Tamazight : retour à la case départ, selon Mokrane Chemim

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Mokrane CHEMIM
Mokrane CHEMIM

KABYLIE (TAMURT) – Le bilan que vient d’établir le chercheur et auteur en langue kabyle, Mokrane Chemim, concernant l’évolution de la promotion de la langue tamazight, démontre quel point chaque « avancée » enregistrée au fil des années, n’était que de la poudre aux yeux et un leurre.

En peu de mots, l’ancien détenu du printemps berbère, Mokrane Chemim, nous fait un bilan des plus objectifs. Ainsi, Mokrane Chemim souligne que « Quand on vous laisse la possibilité de créer un parti en application d’un article (l’article 40) d’une constitution non encore approuvée par le peuple, on peut se dire qu’il y a une avancée en matière de libertés politiques ; quand on assiste à la création du Haut Commissariat à l’Amazighité, on se dit qu’il y a une avancée en matière identitaire ; quand on dote la langue amazighe du caractère national puis officiel, on se dit que nous allons enfin sortir au grand jour ; quand arrive le jour où ils effacerons tout, il faudra tout recommencer, repartir de rien, de zéro et même moins que cela ».

Mokrane Chemim, considéré comme l’un des militants de la cause amazighe les plus sincères et honnêtes, enchaine dans le même sillage : « Moins que cela, parce que certains se seront bien enrichis, s’occuperont plus de la gestion de leurs affaires, d’autres auront été abusés donc démobilisés et d’autres encore ont perçu la possibilité de changer de statut et de dignité en s’affranchissant de leur ancien maître, et ainsi passer du rang de disciple à celui de maître : non plus servir mais se servir ». A titre l’illustration, Mokrane Chemim souligne : « Par exemple, les nombreux cadres du FFS qui, un jour de grande euphorie, se sont dit : pourquoi pas moi, moi aussi, j’ai le droit de me servir de cette généreuse source de jouvence. Ainsi, on tourne casaque et on s’en va ouvrir son épicerie. Pourtant, on voit bien que les petits commerces ne sont plus rentables parce que les grandes surfaces, les grandes enseignes dominent. Mais ainsi va la vie, cette vie qui finit par vous rattraper ». Mokrane Chemin ajoute en s’adressant aux imposteurs de tous bords : « la dispersion que vous avez promue puisque vous êtes créateurs de divisions en service commandé, n’arrangera pas les affaires aux moments historiques ». « Passons sur tous les précédents, mais qu’en est-il de l’année blanche de tous les enfants de Kabylie, à l’exception des vôtres bien sûr. Qui a négocié, conclu des accords, pour quels résultats ? », s’interroge Mokrane Chemim.

Ce dernier rappelle, à juste titre, qu’un quart de siècle après, retour à la case départ. Et de donner des exemples concrets : l’enseignement de la langue amazighe est toujours facultatif avec possibilité aux parents de refuser cet enseignement à leurs enfants, la question portant sur le choix de l’alphabet n’est pas encore tranchée et, maintenant pour boucler la boucle, ils veulent arabiser l’environnement naturel ». « La reddition des comptes doit être exigée de ceux qui ont décidé du boycott scolaire et conclu des accords (quels accords ? et quel en était le contenu ?) pour organiser la reprise de la scolarité en vue d’un scrutin électoral. Sans cela, je conclus que nous sommes à la ferme des animaux », termine Mokrane Chemim.

Idir Tirourda

7 Commentaires

  1. Azult.
    Mon avis depuis longtemps je n’ai jamais cru à l’officialisation de la langue Amazighe.
    Le gouvernement actuel ou précédent Ils ont le même objectif comme tout les politiques de gardés le pouvoir en divisant la population par quoi :la religion et la langue maternelle et maintenant lehirak (rchd) donc il ne faut s’attendre de gouvernement la paix ☮️ la réussite ou le développement ..la seule issue pour le peuple libre est l’indépendance de la région pourquoi pas de toutes les régions

  2. Le problème c’est en nous.
    La politique d’arabisation outrancière actuelle de la Kabylie ne peut se faire que par la complicité des locaux soit par naïveté ou par lâcheté voir par soumission sans parler des intérêts matériels.
    Le pouvoir central arabo- islamiste ne peut rien faire car il est incapable sans l’aide de nos compatriotes kabyles.
    Notre histoire est une répétition ,elle est jonchée de trahison et de lâcheté qui fait de nous nous un éternel peuple soumis.

