Les oubliés du combat amazigh

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Lutte amazighe
Lutte amazighe

KABYLIE (TAMURT) – Ils sont très nombreux les grands militants de la cause identitaire amazighe dont on ne parle jamais, sinon très rarement. Mokrane Chemim, l’un des anciens détenus du printemps berbère et auteur, rend hommage à l’un d’eux.

Il s’agit de Ahmed Bouchelil que tout le monde, à Tizi Ouzou, appelle familièrement Ahmed Aamazigh. « A travers ce témoignage, écrit d’emblée Mokrane Chemim, je vais relater des faits qui ont eu lieu durant l’année 1985, à l’attention de ceux qui sont nés à la fin de la décennie 1970 et au début de celle de 1980, et qui aujourd’hui ont plus ou moins quarante ans et sont donc devenus des hommes et des femmes. Ils doivent savoir ce que nous savons ou tout au moins ce que je sais, en tant qu’acteur et témoin. Je ne le fais pas pour plaire, je ne suis ni partisan ni courtisan et je n’ai besoin de rien hormis votre amitié ». Mokrane Chemim précise qu’à travers cet écrit donc, « j’évoque les péripéties de quelques petites gens, de ces « gens d’en bas » qui constituent l’opinion tant convoitée par les prétendants au leadership. Il y a les leaders, faiseurs d’opinions et il y a ceux qui les suivent ou suiveurs, qui les soutiennent, les applaudissent et les défendent au péril de leur vie ». Mokrane Chemim ajoute : « De là, déduisons simplement que la vie devient injuste puisque la vie des uns a plus de valeur que la vie des autres. Mais ne nous éloignons pas de notre sujet. Je veux citer un exemple bien de chez nous. Année 1985, du mois d’octobre. Nous savons qu’au cours de cette année et dès le mois de juillet, les forces de police ont procédé à l’arrestation de plusieurs militants suite à la création de la ligue des droits de l’Homme et aussi d’associations de fils de martyrs de la guerre de libération.

A la suite de quoi, il est créé un Comité de Soutien aux Détenus qui dans un appel daté du 19/10/1985, demande à la population d’observer une grève et une manifestation d’avertissement pour réclamer la libération des détenus dont je fais partie. Encore une fois la police arrête près d’une quarantaine de jeunes qu’on incarcère à la prison de Tizi-Ouzou. Mais là est la chose que je désapprouve, moi qui suis partie intégrante de ces petites gen ». Tandis que, une fois par semaine, les animateurs du Comité de Soutien aux Détenus, organisent la solidarité avec ceux qui sont arrêtés au mois de juillet, aucune attention n’est accordée aux autres, aux petites gens qui pourtant ne sont qu’à Tizi-Ouzou ». Mokrane Chemim rappelle en déplorant : nul n’a daigné se préoccuper de leur sort et celui de leurs familles. « A ma libération, poursuit Mokrane Chemim, à la fin du mois de décembre 1985, j’entrepris de mettre sur pied un groupe de solidarité et de soutien à ces petites gens de différentes régions: Tadmaït (Rabah Akrour, Mohamed Younsi, Mezaguer), Ouaguenoun, Beni-Douala (Derridj Mansour, Bouchelil Ahmed), Mille excuses pour ceux dont j’ai oublié les noms,.. Selon les possibilités qui s’offraient à moi, je leur apportais de la nourriture (insuffisamment il est vrai), des journaux et du tabac et un peu de réconfort. Leur défense davait être assurée par maître Miloud Brahimi qui ne se penchait sur le dossier qu’à temps perdu ».

Idir Tirourda

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