In Salah entre la répression, la diversion et l’incompréhension des enjeux

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Moussa Nait Amara
Moussa Nait Amara

Encore une fois, le pouvoir opte pour la répression devant les revendications légitimes des citoyens qui s’expriment pacifiquement. Des signes de similitude avec la provocation de la Kabylie en 2001 apparaissent dans le comportement de la gendarmerie qui n’a pas hésité à exploiter toute sa machine répressive contre les manifestants à In Salah.

La répression

Encore une fois, le pouvoir opte pour la répression devant les revendications légitimes des citoyens qui s’expriment pacifiquement. Des signes de similitude avec la provocation de la Kabylie en 2001 apparaissent dans le comportement de la gendarmerie qui n’a pas hésité à exploiter toute sa machine répressive contre les manifestants à In Salah.

Fidèle à ses méthodes diaboliques devant toute contestation citoyenne civilisée, le pouvoir utilise des délinquants pour pousser la formidable mobilisation des citoyens d’In Salah à verser dans la violence. Le sens de responsabilité des animateurs du mouvement anti gaz de schiste dans cette ville a déjoué cette manœuvre mais le pouvoir persiste dans sa volonté d’imposer le chaos.
La tentative d’entacher la crédibilité des animatrices et animateurs qui sont à l’avant-garde de cette contestation à travers l’habituel spectre de la fameuse « main étrangère » est aussi dans le menu de la stratégie machiavélique utilisée par le pouvoir pour contrecarrer la révolte pacifique du sud.

La diversion

D’un autre coté, la diversion est mise de partie pour accompagner cette répression des plus haineuses. Au moment ou le sort de l’Algérie se joue au niveau de cette zone névralgique et les multinationales se disputent notre souveraineté, les députés élus d’une manière frauduleuse et qui siègent dans une assemblée illégitime tentent de détourner l’attention de l’opinion publique à travers un débat primitif sur la tenue à imposer à la femme qui a courageusement participé à la lutte pour l’indépendance nationale et à celles de la démocratie, des droits de l’homme et de la question identitaire. Cette citoyenne à part entière à laquelle on a déjà imposé un tuteur à vie à travers une loi rétrograde et obscurantiste est assez consciente et mûre pour se prendre en charge et s’habiller comme elle le veut. Elle est actuellement mobilisée à la place Soumoud à In Salah comme elle l’était à la place Audin à Alger contre le 4eme mandat de toutes les supercheries. Elle est présente dans tous les combats justes que les politicards de l’APN refusent d’assumer.
Il est important d’éviter cette diversion et de mettre un terme à ce débat préhistorique en revenant à la priorité nationale qui est celle de l’exploitation arbitraire et méprisante du gaz de schiste et de se retourner vers le sud pour mieux comprendre la portée de cette opération qui se situe bien au-delà d’une simple transaction dans le cadre du marché des hydrocarbures.

L’incompréhension des enjeux

L’incompréhension des véritables enjeux doit être dépassée par un travail de conscientisation au niveau sociétale et tous les Algériens doivent comprendre que l’exploitation dangereuse du gaz de schiste est une affaire qui intéresse tout le pays. Ce n’est pas une question régionale. Elle relève de la souveraineté nationale. Elle se concentre aujourd’hui, au niveau local, par le fait que les gisements explorés se trouvent dans cette zone et par l’existence, au-dessus des gisements supposés, d’immenses nappes d’eau (phréatiques et albiennes) qui constituent une richesse colossale et une garantie pour l’avenir alimentaire du pays.

L’exploitation éventuelle des gisements de gaz de schiste doit faire l’objet d’un débat national qui doit toucher à tous les aspects de cette question à savoir les risques politiques, environnementaux et financiers. Il ne s’agit pas seulement de l’avenir du sud Algérien et de ses habitants, mais aussi de celui de toutes les régions d’Algérie.
Comme le signalaient si bien les animateurs du mouvement anti gaz de schiste à In Salah, seules les générations futures seront habilitées, au nom de l’équité intergénérationnelle, à prendre la décision de son exploitation ou non.

Le niveau de conscience des habitants du Sud et la clairvoyance de leurs revendications, présagent d’une vision de l’avenir belle et bien à la hauteur du combat qu’ils mènent au nom de toute l’Algérie. L’urgence d’aujourd’hui est celle de répondre favorablement au moratoire et à la revendication du gel de toutes les opérations de fracturation hydraulique par un décret d’annulation pure et simple de l’autorisation de l’exploration de ce gaz non conventionnel et de ce fait la révision de la loi sur les hydrocarbures après un large débat.

Il est suicidaire d’assister à l’essoufflement de ce mouvement citoyen sans s’impliquer afin de porter le soutien nécessaire pour la continuité et la pérennité de cette ferveur nationaliste qui caractérise cette contestation des plus matures que l’histoire de l’Algérie indépendante à connu.

Les citoyens d’In Salah ont donné la preuve que la conscience dormante au sud est plus forte que toutes les tartufferies politiques des salons d’Alger. Malheureusement, le projet de dislocation et de désintégration de la société accéléré par le régionalisme négatif qui a caractérisé la gestion des institutions de l’état pendant le règne de Bouteflika a crée un très grand fossé entre les différentes régions du pays.

L’alternative

Il est aujourd’hui plus que jamais vital de fédérer tous les efforts citoyens et d’agir ensemble dans le respect des spécificités régionales afin de construire une alternative fiable. Les Algériens sont condamnés à cohabiter et à œuvrer dans le sens d’abolir l’état jacobin rentier qui profite à une minorité mafieuse et de construire un nouveau système politique adéquat à leur pluralité sociologique, culturelle et linguistique accompagné d’une économie basée sur le développement durable, spécifique à chaque région.

Cette contestation de l’exploitation de gaz de schiste doit se généraliser à l’échelle nationale mais elle doit se faire au niveau de la société civile pour pouvoir la protéger de toute tentative de récupération politicienne et c’est dans ce sens que les citoyens d’In Salah souhaitent que toutes les bonnes volontés de ce pays adhérent activement à leur combat juste et honnête.

Faisons appel à notre solidarité légendaire. Ressuscitons ensemble le congrès de la Soummam. Cette lumière d’une résistance pacifique et responsable qui nous vient des profondeurs du pays de Tin Hinan est peut être la flamme qui va éveiller les consciences et mettre un terme à cette oligarchie qui nous empoisonne la vie. La solidarité nationale est notre seul rempart pour sauver le Sahara et tout le pays des appétits mesquins des multinationales et de leurs supplétifs dont l’objectif d’une recomposition géopolitique dans la perspective d’une zone non souveraineté au Sahel n’est pas à écarter.

Ceci dit, In Salah est aussi la Kabylie, la vallée du M’Zab, le pays des chawis, l’Oranie…et Alger.

Moussa Nait Amara

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