27e anniversaires de la disparution de Mouhand Uharoun

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Mohand Haroun
Mohand Haroun

KABYLIE (TAMURT) – Le 22 mai 1995, le militant Massine Uharoun, qui a choisi par la suite de se prénommer Massine Uharoune, avait rendu son âme suite à une longue lutte contre la maladie. Enfant prodige d’Akbou, il a consacré toute sa vie pour la cause amazighe. Il a souffert durant toute son existence. Mohamed Haroun est né le 13 avril 1949 dans le village Tifrit à Akbou à Vgayet. Il est le fils du sergent Tahar, mort durant la guerre d’Algérie en 1958 et de Bessai Zahoua, morte dans un accident de la circulation en voulant rendre visite à son fils emprisonné à Lambèse, à Batna, lorsqu’il était en prison.

Brillant durant tout son processus scolaire, Massine Uharoune a suivi ses études au lycée technique de Dellys où il a obtenu un brevet de maîtrise (Bm) puis son bac technique en 1968, ce qui lui a permis de s’inscrire à la faculté centrale d’Alger. Il étudiait aussi l’astronomie à l’observatoire de Bouzaréah. En parallèle, il faisait de la recherche sur la langue amazighe et a noué des liens d’amitié avec Mouloud Mammeri. Massine Uharoun a commencé son combat pour Tamazight au lycée de Déllys puis avec d’autres militants, dont Samaïl Medjeber. Il participe à la création des revues Itij (Le Soleil) et Taftilt (Eclat lumineux) en langue berbère. Ils étaient très actifs, mais aussi toujours surveillés par les services de la sécurité militaire. Leur combat n’était pas facile. Les militants qui distribuaient la revue Itij risquaient de se faire arrêter par la Sécurité Militaire (SM), mais ils n’ont jamais renoncé à leur combat.

Peu de temps après, ils relancent « l’Organisation des Forces Berbères » et la revue Athmaten (Les Frères) liée à ce mouvement. Ils s’engagent corps et âme dans leur combat au point d’user même par les actes de violence et d’armes. Ils sont à l’origine de plusieurs explosions en Algérie. En 1976, ils passèrent à l’acte. Le 03 janvier 1976, plus exactement, une bombe explose dans les locaux du journal El Moudjahid. Une autre au tribunal militaire de la ville de Constantine. Les deux engins explosifs sont posés respectivement par Hocine Cheradi et Mohamed Haroun. Une troisième bombe devait cibler le tribunal militaire d’Oran, mais le poseur, Smaïl Medjeber , a été interpellé par la Sécurité Militaire (SM), avant de pouvoir accomplir sa mission. L’objectif du groupe de Mouhand Uharoun n’était pas de faire de victimes avec leur acte, mais juste pour faire parler de la cause amazighe dans le monde entier.

D’ailleurs, aucune perte humaine n’a été enregistrée par les explosions. Le le 05 janvier 1976, Massine Uharoun dînait au restaurant universitaire tranquillement lorsque des agents de la sécurité militaire sont venus pour l’arrêter. Le début d’un grand calvaire pour l’enfant d’Akbou. « Il est mis dans un véhicule banalisé et conduit jusqu’au niveau du siège de télévision nationale et est transféré dans un fourgon blindé et transporté jusqu’à un lieu inconnu pour y subir un interrogatoire musclé », lit-on dans la presse de l’époque. Il est présenté à la Cour de Sûreté de l’État de la ville de Médéa le 02 mars 1976 , où il écope de la réclusion à perpétuité. Un coup dur pour lui, ses compagnons et sa famille. Il a été incarcéré à la prison de Tazoult à Batna, loin de sa famille et de sa région où il purgea onze ans de peine jusqu’à ce qu’il soit libéré le 05 mars 1987.

Massine Uharoun a subi des tortures et de l’isolement et toute sorte d’intimidation de la part de ses geôliers. Même en prison, il passe son temps à étudier le français, l’arabe, l’espagnol, l’anglais. Discrètement, Massine continue ses recherches en linguistique berbère. Il écrit plusieurs poèmes dont Avrid n Tlelli (le chemin de la liberté) et Monsieur le Président que Lounès Matoub a repris en chanson. Il a laissé derrière lui une veuve et trois filles. Certains de ses anciens compagnons ont porté assistance à sa famille après sa mort. Repose en paix Mass Massine Uharoune.

Idir Yatafen

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