1/3 Aksil n'At-Dwala versus ammi Salah de Beni-Douala – Première partie : la Moualima, Abou Ridha et Okba Ibnou Nafaa

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CONTRIBUTION (Tamurt) – S’entêtant dans son paternalisme hautain, le chroniqueur d’El Watan décrète : Les Kabyles doivent être à l’image de ammi Salah de « Beni- Douala ». Autrement dit, un bon Kabyle est un éternel oppressé, un apatride qui s’oublie et qui ne doit se préoccuper que des causes des autres. Aux yeux de cet humaniste de pacotille, il y a juste le sacro-saint peuple palestinien et la « République arabe » sahraoui qui subissent l’apartheid. Pourtant, l’histoire d’Aksil n’At-Dwala en dit long.

Aksil est né à la fin des années 70, au village Tighzart, comme At-Aissi, laɛarche At-Dwala. Si le nom de son village est resté tel quel, ceux de sa commune et de sa sous-préfecture ont été falsifiés par les administrations coloniales française et algérienne ainsi que par leurs journaleux d’hier et d’aujourd’hui à « Beni-Aissi et Beni-Douala ». Dès sa naissance Aksil n’était pas le bienvenu pour les bureaucrates de « son pays ». Son prénom, trop kabyle, raisonnait mal aux tympans des agents zélés des services de l’état-civil du criminel Boumediene.

Ces derniers ont suggéré à son père, comme ils nous « suggèrent » aujourd’hui de ne plus écrire le kabyle en caractères latins, des prénoms authentiquement algériens : Oussama, Okba, Islam, Chawki, etc. N’eût été la persévérance de son père, Aksil, risquait de se retrouver sans prénom, ou pire encore avec un prénom mortifiant. À l’âge où tous les enfants découvrent la télévision et les dessins animés, Aksil ne comprenait rien de ce que la télévision unique et inique de « son pays » diffusait. Par chance, Aksil passa la majeure partie de son enfance en compagnie de grand-mère maternelle, Tassadit, qui l’abreuvait de contes kabyles.

À 6 ans, alors qu’Aksil piaffait d’impatience pour rentrer à l’école de « son pays », il a été victime, dès le premier jour, d’un traumatisme. Au lieu d’être accueilli dans la langue de sa grand-mère Tassadit, la belle langue kabyle, la Moualima (maîtresse d’école) s’est adressé à lui et à la trentaine d’autres élèves kabyles de
sa classe dans un étrange charabia. Aksil découvre par la suite que c’était la langue de Beni Koreiche. La « langue sacrée! » de… Aboû Nouwâs, brillant poète libertin, pionnier de la poésie bachique (le pikhou) et érotique!

À l’école primaire et au collège, Aksil a appris que le peuple amazigh était un peuple primitif avant la colonisation arabe. Curieusement, la Moualima, n’utilise le mot colonisation que pour parler des Français et des Romains. Pour elle, les Arabes « ont ouvert » l’Afrique du Nord. Ils n’ont pas envoyé des combattants armés jusqu’aux dents pour piller, violer et réduire en esclaves des centaines de milliers de femmes et d’hommes amazighs. Ils sont venus en missionnaires, roses et rameaux d’oliviers à la main. Ils furent accueillis, toujours selon la Moualima, à bras ouverts par les amazighs. Ces derniers adhérèrent spontanément et volontairement par millions à la nouvelle religion pour former le « glorieux peuple algérien » de nos jours, constitué de 90 % d’arabes et de 10 % de khalit (frites margez !)

Aksil, se rappelle plus particulièrement de son prof d’histoire, un Palestinien au nom de Aboû Ridha qui ne laissait personne indifférent. En plus de ses 95 kilos, Aboû Ridha est connu pour être un adulateur de Okba Ibnou Nafaa. Sans aucune gêne Aboû Ridha dénigrait avec allégresse Koceila, en terre kabyle, en le traitant de renégat et d’assassin. Après vérification, Aksil apprend que Koceila était un grand Roi amazigh et qui s’appelait en réalité Aksil tout comme lui. Les Arabes, en faussaires d’histoire et de toponymie, l’ont appelé ainsi pour le dévaloriser. Ils lui reprochaient de s’être révolté, comme ils nous le reprochent aujourd’hui, et d’avoir tranché la gorge de Okba Ibnou Naffa qui voulait le réduire en domestique. Contrairement aux affabulations de Aboû Ridha, Aksil découvre que le Roi amzigh qui porte son prénom ainsi que la Reine Dihya (Kahina) étaient les autochtones de cette terre. Loin d’être des héros Okba et ses sbires n’étaient en revanche que des envahisseurs, des pervers sexuels, assoiffés de sang, de femmes et de butins de guerre, tout comme Aboû Baker El Baghdadi et ses nervis aujourd’hui.

(À suivre la deuxième partie de Aksil n’At-Dwala versus ammi Salah de Beni- Douala : Guermah Massinissa, Matoub Lwenas et la République kabyle)

Amayas B

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