Il y a 22 ans, Said Tazrout fut assassiné

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Said Tazrout
Said Tazrout

KABYLIE (Tamurt) – Aucun hommage n’a été rendu, cette année encore, à Tizi-Ouzou, au journaliste assassiné Said Tazrout. C’est dire à quel point le sacrifice des journalistes mais aussi de la majorité des citoyens tués, pendant les années aveugles du terrorisme, a été vain dans une Algérie qui accorde plus de considération aux repentis qu’à leurs victimes.

Comment peut-on oser passer sous silence l’anniversaire de l’assassinat d’un journaliste, qui pourtant, du temps où il exerçait, avait défrayé la chronique par ses écrits audacieux où il s’en prenait au terrorisme et à l’islamisme mais aussi à la mafia locale ?

Il y a vingt-ans, le 3 septembre 1995, l’un des journalistes de Tizi-Ouzou les plus courageux a été assassiné par balles à la Nouvelle-Ville de Tizi-Ouzou, à quelques dizaines de mètres de sa maison. Il était une énième victime du terrorisme qui a emporté des dizaines de journalistes mais aussi des citoyens qui exerçait différents métiers.

La particularité du journaliste Said Tazrout, qui travaillait au journal « le Matin » (un grand tirage à l’époque), était qu’il signait avec son propre nom au moment où la quasi-totalité des journalistes exerçant à Tizi-Ouzou ou ailleurs avait, ou bien carrément arrêté le métier ou choisi un pseudonyme pour ne pas s’exposer trop au danger.

Mais Said Tazrout, dont le courage ne peut être oublié par aucun de ses confrères, y compris ceux qui ne partageaient pas ses idées et ses méthodes, a continué à agir à visage découvert. Il était convaincu que, quand on choisit d’être journaliste, la peur ne pouvait pas avoir de place. Durant la période où Said Tazrout avait exercé à Tizi-Ouzou, l’actualité dans la région était extrêmement dense.

Il y a eu la grève du cartable, le terrorisme, l’enlèvement de Matoub Lounès, qu’il avait interviewé à maintes reprises… La salle omnisports de Tizi-Ouzou porte désormais son nom. Elle a été inaugurée par l’ancien chef du gouvernement Mokdad Sifi, quelques mois après l’assassinat de l’enfant des Aghribs, ravi aux siens alors qu’il n’avait pas encore bouclé ses trente ans et pouvait aspirer à un avenir professionnel des plus brillants.

Tahar Khellaf

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