APW Tizi-Ouzou : Journée thématique sur les ressources en eau de la wilaya de Tizi-Ouzou

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APW Tizi Ouzou
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TIZI-OUZOU (Tamurt) – Sous la houlette de l’APW de Tizi-Ouzou, l’hémicycle Rabah Aïssat a abrité hier une journée thématique sur les ressources en eau de la wilaya. A ce grand rendez-vous ont pris part les élus de la première institution élue de la wilaya, les présidents des APC, le sénateur Moussa Tamardataza, les professionnels de la ressource hydrique et de l’environnement dont M. Smaïl Belhadji, expert en risque industriel, les représentants de la direction de l’hydraulique de la wilaya, l’Algérienne Des Eaux (ADE), l’Office National de l’Assainissement (ONA) et d’autres personnalités impliquées dans la protection de l’environnement et du consommateur.

Les intervenants, nombreux, ont mis sur la table de nombreux constats et plusieurs questions sur l’exploitation, la gestion et la qualité de l’eau consommée par le citoyen de la wilaya de Tizi-Ouzou. Quelle eau consomme le citoyen? Est-ce que les barrages et les retenues collinaires sont à l’abri de la pollution? Où sont déversées les eaux usées? Quelles sont les mesures de protection prises contre la pollution de l’environnement en général et des points d’eau en particulier? Quels sont les acteurs concernés par la lutte contre la pollution et la protection des consommateurs? Quels sont les moyens humains et matériels à mobiliser dans ce sens et comment les mobiliser à bon escient? Telles sont les principales questions posées à l’occasion thématique.

Selon les élus de l’APW, la situation des barrages et retenues collinaires de la wilaya de Tizi-Ouzou a franchi depuis bien longtemps le seuil de l’inacceptable en matière de pollution. Le barrage de Taksebt dont la construction a été trop lente et très coûteuse pour l’Etat, n’y a pas échappé. Ce barrage est des plus importants car ce sont ses eaux qui, en plus de la wilaya de Tizi-Ouzou, alimentent celle de Boumerdès et Alger. Bien des eaux usées sont déversées dans ce barrage. Cela dure depuis longtemps mais il y a de fortes chances que cela continue, à moins que les décideurs politiques se mettent sérieusement au travail en se donnant les moyens nécessaires afin d’éviter de nouvelles catastrophes et réduire avec efficacité la pollution. Les cours d’eau (ruisseaux et rivières) connaissent également un haut degré de pollution. Outre les conduites d’assainissement qui y débouchent le plus souvent, les déchets des huileries d’olive connaissent la même destination. Quant à la rivière de Sébaou, son évocation à elle seule est synonyme de «catastrophe écologique». Ce crime écologique fait peser sa menace sur la santé des citoyens depuis plus de dix ans. Pour l’APW de Tizi-Ouzou, les responsables sont connus: il s’agit des exploitants des sablières. Tous les intervenants ont qualifié ces derniers de «mafia du sable».

Cependant, l’intervenant le plus percutant aura été incontestablement l’expert en risque industriel, M. Smaïl Belhadji. Avec des données chiffrées bien précises, des clichés photographiques et des arguments scientifiques à l’appui, cet intervenant fera un exposé qui ne laisse aucun doute sur l’existence d’une menace réelle sur l’environnement et, surtout, sur la santé publique. Smaïl Belhadji remettra en cause toute la politique de la protection de l’environnement et ses mécanismes appliqués jusque-là, à commencer par les centres d’enfouissements techniques (CET), particulièrement celui de la rivière Falli (Tizi-Ouzou). «Un CET sans centre de tri n’est pas à considérer comme un CET», déclare-t-il d’emblée pour signaler l’échec du CET de la rivière Falli. Le scientifique lira à l’assistance qui l’écoutait religieusement un document de quarante-deux (42) pages. Il définira la pollution de l’eau, dont les origines sont au nombre de deux. La première est naturelle, c’est-à-dire l’eau entraîne dans son écoulement des substances naturelles des sols possédant un taux d’acidité élevé. La seconde est d’origine humaine. Sur ce point, M. Smaïl Belhadji a été très franc et directif. Il a attribué la pollution d’origine humaine à tous les pollueurs: les usines, les hôpitaux, les cabinets médicaux et les laboratoires pharmaceutiques, les stations de traitement d’eaux usées, les fosses septiques. D’autres sources de déversements de produits polluants comme les déchets encombrants provenant de chantiers par exemple, ont été énumérés. «Les produits dangereux et toxiques, expliquera le scientifique, proviennent des industries chimiques, pétrochimiques, industrielles et des fuites ou des déversements de produits pétroliers. Quant aux polluants radioactifs, ils proviennent des déversements d’eaux usées d’usines, des hôpitaux et des mines. Les polluants radioactifs sont très dangereux et peuvent prendre des milliers d’années pour devenir inoffensifs. Concernant l’atteinte à l’environnement des établissements de santé de la wilaya de Tizi-Ouzou, l’expert en risque industriel n’épargnera que le CHU de Tizi-Ouzou car «seul cet établissement hospitalier traite ses déchets». Pour ce qui est du barrage de Taksebt, le scientifique dira qu’à l’instar de tous les barrages d’Algérie, il est pollué. «Chaque jour, explique-t-il, des volumes importants d’eaux usées -qui se comptent en milliers de mètre cube- provenant de plus d’une cinquantaine de villages sont rejetés dans le bassin. Soulignant qu’en l’absence de «stations d’épuration, il y a un réel risque de pollution», M. Smaïl Belhadji a expliqué cette pollution par «une multitude d’activités: les petites fabriques, les ateliers de mécaniques et/ou chimiques, les stations de lavage-graissage, les ateliers de peinture. A cela s’ajoutent les déversements d’eaux usées non traitées, les rejets de déchets par les centres de santés etc..».

Les représentants des services de l’hydraulique, de l’ADE et l’ONA qui ont été pris à partie par les élus de l’APW notamment, ont refusé d’endosser cette responsabilité. Ces représentants des services des eaux ont refusé de jouer «les boucs émissaires» et ont tenté de prouver qu’en ce qui les concerne, «il n’y a ni désintérêt, ni surtout d’incurie, ni incompétence» dans l’accomplissement de leur mission républicaine. «Après tout, nous aussi, nous sommes des natifs de cette région», ont-ils riposté avec véhémence.

Avant de mettre un terme à sa longue intervention, l’expert en risque industriel a fait des recommandations pour la protection des eaux et l’environnement. Les mêmes que celles déjà faites en 20I0 au même endroit et sur le même thème. M. Smaïl Belhadji a manifesté son souhait que cette fois-ci, ses recommandations soient réellement prises en considération par qui de droit.

Said Tissegouine

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