Salon du livre d’Alger : Des écrivains appellent au boycott

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ALGER (Tamurt) – Des dizaines d’écrivains, des journalistes et des intellectuels algériens ont appelé, cette semaine, au boycott de la vingt-deuxième édition du Salon international du livre d’Alger qui se tiendra du 25 octobre au 5 novembre prochain dans la capitale algérienne.

Il s’agit d’une réaction énergique de la classe intellectuelle suite aux déclarations gravissimes et misogynes de Messaoudi Hamidou, commissaire dudit Salon. Les signataires de l’appel en question rappellent que tout a commencé avec une interview du commissaire du Sila accordée à Ennahar TV (encore elle !). « Lors d’une interview sur le plateau d’Ennahar TV, le commissaire de cette manifestation M. Hamidou Messaoudi, également directeur de l’ENAG (Entreprise nationale des Arts graphiques), a évoqué la polémique soulevée l’an dernier par la présence, au SILA, d’un livre intitulé « Frapper son épouse : une solution pour les problèmes conjugaux ? » d’un certain Abdelhamid Ahmed Abou Souleiman.

Sur un ton humoristique adipeux, le responsable du SILA estime qu’une telle controverse n’avait pas lieu d’être d’autant que ce « fascicule pourrait s’avérer utile pour modérer la violence conjugale car certaines épouses frappées par leurs maris, semblent avoir été percutées par un camion ». Les concernés soulignent en outre que cette déclaration ne souffre aucune ambigüité : au lieu de massacrer son épouse, l’homme algérien devrait apprendre « l’éthique » coranique de la violence conjugale (Sourate Nissaâ).

« Au moment où les prédicateurs téléportés du VI siècle dénoncent vigoureusement les lois algériennes qui condamnent cet acte et les considèrent, à juste titre et fort heureusement, en contradiction avec les Textes Sacrés, le premier responsable du SILA vient indirectement faire écho à leur propagande de la haine et de la violence, et comble de l’infamie, en fait une matière à rire. Bien sûr, M. Messaoudi a tout à fait le droit de considérer qu’un coup modéré asséné à une femme est toujours mieux qu’une bastonnade ; il a le droit de faire sienne cette insoutenable légitimation d’un phénomène social dont on sait depuis toujours que les séquelles physiques sont de loin moins destructrices que les hématomes indélébiles laissés sur la dignité et l’estime de soi », ajoute les initiateurs de l’appel au boycott du Sila.

Et d’ajouter : « Nous écrivain(e)s, éditeur(trice)s, intellectuel(le)s, lecteur(trice)s, avons aussi le droit de déserter massivement ce 22e Salon international du livre en exprimant, sur toutes les tribunes qu’il nous sera possible d’occuper, les raisons morales et historiques qui nous poussent au boycott. Morales parce que la violence conjugale est tout simplement inacceptable, quel que soit « l’opinion » du Sacré à ce sujet. Historiques car, dans un passé pas très lointain, écrivains, intellectuels, journalistes et artistes ont pris part à la résistance citoyenne contre la terreur intégriste qui voulait imposer cette négation de la vie et de la dignité humaines ». Parmi les signataires de l’appel, on peut citer la romancière Sarah Haider, l’écrivain Akram El Kébir, Anissa Kahla, Wassyla Tamzali, Slimane Laouari, L’actrice Nadia Kaci, les journalistes Malika Boussouf, Hacen Ouali, etc.

Tahar Khellaf pour Tamurt

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