Yidir, les septuagénaires kabyles et Lwenas Matoub

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CONTRIBUTION (Tamurt) – Hamid Cheriet, Yidir, ou Idir pour les plus complexés, est libre de chanter là où il veut, de divertir celui qu’il veut et d’encaisser en contrepartie de gros chèques. C’est son gagne-pain et tant mieux pour lui! Cependant, les septuagénaires kabyles de sa génération qui montent au créneau pour le défendre et qui essayent d’interdire aux plus jeunes de le critiquer, sous le prétexte fallacieux qu’il est un symbole, sont en rupture avec leur époque. Comme l’avait souhaité Lwenas Matoub, les jeunes kabyles veulent tout simplement être eux-mêmes et s’affranchir de la culture du « quémandage » chère à Yidir et ses congénères.

Yidir qui avait juré, à maintes reprises, sur tous les saints d’At Yanni, qu’il ne chanterait jamais sous l’égide d’un président ou d’un régime autoritaire, l’a finalement fait ce 4 janvier 2018. Les jeunes qui expriment aujourd’hui leur déception sur la toile, font juste lui rafraîchir la mémoire en considérant son acte comme une capitulation, un renoncement. Qui oserait imaginer, un seul instant, Charles Aznavour « se donner en spectacle » à Istanbul?

Il n’y a pas si longtemps, devant des Kabyles acquis au projet indépendantiste, Yidir défendait tout de go le droit du peuple kabyle à l’autodétermination. Pour plaire aux Français, une autre maladie ravageuse dont souffrent nos septuagénaires, Yidir s’est produit avec enthousiasme en compagnie de « son ami juif » Enrico Macias sur le plateau de Vivement dimanche de France Télévision. Dans une interview au journal le Monde, Yidir le géologue, a assumé ouvertement et « scientifiquement » son athéisme.
Autres temps, autres mœurs. Pour encaisser un gros chèque, Yidir a non seulement accepté de divertir les régents d’Alger, mais s’est senti obligé de se démarquer voire de dénigrer le projet de construction d’un État kabyle. Pis encore, Yidir s’est arabisé et s’est islamisé lors de son passage sur le plateau de la nébuleuse Ennahar tv, média ouvertement raciste et kabylophobe. Il a également fermé les yeux sur le bannissement de Patrick Bruel, « son ami juif », de sa tournée.

À la coupole d’Alger et devant un public constitué à 90 % de septuagénaires kabyles, Yidir qui a complètement perdu la voix (e), s’est exprimé exclusivement dans un français moyen, comme il le fait toujours dans ses spectacles. Inconsciemment, pour Yidir et pour la majorité de nos septuagénaires, la langue kabyle n’est bonne que pour le folklore, les adages et « zwitt arwitt ». Le commun des mortels pouvait aisément constater que Yidir s’exprimait avec difficulté en français. Toutefois, au lieu d’être lui-même, pour une fois, et laisser libre cours à ses tréfonds en s’exprimant dans sa langue naturelle, le fils d’At Lahcène a choisi de parler dans un français préfabriqué. Quelle tristesse! Yidir s’est aussi senti obligé de se justifier au sujet du drapeau et la langue amazighs, faisant fi d’ignorer que les Algériens n’avaient pas fait de même quand ils nous ont imposé la langue de Beni-Koreiche et le drapeau d’Émile Busquant (la femme de Messali Hadj).

Au final, il appert clairement que deux visions de l’avenir de la Kabylie s’affrontent actuellement au sein de la société kabyle. La première est traînée par les septuagénaires et les éternels acteurs d’avril 80. Ces personnes, que nous respectons pour leurs âges, croient encore à une prétendue langue amazighe, à sa généralisation à travers l’Algérie, voire à travers l’Afrique du Nord et à une possible cohabitation entre Kabyles et Algériens. Leur culture politique se résume à une lutte stérile de chapelles, un narcissisme surdimensionné, une paranoïa délirante et une sacralisation du grand « zaim » au détriment de l’intelligentsia collective.

La deuxième est prônée par des jeunes, qui font de Lwenas Matoub leur référence. Leur langue est le kabyle. Ils vivent avec, naturellement et ne cherchent absolument pas à l’imposer ni aux Constantinois, ni aux Tlemceniens, ni même aux Chawis. Ils ne veulent plus étudier le Kabyle à partir de la 4è année à raison de trois heures par semaine comme on étudie le latin ou le grec ancien en Europe, mais veulent étudier avec cette langue, dès la première année primaire, des matières comme le calcul, la géographie et l’histoire. Ils ont décrété Yennayer journée chômée et payée en pays kabyle depuis une quinzaine d’années et ils ne se soucient guère de savoir si cette fête est célébrée à Beni Snous ou à Beni Messous. Les jeunes kabyles se sont affranchis du complexe du colonisé et ne perdront jamais leur dignité à quémander à Anne Hidalgo de célébrer les « Berbères » comme des tribus primitives à l’Hôtel de ville de Paris ou de Tataouine-les-bains. Les jeunes kabyles veulent instaurer une nouvelle culture politique, basée sur la démocratie participative, l’existence de contres pouvoirs, la limitation des mandats et le bannissement du « quémandage » et du « zaimisme ». Ces nouvelles mœurs seront la pierre angulaire d’un développement économique et social sur lequel se construira la République kabyle, chère à Lwenas Matoub.

Aksil At-Wali pour Tamurt

5 Commentaires

  1. Eh oui ! Idir n’est pas le seul kabyle à s’opposer à la libération du peuple kabyle, son propre peuple !
    L’appât du gain et le conformisme politique ont eu raison sur la dignité et l’honneur. Yetcha taqvaylit-is ! Il est plus risqué pour lui de s’assumer en tant que kabyle en Algérie,car cela nécessite beaucoup de courage .
    Je ne crois pas camarade Aksil que tous les septuagénaires kabyles sont à mettre dans le même sac.J’ai plus de 60 ans et je soutiens à fond l’idée d’autonomie puis d’indépendance depuis la naissance du MAK en juin 2001.

  2. Franchement vous n’arretez pas. De la part d’un amazigh intégré je n’adhère pas a vos analyses et votre manipulation l’Algérie et fière de ses enfants. La kabylie ne s’arrête pas a tizi. Ou a Paris. C’est vraiment plus grande pour résister à toutes les attaques. J’aimerais savoir qu’est ce qui se passe à Montreuil comment se font manipuler les Algériens de la région de kabylie. Et les manipulateurs qu’est ce qu’ils possèdent comme bien Et comment ils gagnent leur vie.

  3. Merci Aksil. À noter que les acteurs de 1980, sont, pour la plupart, pour une Kabylie souveraine et indépendante.
    Quant à Malki: dayen. Aavar ifagh. Inutile de perdre votre temps à coller les morceaux. Ça ne prend plus.
    Les Kabyles savent qui ils sont.

  4. Quel tristresse de voir notre Idir parler pendant de long minutes entre ses chansons dans un francais avec un horrible accent! Il aurait pu s’exprimer en Kabyle et sauver sa face mais notre Idir qui a passe 40 and en France parle en francais comme un employe immigre de chez Renault qui le pauvre n’as pas eu le temps de corriger l’intonation des mots. En plus son orchestre etait miserablement mediocre; la porise de song super mediocre. Entre autres!

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