  3. Le souci avec les Kabyle c’est que le pouvoir Algérien a sa feuille de route pour effacer toute trace des Amazighs mais les Kabyles croient au père Noël, ils envoient leurs enfants aux écoles islamistes, ils consomment leurs médias, acceptent les mosquées dangereusement !!!!
    Aujourd’hui voilà le résultat.
    Le coran est un livre de guerre avec des techniques de guerre.

  4. Tant que les kabyles dissocient valeurs constitutionnelles et langue nationale ils seront toujours prisonniers du régime. Si vous admettez l’ arabe langue d’ État c’est que vous acceptez de devoir vous arabiser par le sommet les institutions.
    Les pancartes des manifestations tracent la cartographie pays, toutes médailles sont arabes ou profondément arabislamisees. Le vendredi est quasi sacralisé et ramadan est là pour ponctuer les rythmes intérieur et extérieur. C’est la passivité nihiliste qui fait que l’ on vive cette  » mort à crédit « ! Une pause réflexion est urgente.
    Il y donc inévitable de faire des choix clairs de société et nature d’ État. Croire que laissant au hasard le poids de cette nécessité est infantile.

  5. Revendiquer Tamazight et refuser de revendiquer l’indépendance de la Kabylie est une contradiction dans laquelle sont englués ces « maquisards » de 80. Au lieu de lutter pour le sauvetage de la Kabylie, ils préfèrent rester sous le joug colonial arabo algérien tout en espérant de ce pouvoir une promotion pour la langue que celui-ci a toujours vomie. Ces anciens de 80 s’égarent quand ils comptent sur la bienveillance du pouvoir pour une vraie officialisation ou pour la rendre obligatoire à l’école ou pour trancher sa graphie, etc. Après 60 ans de coups bas, de manœuvres, de manipulations de la part du pouvoir arabo algérien, ces naïfs n’ont pas encore compris qu’il n’ y a pas de solution pour Tamazight sans un Etat Kabyle libre. C’est plus facile de rendre responsables d’autres Kabyles de l’échec de Tamazight (ceux qui ont appelé au boycott, ceux qui sont dans les partis, ceux qui font des affaires, ceux qui ne sont pas comme vous, etc.) que d’ouvrir les yeux sur le seul responsable de notre malheur qui est bien ce pouvoir qui piétine notre langue de la même façon qu’il efface notre identité.

    C’est ne pas avoir de stratégie que de ressasser que le boycott scolaire de 94 serait responsable de la situation actuelle de notre langue. C’est une péripétie dans l’Histoire, une action de grève ou de manifestation ou de quoi que ce soit ne peut être évoquée 16 ans plus tard pour expliquer l’état de misère de notre langue. L’absence de solution réside dans l’absence de cadre étatique pour la promotion de notre langue. Un peuple qui se plaint d’avoir perdu une année scolaire n’est pas prêt aux sacrifices, et donc n’est pas près de voir le bout du tunnel.

    Quand les enfants Kabyles entament leur scolarité en lague rabe contrairement au bon sens, et quand les collégiens et lycéens suivent toutes ls matières, maths, physique, sciences, Histoire, géographie, etc. en langue arabe en plein coeur de Kabylie, on ne doit pas se limiter à revendiquer Tamazight, il s’git d’un problème de colonisation. On est colonisé. COLONISE. La revendication de la dignité c’est l’indépendance. Le blabla ne mène nulle part.

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