Il y a 35 ans : Slimane Azem, un artiste opprimé par le pouvoir

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CULTURE (Tamurt) – Il était opprimé et censuré par le pouvoir et ses relais mais vénéré et adoré par les kabyles. Immortel, trente cinq après la mort de Slimane Azem, il demeure l’un des plus grands, sinon le plus grand parmi les ainés.

C’est sans surprise qu’aucune activité officielle n’a été organisée à Tizi-Ouzou par les responsables officiels de la culture pour commémorer le 35 ème anniversaire de la mort du pilier de la chanson kabyle, Slimane Azem.  C’est donc une petite association « Ighrane », du village natal du poète exilé qui a organisé vendredi et samedi dernier deux journées commémoratives pour rendre hommage à l’un des meilleurs poètes kabyles de tous les temps, doté d’une voix sublime et compositeur hors-pair ayant inspiré une grande partie de ses successeurs. Malgré le manque de moyens, l’association du village qui a enfanté le monument Slimane Azem a pu marquer à sa manière cet anniversaire en invitant notamment trois personnalités.

Ces derniers ont animé de très intéressantes conférences sur la vie et surtout l’œuvre du poète. Il s’agit de Arab Aknine, Ramdane Achab et Amar Zentar. Par ailleurs,  une riche exposition sur le même thème a été abritée par le même village. Des quatre coins de la Kabylie, des visiteurs ont afflué à Agouni Gueghrane pour rendre hommage à leur manière à cet artiste qui a bercé plusieurs générations de kabyles et qui a même éveillé les consciences grâce notamment à ses chansons philosophiques. Un artiste, il ne faut jamais l’oublier, qui a été banni par le pouvoir algérien qui l’a interdit d’antenne de tous les médias. Que ce soit la télévision publique, les chaines de radio dont la chaine II-kabyle, et même les journaux, ils n’ont jamais évoqué le nom de Slimane Azem jusqu’à 1988 après le semblant d’ouverture qu’a vécu le pays.

Mais malgré ce black-out total, Slimane Azem s’était imposé comme le numéro un de la chanson kabyle. Au moment où les chanteurs kabyles de service de sa génération avaient tous les médias à leur disposition, ils n’ont pas réussi à lui faire de l’ombre. Car le talent de Slimane Azem, à tous points de vue (poésie, musique et voix) est de loin supérieur à tous les autres. D’ailleurs, la version la plus plausible concernant son exclusion de la radio kabyle (chaine II) est que c’est un autre chanteur kabyle très célèbre, responsable à la radio à l’époque qui est derrière l’indigne interdiction d’antenne ayant frappé Slimane Azem. Des décennies plus tard, le peuple kabyle rend hommage à Slimane Azem au grand dam de tous les censeurs algériens.

Tahar Khellaf

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