grand maître. Les pratiques du FFS et du RCD renaissent de leurs cendres et des purges maquillées d’accusations farfelues sont lancées contre de valeureux militants.

Aucun conseil national du MAK, aucune réunion du GPK (réduit à un seul ministre), ne sont tenus depuis plus d’un an. Aucun document de qualité n’est publié depuis des lustres pour servir de support à nos militants sur le terrain et donner plus de substance à notre projet. On se contente juste d’une nébuleuse feuille de route élaborée « démocratiquement » par la seule et unique personne autorisée à réfléchir et à décider au sein du mouvement. La culture kabyle qui sacralise la concertation, la prise de décision collective (Aseqamu n taddart) et le respect des opinions des petites gens est remplacée par un suivisme absolu et un acquiescement pavlovien aux décisions graves prises en solo par le grand chef.

Au lieu de se livrer à une véritable introspection pour améliorer le fonctionnement du mouvement et donner davantage d’assurances aux kabyles quant au sérieux de notre démarche, les écrivaillions de commentaires, à l’image des journaleux du Moudjahid, se sont déchaînés contre ma modeste opinion. Ignorant que la politique est une affaire d’idées, donc ça se discute, à moins que l’on soit  troublé par des hallucinations ou la rigidité d’esprit, ces fanatiques du web ont déversé sans modération une avalanche d’insultes contre ma personne.

Par cette vision manichéenne, « ces militants », qui vivent pourtant dans des contrées démocratiques, n’honorent en rien la Kabylie. Leurs réflexes « inquisitoires » sont plus proches de ceux des adeptes d’Aboubaker El Baghdadi que de la culture de dialogue et de tolérance des kabyles.

En reproduisant les mêmes errements du FFS et du RCD, les leaders du MAK à l’étranger doivent être mis face à leurs responsabilités. Croire que la jeunesse kabyle acceptera de replonger dans les archaïsmes du paternalisme, du « zaimisme » et du culte de la personnalité à l’ère du big data, est une vue de l’esprit. Le temps est venu pour les souverainistes kabyles de tourner la page de la génération d’avril 1980 et de proposer une organisation politique moderne à la Kabylie. La décision reviendra en définitive au peuple kabyle qui aura à trancher la question de son avenir lors d’un référendum.

Aksil At-Mezian

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