Mohammed Hachemaoui : « C’est l’armée algérienne qui est derrière le Hirak »

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Le Hirak
Le Hirak

ALGERIE (TAMURT) – Le célèbre politologue Mohammed Hachemaoui a affirmé que c’est l’armée algérienne (ANP-Armée Nationale Populaire) qui est derrière le soulèvement ayant commencé le 22 février 2019 et c’est elle qui circonscrit le périmètre de la contestation pour que rien ne change.

Dans une interview au journal « La croix », publiée à l’occasion du premier anniversaire de ce qu’on appelle Hirak en Algérie, Mohammed Hachemaoui a estimé que tout ce qui se raconte au sujet de ce soulèvement n’est que le récit hégémonique et enchanté d’un « soulèvement populaire et pacifique » qui aurait introduit une « rupture historique », et qui s’est imposé dès les premiers instants du mouvement, en février 2019, notamment par l’intermédiaire d’intellectuels et des médias inféodés à la police politique. « Ceux qui propageaient la rhétorique réactionnaire du régime depuis le coup d’État militaire de janvier 1992, se sont mués soudain en chantres de la révolution. Le 22 février 2019, le chiffre de 900 000 manifestants a été relayé pour imposer, dès le lendemain, la thèse de l’avant et de l’après 22 », explique le politologue en rappelant que le 8 mars marque l’entrée en scène des familles, après celle des supporteurs de foot « – dont les clubs sont sous la coupe du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) ». « Les médias ont multiplié les signaux rassurants pour inciter les classes moyennes à rejoindre le hirak sans craindre la guerre civile et l’intervention de l’Otan comme en Libye. Et la police secrète, d’ordinaire prompte à agiter le double spectre de la fragmentation du pays et de la guerre intérieure, a assuré la sécurité de cette révolution pacifique, a ajouté le politologue.

Mohammed Hachemaoui étaye sa thèse en s’interrogeant : « Pourquoi n’y a-t-il pas eu, en un an, le moindre sit-in devant le ministère de la Défense ? Une fois en confiance, les jeunes évoquent, en off, le terrorisme d’État pour qualifier les assassinats politiques et massacres de civils des années 1990, couverts par l’amnésie et l’impunité. Or le hirak, qui se veut en rupture radicale avec le système, ne réclame pas la vérité ni ne demande de comptes ». Et d’ajouter : « Le hirak est un mouvement anti-politique. Il procède, pour reprendre Marcel Mauss, d’un mensonge social. Dans le contexte de profond désespoir de la population, chacun a envie de croire à la révolution du sourire, représentation profondément gratifiante, bien que fallacieuse, qui redonne de l’estime de soi, de l’espoir, et reporte à plus tard le retour à la vie réelle. Faire durer le hirak devient une fin en soi. Quant au feuilleton des arrestations de « militants » et d’ « opposants » lors de ce hirak, Hachemaoui estime qu’il s’agit d’une mise en scène et d’une comédie.

Voilà ce qu’il dit à ce propos : « Ce feuilleton orwellien qui se joue à huis clos procède d’une farce judiciaire. Ils font semblant de les juger, on fait semblant de les croire, me glissait un vieil Algérois. Non, rien n’a changé. Alger est quadrillé par un réseau impressionnant de casernes. La pseudo-politique est précisément cette politique de dissimulation de la politique réelle. La manière dont l’appareil de propagande célèbre le peuple après l’avoir longtemps confondu avec la plèbe contribue à l’enfermer dans les structures de l’État garnison, par l’occultation du processus historique et des mécanismes de la domination prétorienne ».

