Abdennour Abdesselam à propos du printemps noir 2001 : « C’est l’expression d’une haine animale anti-kabyle »

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Les mamans des martyrs de 2001
Les mamans des martyrs de 2001

Kabylie (TAMURT) – Dans un témoignage émouvant postée sur sa page Facebook, l’auteur et infatigable militant de la cause kabyle, Abdennour Abdesselam, a qualifié les crimes commis par le pouvoir algérien à travers ses gendarmes en Kabylie lors du printemps noir 2001 de « l’expression d’une haine animale » envers les kabyles. « Ce drame a été l’expression de la haine animale et inhumaine anti-kabyle (encore d’actualité) développée par les tenants du pouvoir qui ont assassinés lâchement et abjectement 128 jeunes kabyles», a-t-il écrit.

Abondant dans le même sens, Da Abdennour accuse le pouvoir algérien de s’être rendu coupable de génocide. « Brusquement, le 20 avril 2001 nous avons été surpris par une terrible violence que l’on ne peut nommer que par le qualificatif de génocide du pouvoir successif depuis 1962 et d’alors contre la Kabylie. Chaque jour passait avec son lot de jeunes morts signalés partout en Kabylie », a-t-il souligné. Dans son écrit, ce chercheur et écrivain kabyle livre un témoignage bouleversant sur l’une des victimes de la barbarie du pouvoir algérien. Cela se passe à l’hôpital de Tizi Ouzou, où il était avec des amis pour s’enquérir de la situation des blessés.

« Le 24 avril, nous étions mes amis et moi (Ahmed Ait Bachir, Hamou At Wemdin, Malek Amrani) à l’hôpital de Tizi Ouzou pour nous enquérir de la situation. L’hôpital était vite devenu le seul lieu où les informations convergeaient des trois grands départements de Kabylie que sont: Bgayet, Tubirett et Tizi Ozuou ainsi que les environnements connexes administratifs sciemment coupés politiquement des territoires de la Kabylie. Soudain une voiture rentre en trombe vers les urgences de l’hôpital. Deux jeunes jaillirent rapidement de l’arrière de la voiture et sortent un jeune blessé. Le sang coulait abondamment de sa tête. Aussitôt et tout aussi rapidement une femme sort affolée de l’avant de la dite voiture. Elle se précipite comme un éclair vers les deux jeunes secouristes. De ses deux mains jointes formant une forme de récipient et tout en marchant rapidement avec les secouristes elle récupérait le sang du jeune blessé dans la coupe de ses frêles mains qu’elle lui versait follement dans sa bouche en lui disant : « Ur ttagwad a mmi… Ur ttagwad a mmi », a-t-il témoigné.

Da Abdennour a exprimé ainsi son émerveillement devant cette scène surréaliste : « La pauvre, l’innocente mais toute aussi courageuse maman pensait alors qu’elle perfusait son fils pour lui éviter de mourir. Il s’agissait bien de sa maman : TAYEMATT ! C’était une mère courage mais bien plus que cela», a-t-il raconté. Malheureusement, le jeune homme atteint par les balles explosives des gendarmes assassins a rendu l’âme quelques minutes après.

« Dix minutes passées un des secouristes sort de la salle des urgences pour nous apprendre rageusement et en pleurant que malheureusement le jeune garçon avait succombé à ses blessures », a-t-il déploré. Ce drame, déclare Da Abdennour, « m’a profondément marqué et éclopé encore aujourd’hui. »

Arezki Massi

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