Au Zénith de Paris 1997, un an avant son assassinat : Matoub Lounès évoqua son rêve d’une « République de Kabylie »

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KABYLIE (TAMURT) – Lors de son concert au Zénith de Paris en 1997, soit un an avant son lâche assassinat le 25 juin 1998 à Tala Bounane (Tizi Wezzu), Matoub Lounès se lâche et fait part au peuple kabyle de son rêve le plus ultime : « Et ce n’est pas utopique de dire qu’on voudrait une République de Kabylie, une autonomie, être nous-même (…) ». Vingt-quatre ans après son meurtre, des milliers de kabyles luttent aujourd’hui pacifiquement pour qu’une république fédérale kabyle soit proclamée, en passant de la revendication autonomiste début 2000 à celle radicale de l’indépendance de la Kabylie.

Il y a vingt-quatre ans, jour pour jour, le 25 juin 1998, le chanteur kabyle engagé Matoub Lounès, était lâchement assassiné dans une embuscade sur une route de Kabylie, à Tala Bounane, pas très loin de sa maison, à Ath Dwala. Il était accompagné de son épouse et de ses deux belles-sœurs lorsqu’un groupe armé s’est attaqué à son véhicule. Il a été tué sur les lieux. Le chanteur kabyle combattait sur deux fronts : l’intégrisme islamiste et le régime algérien. Toute la Kabylie était fortement secouée par cet assassinat. Aux quatre coins de la Kabylie, des milliers de citoyens kabyles manifestaient dans les rues et scandaient « pouvoir assassin », convaincus que c’est le régime algérien qui avait ordonné son exécution. Matoub Lounès incarnait l’esprit de résistance et de contestation du peuple kabyle face au régime algérien et son idéologie arabo-musulmane, qu’il voulait imposait à la Kabylie.

Ses poèmes mordants renvoient dos à dos les intégristes islamistes et le pouvoir algérien. Le concert de Matoub au Zénith de Paris, en 1997, marquera à jamais la mémoire du peuple kabyle. Sur scène et devant un public nombreux, il affirme ouvertement sa kabylité et exprime son rêve pour une république de Kabylie afin de rompre définitivement avec l’Algérie arabo-musulmane. « Je préfère dire, n’en déplaise à certains, je suis kabyle. Et ce n’est pas utopique de dire qu’on voudrait une République de Kabylie, une autonomie, être nous-même, axatar wiyad (parce que les autres) c’est l’incompatibilité totale, ‘’am jenjar i tiṭ ». Donc assumons-nous ! Quoi qu’il en soit, je pense quand même qu’on a payé un lourd tribut. Je suis kabyle. Ce n’est pas que je rejette les autres. Je peux bien conjuguer le why not. Mais je suis kabyle », a-t-il déclaré, sous les applaudissements approbateurs de ses fans.

Aujourd’hui, après les évènements tragiques du printemps noir 2001, où pas moins de 128 jeunes kabyles ont été sauvagement assassinés par des gendarmes et policiers algériens, des centaines de milliers de kabyles assument publiquement et pacifiquement leur revendication pour l’indépendance de la Kabylie. Le rêve de Matoub pour une république de Kabylie est en marche vers sa concrétisation.

Aksil K.

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