Muhend U-Yahia : l’artiste, le vrai et immortel artiste

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Mohia avec ses amis
Mohia avec ses amis

CONTRIBUTION (TAMURT) – Muhend U-Yahia ou Abdellah Mohia, de son vrai nom, nous a quitté trop tôt et la culture amazighe en a perdu ainsi l’un de ses meilleurs serviteurs qui fut à la fois dramaturge, poète et homme de lettres.

Durant sa vie hélas trop courte, l’irremplaçable Mohia poussé à l’exil par les injustices criantes dans son pays a promené sa petite silhouette dans les petites ruelles parisiennes, incarnant le résistant kabyle faisant de son remarquable talent de poète et de son habituel humour pince-sans-rire une redoutable arme qui ciblait toujours le règne des tyrans, des médiocres, des prétentieux et des incompétents qui logent depuis toujours dans la même enseigne.

A ce jour, j’entends toujours ce timbre de voix unique, pénétrant et immédiatement identifiable qui fait preuve d’un invraisemblable sens critique et d’une grande et indéniable connaissance de notre profonde société.
Muhend U-Yahia demeurera toujours à mes yeux ce personnage poignant qui a su dans la douleur profonde et silencieuse qui était la sienne à transmettre notre culture kabyle et sa propre culture forgé par sa quête du grand savoir au sein de sa grande famille qu’il convie souvent sans ménagement à un effort de pensée.
Il est parti sans demander son reste. Il est parti ce jour du 7 décembre 2004 en renonçant à toute forme de gloire ou de gratitude. Il est parti sans se retourner et sans savoir qu’il est désormais notre vrai et réel patrimoine.

En ce jour, permettez-moi de saluer la mémoire de notre grand et prodigieux artiste qui brille toujours dans mon cœur comme il brille dans la vie des  » vrais » comme il désignait les sincères et les authentiques. Que ta douce âme repose en paix, notre artiste, notre vrai et immortel artiste !

Yazid Sadat

2 Commentaires

  1. .
    Mohya : un homme à part !

    Un homme fort et simple, humble et probe.

    Mohya, comme tous les gens forts, n’avait pas besoin de fierté, de manières, de gesticulations, de faire semblant (…), de ni ni ni, de hé hé hé. Il était fort et simple, zen, tranquille, abordable. Il récusait et détestait les fiers, la fierté. La fierté est ‘ corrélée ‘ à la faiblesse, au manque de confiance en soi, à la haine et la peur de l’autre / d’autrui, un sentiment de supériorité, mais aussi de mépris. C’est une attitude offensante, détestable donc. Une attitude typiquement liée à la ‘ mythologie nationale ‘ ou ‘ l’imaginaire national ‘ français.e…. qui nous a perverti et débridé, et fait de nous hostiles les uns aux autres, en stimulant l’animosité permanente entre nous… Bref !

    Moya était un brillant étudiant en mathématiques, un artiste hors pair, un dramaturge distingué, un homme hautement cultivait, et quelqu’un de très simple, qui se faisait passer tout petit….

    Mohya était un homme aux antipodes de nos brobros (le terme est de lui), ces tenants du brbrisme vulgaire et grossier, extrémiste souvent, et soumis au Régime militaro-mafieux….

    Mohya haïssait les brobros, ces faux et pseudo, ces compromis et vendus, ces profiteurs et prédateurs, ces fiers et faibles, compromis et soumis par la Junte criminelle et manipulatrice d’Alger….

    Moya est l’un des rares à échapper à la compromission. C’était un opposant intégral, farouchement et frontalement opposé au Pouvoir dictatorial militaro-mafieux, car au-devant de la scène la plupart de ces agitateurs et gesticulateurs roulent les Maitres de la Guestapo locale, cette Police occulte qui les missionne et les habilité pour ‘ guider, orienter et mener ‘ le.s Mouvement.s selon les intérêts du Régime militaro-mafieux… Bref !

    Mohya était un véritable artiste, un grand artiste et un homme à part ( ce que disait Gilles perrault de Henri Curiel….

    On ne se lasse pas de l’écouter !

    Perpétuons sa mémoire !

    Diffusons amplement son œuvre !
    !

  2. ‘ Mohia : une figure de proue de notre culture

    … mais aussi un homme de cœur, de courage et d’engagement.

    Auteur prolifique et éclectique aux talents prodigieux, Mohia était poète, dramaturge, narrateur, acteur.

    Son œuvre bien qu’enracinée dans la culture populaire se caractérise par une éblouissante ouverture sur la littérature universelle et une interrogation sur l’autre.
    Son intelligence lumineuse, sa culture riche et abondante, sa sensibilité profonde et exquise, sa droiture inflexible, sa modestie légendaire le classent dans la catégorie des personnes auxquelles le charisme et la grandeur constituent une deuxième nature.

    Il est devenu une source d’inspiration pour les jeunes générations, son apport à l’enrichissement de notre culture est inégalable.

    Mohia a réussi à adapter en kabyle les plus grandes œuvres de la littérature mondiale. En voici quelques exemples qui représentent une mince partie de son œuvre gigantesque :
    -« La jarre » : Luigi Pirandello (Italie)
    -« En attendant Godot » : Samuel Beckett (Irlande)
    -« Le médecin malgré lui » : Molière (France).
    -« La véritable histoire de Ah Q » : Lu Xun (Chine).
    -« Les émigrés » : Slawomir Mrozek (Pologne).
    -« L’exception et la règle » : Bertold Brecht (Allemagne).
    -« Le Sultan de Salamandragore » : Jacques Prévert (France).

    Ayant eu le grand privilège de l’avoir connu et fréquenté, son visage, ses paroles, ses gestes, ses silences resteront gravés à jamais dans ma mémoire et dans celle de tous ceux qui l’ont connu. Il avait le génie de vous tenir en haleine, de vous surprendre par son sens de l’inattendu, par son goût de l’absurde, par son art maîtrisé de la dérision, mais également par son humour dévastateur et sa bonté.

    Auteur fantastique, tragique et comique, Mohia est trop grand pour être oublié. Il mérite tout notre respect et notre profonde reconnaissance.

    Repose en paix « L’ANCIEN » !

    Sgunfu di talwit Muḥya ! ‘
    .
    Par Hamadène Abbès, facebook, le 08/12/2021
    .

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