RCD : le fleuve détourné

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1958
Siège du RCD à Alger
Siège du RCD à Alger

TAMAZGHA (TAMURT) – Qui aurait pu imaginer que le parti du RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie), qui avait charrié un immense espoir à sa création, le 9 février 1989, n’allait devenir qu’un lointain souvenir et une montagne de déceptions… Une montagne qui a accouché d’une souris.

Le 32ème anniversaire de la création du RCD est une autre occasion pour faire un bilan désastreux de ce parti qui était pourtant bien parti pour devenir une grande force démocratique et le représentant le plus crédible du courant moderniste. Mais les choses ont vite mal tourné dans la maison RCD. Créé le 9 février 1989 par de nombreux militants de la cause berbère et de la démocratie, le RCD, tel que conçu initialement n’a pas tardé à faire long feu.

L’omnipotence avec laquelle Said Sadi, l’ex-président de ce parti, a géré le RCD a été la raison principale qui a vite fait de transformer cet espoir en une véritable chimère. La liquidation de tous les membres fondateurs du RCD qui pouvaient faire de l’ombre au chef suprême, ajoutée à l’opacité qui planait sur les prises de décisions prises par le RCD depuis sa création, ont précipité ce parti dit démocratique dans le précipice et la faillite.

Aucun membre fondateur du RCD n’est resté dans le parti à commencer par les frères Ait Larbi qui ont été les deux premières victimes de Said Sadi avant d’être suivis par tant d’autres, jusqu’à arriver à l’homme, qui était pourtant intouchable, mais qui a tout de même fini par être évincé de manière spectaculaire. Il s’agit de Nourredine Ait Hamouda. Mais entre Ait Larbi et Ait Hamouda, il y a eu une infinité d’autres victimes de Said Sadi. Et, chaque fois, Said Sadi trouvait le moyen de s’attribuer le statut de bon alors que les autres sont toujours les « mauvais ». Il n’y a qu’à parcourir les archives pour revisiter les campagnes médiatiques haineuses menées contre tous les cadres du RCD exclus injustement à l’instar de Ferhat Mehenni, Djamel Fardjallah, Mokrane Ait Larbi, Arezki Ait Larbi, Rabah Boucetta, Hocine Nia, Nordine Ait Hamouda… La liste est malheureusement longue pour pouvoir citer tout le monde.

Des milliers de militants et de sympathisants ont également divorcé avec ce parti après avoir découvert de près son mode de fonctionnement résolument anti-démocratique mais aussi et surtout après avoir découvert que ce parti a été la création d’un clan du pouvoir, proche des généraux, dont la mission consistait à contrecarrer tous les vrais opposants sincères mais aussi de jouer le rôle de relais politique du pouvoir en Kabylie. Au fil des années, le RCD n’est devenu que l’ombre de lui-même. Une vraie coquille vide. Et même Said Sadi a fini par se prendre dans son propre piège. Après avoir décidé de quitter la présidence du parti en « y restant comme simple militant », il a imposé Mohcine Belabbas comme successeur sans qu’aucune voix discordante n’ose s’y opposer.

Mais, ce même Mohcine Belabbas s’est retourné contre lui puisqu’aujourd’hui, une guerre larvée mais silencieuse oppose les deux alliés d’hier. Sais Sadi n’a plus droit de cité dans la maison RCD où il faisait la pluie et le beau temps. Mohcine Belabbas, en dépit de son jeune âge, s’est avéré être un très bon élève de Said Sadi. Il a appliqué les mêmes méthodes que ce dernier. Le RCD ne mérite pas un bilan si peu reluisant. Mais Said Sadi et ses pratiques en ont décidé autrement.

Tarik Haddouche

3 Commentaires

  1. Il a èté crée pour bloquer le FFS, lequel a trahi la kabylie en rejoignant le parloir arabe. Puis le régime a joué la concurrence entre Saadi et Ait ahmed, depuis c’est la décadence continue. Du compromis sur la caution de l’arabisation que les deux partis assimilationistes exhibent toute honte bue nous sommes arrivés aux quotas de députés. Il faut dire que le régime arabe s’assume complétement dans la mesure où il n’a jamais cru à la pluralité de pensée et donc sa pléthore de partis est plus un moyen pour occuper le terrain politique par ses agents. Mais le pays en sort perdant si bien que le régime criminel tombe pour sa boulimie. Il est encore occupant de l’Etat mais sa courbe est descendante donc ses agents tentent d’accumuler le plus de sous au point de plus pouvoir déambuler tellement les poches autour du corps…

  2. Hélas, la démocratie kabyle n’est plus. L’époque où les chefs kabyles étaient élus et révocables et où toutes les décisions étaient prises par les assemblées de villages est révolue. Est ce, depuis 1857. La Kabylie et son modèle unique de société, qui fascinait tant les généraux conquérant, qui ne connaissait ni le clientelisme ni la corruption à fait long feu en 1870.

  3. Des kabyles dignes de ce nom n’auraient jamais accepté la prolifération de mosquées à profusion sur leur territoire, l’enseignement de l’arabe à leurs enfants, et la soumission à un régime dictatorial arabo-islamiste tyrannique, imposteur, illégitime et corrompu. Les kabyles ont d’ores et déjà perdu leur histoire, leur culture, leur religion, leur souveraineté, leur indépendance, leur terre, leurs ressources naturelles, leur richesse, leurs propres lois, leurs propres coutumes, leur singularité, leurs racines, et sont en train de perdre leur langue de façon inéluctable. La vraie kabylie s’est éteinte en 1857. Le ffs et le rcd ne se sont employés qu’à l’intégrer l’algérie.

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