Étudiants Kabyles à Sétif : Entre anti-Kabylisme et études en arabe médiocres

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KABYLIE (Tamurt) – Cette rencontre a été l’occasion pour les responsables du CU-MAK-SETIF de s’informer des conditions socio-pédagogiques des étudiants kabyles en général et de ceux de la faculté de gestion en particulier, victimes d’actes racistes perpétrés par des étudiants arabophones, il y a quelques semaines.

Tamurt qui a couvert cette action du conseil universitaire MAK de Sétif , s’est rapproché des étudiants kabyles pour recueillir leurs témoignages sur les évènements qui ont marqués la faculté de gestion. Celle-ci est celle qui contient le plus d’étudiants kabyles à l’université Ferhat Abbas de Sétif: Ils sont 4200 étudiants, dont 2700 en première année.

« Même dans ma salle TD et cours, je me ne sens pas étranger, bien que loin de mon pays. Mais le racisme est flagrant ! » confie I. Ayad , un étudiant kabyle d’At Smaâl à Tamurt , « nous vivons dans des conditions catastrophiques, racisme, insécurité, un niveau des études très faible: Quel savoir pourrais-je acquérir après un cursus universitaire pareil ? », ajoute-il.

« Au début de l’année, nous avons tenté de faire entendre notre voix aux responsable de la faculté, par une grève pacifique d’un jour ou deux. Alors que étions en train de finaliser une plate-forme de revendications la veille même de la grève, soudainement, aux environs d’une heure du matin, nous avons entendu les cris des étudiantes kabyles, résidentes à la cité Baz 1, située dans le bidonville Chouf Lekdad, un des plus dangereux quartiers de Setif. Ces étudiantes criaient aux secours et demandaient de l’aide après avoir été agressées par des individus extérieurs à l’universté. Suite à quoi, nous nous dépêchâmes pour les secourir. En arrivant sur les lieux, les agresseurs avaient déjà pris la fuite.
Le lendemain, à 6h nous avons entamé notre grève. A 7h 45 des étudiants arabophones exigèrent de nous l’arrêt de la grève, en scandant des slogans racistes : “rouh lebladek w qra b roumya, wlad fransa”, etc. (Rentrez chez-vous et exiger d’étudier en français, fils de la France ), etc.

La tension monta d’un cran et les affrontements éclatèrent. Ils y’ avaient même des eléments extérieurs à l’université avec des armes blanches, qui arrivèrent peu de temps après.
Nous quittâmes notre faculté vers la résidence universitaire Débbaghine, en croyants que tout était fini. Les agresseurs nous suivirent avec les projectiles et des armes blanches.

Devant le risque de perdre notre vie, nous avions demandé au vice-recteur des bus universitaires pour quitter Sétif. Malgré ses promesses, il n’y avait rien. Nous sommes allés via le transport urbain à la gare routière, pour enfin rentrer à Bougie » nous a déclaré I, Ayad qui a raconté l’ enfer qu’il a vécu avec ses camarades.

K.M un autre étudiant de la même faculté confie à Tamurt qu’il y a même des enseignants kabylophobes qui interdisent aux étudiants de parler en kabyle : « à ma séance, vous parlez en arabe ou anglais, pas en kabyle ». H. Sofiane ajoute : « un autre prof nous a demandé lors d’une séance de TD : «les Kabyles d’un coté de la classe, les non Kabyles de l autre coté ». Selon H. Sofiane : « au moins 40% des enseignants, ici sont kabylophobes ».

Tous les étudiants et les étudiantes kabyles ont manifesté leur malaise et leur inquiétude face aux conditions de vie dans leur cité universitaire, notamment l’insécurité qui y règne. Les cités comme les campus, sont toujours envahis par des voyous de l’extérieur qui ne trouvent aucune difficulté à y accéder.

Les étudiants ont confirmé également leurs vœux de revenir à l université de Bougie, une université kabyle, où au moins, il y a ni anti-kabylisme ni kabylophobie, « je veux continuer mes études en paix » soutien K.M.

A la fin de cette rencontre, les étudiantes et les étudiants kabyles rencontrés, ont tous tenu à remercier le conseil universitaire du MAK de Sétif pour son soutien et son engagement pour la défense des droits de l’Étudiant kabyle.

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