Tarik Haddouche

5 Commentaires

  1. La symbolique est dans la continuité. Le régime des agents du Caire qui se fit confectionner l’hymne « national » par un égyptien, pays d’où furent importés des milliers d’enseignants d’arabe, une valeur de la caste de boukharouba qui fit son unique scolarisation à la mosquée d’El Azhar. Le non du mouvement((HIRAK)) est dans la continuité, le syndrome de Stockholm a fait que le régime s’annonce au travers de sa linguistique. La Kabylie a tout de suite dénoncé la farce qui voudrait que la Kabylie serait uniformisée par les slogans de l’Algérie arabe des rues. Ensuite c’est trop discipliné pour un pays où tout est désorganisé. Enfin le vide sémantique est comblé par la communication qui écrème les slogans issus des forums pour singer le peuple. En réalité le régime est tombé seul par sa propre vacuité, paradoxalement nous savons que les faux prisonniers servaient pour assouvir le besoin de vengeance mais ne réglait pas les causes politiques. Pour le régime insuffler une dose de patriotisme pour gagner du temps était une nécessité vitale. Ce qui arrive à sa limite intrinsèque c’est l’Etat arabe politique et son école arabe succursale de la mosquée, les deux avaient fait l’identité de rechange. Ce qui de fait unit Hirak- et régime.

  2. la croix est um journal régional du catholicisme franceai proche des fondamentalistes islamiste algerien, la libérté d´information c´est bien mais leur église est aussi opaque que le régime algerien!

  3. Croire que le DRS reste les bras croisés face à un mouvement populaire c’est faire preuve de naïveté. Comment imaginer que le DRS soit devenu muet alors que sa matrice, l’armée, est aux avant posts durant toute la crise.

    Que cette masse d’algeriens soit manipulée n’est en rien un exploit, c’est même dans l’ordre des choses des services algériens. Le seul dégât collatéral qui nous a touché en tant que kabyle est le recul sur le plan de La Défense de la langue Kabyle ; ce hirak a en effet presque réussi à rendre fréquentable la langue arabe au dépens de la langue des Kabyles. Les mots de Matoub qui sont en Kabylie parole d’evangile ont presque été ringardises par les slogans du hirak : il est devenu normal en Kabylie de scander en arabe « khawa khawa », « djazair hourra dimouqratia » « djich chaab khawakhawa » et j’en passe…

    Il est difficile aux kabyles algerianistes de croire qu’ils sont manipulés du début à la fin de c hirak par les services secrets de l’armée algérienne, ils ne peuvent le reconnaître tout comme le rcd n’a jamais reconnu l’avoir été par le régime…

    Les militants kabyles qui ne s’attendaient pas à voir la position de notre langue reculer et voir la langue arabe trôner dans la rue kabyle après l’avoir été dans l’administration, l’enseignement et le reste, sont comme dans un cauchemar éveillé. Ils sont certes sonnés mais ils se relèveront. Ils auront le dernier mot, par tous les moyens… N’oublions jamais que le déclenchement des évènements qui ont abouti à l’indépendance Algérienne est l’oeuvre Non pas du grand nombre mais d’un mouvement de militants déterminés. Tous les moyens sont légitimes pour le triomphe de la liberté en Kabylie.

  4. Tout ce qui excessif est insignifiant.C’est une analyse tirée par les cheveux.Il y a bel et bien une insurrection contre a junte militaire et pour un Etat démocratique.Ceux qui marchent ne sont pas des moutons M. Hachemaoui. Vous avez tout faux.Il y a une chose dont je suis sûr: une Algérie démocratique est une utopie sous l’idéologie arabo-islamique qui est le socle du système honni,de la société arabophone et de la classe politique (exceptés le FFS,le RCD et la gauche).Les marcheurs kabyles doivent revoir leur copie et dénoncer avant tout la politique criminelle d’arabisation du peuple kabyle et cesser de jouer aux gladiateurs de la démocratie algérienne en oubliant leurs intérêts suprêmes et en priorité la défense de l’identité kabyle qui subit un véritable génocide linguistique et culturel.

  5. L’armée derrière le hirak ? Est-ce que les marcheurs scandent  » peuple avec le cdt de l’armée!  » ? Le cdt militaire est vilipendé chaque vendredi et mardi avec ce slogan phare « les généraux à la poubelle w Ldjazayer teddi l’istiqlal « .Où est la manipulation ya Si Hachemaoui ?

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