Procès du lynchage et des incendies en Kabylie : Ferhat Mehenni rejette les accusations et dénonce « une mascarade judiciaire »

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Conférence de presse de Ferhat Mehenni
Conférence de presse de Ferhat Mehenni

PARIS (TAMURT) – Lors d’une conférence de presse organisée, ce 25 novembre, à Paris, le leader indépendantiste kabyle Ferhat Mehenni, président du MAK et de l’Anavad, a rejeté en bloc le verdict du procès de l’affaire Djamel Bensmail et des incendies criminels perpétrés en Kabylie l’été 2021, qui l’incrimine personnellement ainsi que son mouvement. « Abattage judiciaire », « parodie de justice », « de nature politique aux relents racistes » ou encore « mascarade judiciaire » sont les quelques qualificatifs utilisés par Ferhat Mehenni pour qualifier ce procès.

Tout en appelant à un rassemblement pour demain 27 novembre, à la place de la Bastille, le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), a organisé une conférence de presse pour riposter au verdict du procès du lynchage de Djamel Bensmail et des incendies criminels perpétrés en Kabylie, en août 2021. Dans une déclaration préliminaire lue en début de conférence, Ferhat Mehenni dénonce d’emblée un procès « expédié ». « Le procès des présumés coupables de l’assassinat de Djamel Bensmail, ouvert le 14 novembre 2022 est expédié en deux jours alors qu’il y avait officiellement plus d’une centaine de personnes à juger. C’est là de l’abattage judiciaire qui ne garantit aucun droit à la défense », a-t-il affirmé. Pour le président du Gouvernement provisoire kabyle en exil (Anavad), c’est toute la Kabylie qui est visée à travers ce procès. « Au-delà de cette parodie de justice ayant conclu à la condamnation à mort de 54 personnes n’ayant aucun rapport avec le crime, c’est la toile de fond, en l’occurrence la Kabylie sur laquelle le pouvoir colonial algérien veut jeter l’opprobre ». D’ailleurs, il dénonce ouvertement un procès « de nature politique » et « aux relents racistes anti-kabyles ». Le conférencier a soulevé plusieurs anomalies ayant entachées ce procès, dont les circonstances et les conditions de sa tenue ne garantissent « aucune impartialité » ni « équité pour les accusés ». Pour cause, ce procès, selon l’auteur de l’essai « Algérie : la question kabyle » (édition Michalon), « a fait l’impasse sur les tortures subies par les mis en cause pour leur extorquer des aveux auxquels ils sont complètement étrangers et qu’ils ont dénoncées durant leurs très brèves auditions individuelles ». En effet, le juge a décidé tout simplement d’ignorer les déclarations de plusieurs accusés, qui ont dénoncé la torture qu’ils ont subi de la part des services secrets algériens pour leur arracher des aveux mensongers.

Quand la victime devient le bourreau !

Si le chef indépendantiste kabyle crie à une mascarade judiciaire, c’est parce que « les véritables auteurs et les véritables complices de l’assassinat n’ont pas été appelés à la barre et n’ont à aucun moment été inquiétés ». Pour Ferhat Mehenni, point de doute : « ils sont des agents des Services algériens et des policiers ». Abondant dans le même sens, l’orateur est convaincu que « le verdict n’a pas été le fait d’un délibéré des jurés mais celui d’une décision de la hiérarchie militaire des troupes d’occupation de la Kabylie ». En effet, il estime que dès le départ, « l’Algérie voudrait transformer la victime des incendies qui est la Kabylie en bourreau ». Ce réfugié politique juge « inadmissible » la volonté du régime algérien d’imputer aux kabyles la responsabilité de l’assassinat du jeune de Miliana et des incendies perpétrés en Kabylie.

Le délit de kabylité

Pour Ferhat Mehenni, la justice algérienne a accusé et condamnés des kabyles innocents pour le seul motif qu’ils font partie du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie, et rien d’autre. « Durant toutes ces audiences, aucun élément de preuve à charge n’a été apporté contre les condamnés comme ayant participé à l’assassinat de la pauvre victime en dehors de leur appartenance à une organisation politique d’essence pacifique, en l’occurrence le MAK (…) », a-t-il soutenu. Pour sa part, le président de l’Anavad, qui rejette en bloc les « sentences criminelles » de ce procès, accuse ouvertement les Services algériens d’avoir « planifié et exécuté de bout en bout ce scénario macabre dans le seul but de faire passer le MAK pour une organisation terroriste » et que ces mêmes services « sont les seuls auteurs du crime d’assassinat et de l’horrible crémation du cadavre » de Djamel Bensamil.

Appel à une enquête internationale indépendante

Déterminé à défendre l’innocence des kabyles injustement condamnés, le leader du MAK a affirmé avoir déjà formulé une demande aux organismes onusiens et internationaux pour une enquête impartiale. « Pour en avoir le cœur net, nous avons demandé aux instances internationales de diligenter une enquête indépendante, conformément aux plaintes que nous avons déposées auprès de la Cours Pénale Internationale et du Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU », a-t-il rappelé. Tout en projetant une vidéo attestant sans équivoque l’implication de policiers en civil dans le meurtre de Djamel Bensmail, à l’intérieur même du fourgon de la police, et l’utilisation de l’armée algérienne du phosphore blanc pour déclencher des incendies dans les forêts kabyles, Ferhat Mehenni pense que « l’Algérie coupable de cette terrible barbarie est disqualifiée pour mener les investigations d’usage dans une affaire où elle est à la fois juge et partie. »

Lyes B.

2 Commentaires

  1. Tout le monde connait les commanditaires et les exécutants. On veut juste terroriser la Kabylie et absoudre les vrais criminels connus de tous de leurs crimes.
    On attend toujours les procès et les condamnations à morts des 200 000 suppliciés de la décennie noire, des crimes abjects commis en Kabylie en 2001 et des assassins de Krim Belkacem, Abane Ramdane, Boudiaf, Matoub Lounes et tant d’autres… Dont certains courent toujours…
    49 condamnés à mort pour 1 seul crime c’est du jamais vu dans aucun pays civilisé. Il n’y a que dans les pays moyenâgeux comme l’algérie ou on applique ce genre de sentences délirantes.
    Si on applique le meme ratio aux 200 000 morts commis majoritairement par la junte (le reste par les islamistes), il faudrait condamner à mort presque 10 million de personnes soit la population de la Kabylie, c’est peut être là que le régime mafieux voulait en venir. Il voulait en faite lui imputer les 200 000 mots de la decennie noire et notamment les crimes abjects commis à Rais ou Bentallah parles commandos de la mort de djebbar mehena.. Tiens tiens le revoila celui la, n’est il pas encore le commanditaire de cet assassinat lâche commis dans un fourgeon dans la police algérienne???

  2. Une réaction juste et légitime.
    Une enquête internationale impartiale est justifiée.
    Condamner a mort une cinquantaine de personnes innocentes jusqu’à preuve du contraire nécessite beaucoup de moyens et une contre expertise voir une contre un enquête de la part des personnes étrangères et impartiales à la recherche de la vérité pour aboutir à un procès juste et équitable.
    Il s’agit de la vie des jeunes et de beaucoup de familles.
    On ne peut sacrifier des personnes juste pour des raisons politiques afin servir d’exemples pour terroriser un peuple.
    C’est inadmissible.

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