Bouhinoun (Tizi-Wezzu) : Prix « Taos Amrouche » pour Younès Adli et Boudjemaâ Agraw

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Bouhinoun (Tizi-Wezzu) : Prix « Taos Amrouche » pour Younès Adli et Boudjemaâ Agraw
Bouhinoun (Tizi-Wezzu) : Prix « Taos Amrouche » pour Younès Adli et Boudjemaâ Agraw

TIZI-OUZOU (Tamurt) – L’association scientifique et culturelle « Brain » de Bouhinoun (Tizi-Wezzu) a décerné hier à l’historien et écrivain, le Dr Younès Adli et le chanteur Boudjemaâ Agraw le prix « Taos Amrouche ». La cérémonie de cette consécration, la première du genre, a eu lieu au niveau de l’école Sidi-Maâmar Mohamed de Bouhinoun. 

30A relever qu’à l’occasion de ce rendez-vous, marqué par la présence de plusieurs personnalités du monde universitaire, à l’instar d’Arezki Abbout et Hocine Azem, et qui s’inscrit dans le cadre de la commémoration du 36ème anniversaire du Printemps 1980, le Dr Younès Adli est sorti de sa légendaire réserve pour dénoncer, dans une conférence qu’il a animée conjointement avec Boudjemaâ Agraw, « le mensonge » ayant entouré certains volets du mouvement de révolte 1980 et «ceux qui pensent détenir un droit particulier » sur cette page historique de notre pays. A peine a-t-il pris le micro, l’universitaire et historien Younès Adli s’est pris à la chaîne de radio de Tizi-Wezzu qui « fait trop dans le mensonge ». « Si cette radio continue à travailler de la sorte, autant qu’elle ferme ses portes tout de suite », a martelé le conférencier qui a estimé n’avoir pas eu l’égard qu’il méritait de la part de Radio Tizi-Wezzu.

Abordant ensuite le volet portant sur le Printemps 1980, le Dr Younès Adli qui n’a pas hésité à dénoncer « ceux qui croient détenir un droit particulier sur ce mouvement », a tenu à préciser qu’en  réalité, la protestation a commencé le 7 avril 1980 et non le 20 avril 1980 « comme tentent de le faire croire certains ». Le conférencier n’a pas quand même pas cité un quelconque nom parmi la partie ciblée par son accusation. Revenant ensuite sur l’origine de la lutte pour la reconnaissance de tamazight, à savoir l’année 1949, connue sous l’appellation « de crise berbériste », le conférencier a déclaré sans ambages que le grand mérite pour les fruits que nous récoltons aujourd’hui revient à ces militants du mouvement national, comme feux Benaï Ouali, M’barek Aït-Menguellet, .. « Je le dis haut et fort : C’est à ces martyrs que nous devons aujourd’hui la consécration de tamazight comme langue « officielle » », a martelé Younès Adli.

Revenant sur ce qui s’est passé en 1980, le conférencier a souligné qu’il y avait des cellules cloisonnées et les représailles à l’endroit des militants étaient « féroces ». « La menace et les différentes représailles ont porté même sur nos emplois », a indiqué Younès Adli qui n’a pas manqué d’ « éplucher » aussi la décennie 1970. Il informera l’assistance, nombreuse et attentionnée, de l’agressivité des Frères-Musulmans, qui jouissaient de la complicité directe du pouvoir, à l’endroit des Berbéristes. Du diktat des Frères-Musulmans, désignés aujourd’hui par le terme « islamistes », Younès Adli témoignera de ce qu’il a vécu au cours d’une journée de l’année 1976.  Alors que lui et ses camarades ont programmé la pièce « la Guerre de 2000 ans » de Kateb Yacine quand un groupe de Frères-Musulmans, armés de chaînes à vélo et de couteaux, sont montés sur la scène pour jurer par tous les saints qu’ils ne pouvaient en aucun cas laisser une telle pièce théâtrale se jouer. Et ils ont réussi à empêcher que cette pièce « la guerre de 2000 ans » se produire.

Younès Adli parlerera encore longuement de cette décennie où les Frères-Musulmans haïssaient les Berbéristes plus que les « Rouges (communistes) ». Pour sa part Boudjemaâ Agraw, qui ne nourrit la colère contre personne, a parlé sur les raisons qui l’ont poussé à s’engager dans la lutte pour la reconnaissance de tamazight. C’est à travers son témoignage que l’assistance apprendra son entrée à l’Académie Berbère au début de la décennie 1980, même si celle-ci a été fermée en décembre 1978 par les autorités françaises, les querelles, au sein même de l’espace de l’académie berbère, entre les partisans de Tifinah et les partisans de l’alphabet latin  pour l’écriture de tamazight. « Toutes nos réunions et toutes nos rencontres, se terminaient en queue de poisson », a souligné Boudjemaâ Agraw avant de déclarer que c’est feu Mouloud Mammeri qui a définitivement tranché cette question en 1984. « C’est feu Mouloud Mammeri, que nous respections tous, qui, à coups d’arguments scientifiques, a fini par convaincre tout le monde que l’alphabet latin était le mieux indiqué pour le développement et le bien-être de tamazight », a laissé entendre le conférencier.

Boudjemaâ Agraw citera aussi les noms de certains personnages qu’il a côtoyés et qui l’ont marqué. C’est le cas de Mouloud Mammeri, Ferhat M’henni et Lounès Matoub.  Le débat qui suivit les communications de Younès Adli et Boudjemaâ Agraw a été fructueux.  A travers ce jeu de questions réponses, beaucoup de zones d’ombre ont été disparu, notamment en ce qui concerne le mouvement de 1980, et ce que ce soit en son amont ou en son aval et même durant son moment chaud, c’est-à-dire au courant même de ce mois d’avril 1980. Une fois la conférence terminée, les invités furent conviés à un déjeuner au couscous. A noter enfin que le reste du programme de ce rendez-vous initié par l’association « Brain » de Bouhinoun est composé d’une exposition vente des bijoux et habits féminins et la tenue d’un gala artistique. Il va sans dire que Boudjemaâ Agraw était programmé pour monter en scène.

Saïd Tissegouine

2 Commentaires

  1. Bonjour , a mon simple avis la tefinagh doit avoir une place dans la recherche l’étude et la préservation de la culture amazighe par contre comme écriture de progrès scientifique économique et universelle le latin est carrément le mieux placé (même si la Turquie et d’essence hypocrite ,je salut la décision logique évidente d’ataturk qui a déraciner l écriture arabe en faveur du latin te voyer le résultat .salutations

  2. C’eat une honte de permettre à une femme en hijab d’être présente sur la panel qui remet le prix Taous Amrouche. Taous et sa mère ont êté les premières féministes kabyles et elles ne seraient sûrement pas d’accord avec cette représentation. Le hijab, accoutrement importé d’ailleurs est un objet de soumission de la femme et il n’a sa place ni Kabylie ni ailleurs en Algérie. Triste.

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