Affaire des militants indépendantistes arrêtés à Akbou : Le Maître Allaoua Benabdeslam dénonce de « graves dérives » de la justice algérienne

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Caricature de Ghilas
Caricature de Ghilas

KABYLIE (TAMURT) – Refus de fournir des renseignements sur les militants arrêtés, dissimulation de leur lieu de garde à vue, droit de visite bafoué, présentation des mis en cause devant le procureur de la République et le juge d’instruction sans la présence de leurs avocats, sont autant de dérives gravissimes commis par la justice algérienne dans l’affaire des indépendantistes interpellés, samedi 22 mai à Akbou, selon le Maître Allaoua Benabdeslam, membre du collectif des avocats de la défense.

Intervenant, mardi 25 mai, sur la chaîne de télévision Berbère TV, cet avocat du barreau de Vgayet a dénoncé les dérives et le scandale entourant l’arrestation, le placement en garde à vue et la présentation devant le juge d’instruction des militants indépendantistes, interpellés, samedi dernier, alors qu’ils s’apprêtaient à organiser une marche pacifique à Akbou pour rendre hommage au feu Masin U Harun, à l’occasion du 25eme anniversaire de sa disparition. Les détails fournis par le Maître Benabdeslam mettent à nu les pratiques illégales de la police et de la justice algérienne. « Samedi dernier, le ville Akbou était complètement quadrillée. Des barrages de police ont été installés un peu partout. Des arrestations arbitraires ont été perpétrées avant même le début de la marche, et ce, dans des cafétérias, dans des arrêts de bus ou au niveau des barrages de police à l’entrée d’Akbou.

Tout véhicule portant l’immatriculation 15 (Tizi Wezzu) est systématiquement arrêté. En tout, la police a interpellé 16 militants, transférés directement à Vgayet. Je me suis personnellement rendu trois fois au commissariat central de vgayet, mais on a refusé de me fournir des renseignements sur les personnes arrêtées. Pourtant, j’ai le droit en tant qu’avocat de visiter des clients en garde à vue. On a même refusé de m’indiquer l’endroit où ils se trouvaient », a raconté cet avocat. Alors que les avocats de ces militants indépendantistes croyaient que leurs clients, en nombre de 16, devaient être présentés devant le procureur de la République près le tribunal de Vgayet, ils apprennent à la dernière minute qu’ils ont été transférés à Akbou pour être auditionnés. « Alors que nous attendions qu’ils soient présentés devant le tribunal de Vgayet, ils les ont transférés à Akbou. Quand nous nous sommes arrivés sur place, nous découvrons que la présentation de nos clients s’est déroulée sans la présence de leurs avocats. Ils sont passés devant le procureur sans avocat », s’est indigné Allaoua Benabdeslam. Celui-ci a indiqué que deux autres membres de ce collectif d’avocats, en l’occurrence les maîtres Aïssa Hamchache et Sofiane Ouali, ont fait demi-tour depuis Sidi Aich pour revenir à Akbou. Ils se dirigeaient au tribunal de Vgayet pour assister les militants indépendantistes que la justice algérienne veut juger à huis-clos.

Par ailleurs, ce même avocat a dénoncé « un scandale » sans précédent dont l’auteur est le juge d’instruction. « Devant la présence de ses avocats, l’un des militants a été placé sous contrôle judiciaire. Une fois ses avocats sont partis, le juge en a décidé autrement et il l’a placé sous mandat de dépôt. C’est un scandale », a-t-il fustigé. A noter que ce collectif d’avocats a fait appel de la décision de justice de placer huit militants indépendantistes en détention préventive et huit autres sous contrôle judiciaire au niveau de la chambre d’accusation de la cour de Vgayet. Ce sont ceux qui portaient des drapeaux kabyles ou portaient des T-Shirt à l’effigie du drapeau national kabyle qui ont été placés sous mandat de dépôt. La date de leur procès n’est pas encore fixée. Le juge d’instruction a jusqu’à un an pour enrôler l’affaire, a précisé le Maître Benabdeslam.

Ce dernier a, par ailleurs, appelé « tous les défenseurs des droits de l’homme, de la liberté et du pays kabyle (tamurt taqbaylit) à la solidarité et à la vigilance, en mettant de côté les divergences ». « L’heure est à la solidarité, car le moment est très décisif », a-t-il annoncé, tout en promettant de dénoncer « toute répression juridique et violation des procédures judiciaires» dans l’affaire des indépendantistes kabyles.

Arezki Massi

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