La République des putschistes, des traitrises et des cabinets noirs.

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Aziz Tari
Aziz Tari

CONTRIBUTION (TAMURT) – Après la marche grandiose du vendredi 22 Mars, comme d’habitude depuis plus d’un mois, après les grèves et les manifestations de la semaine, voilà qu’on nous propose une sortie de crise par le haut et par la voix du tout puissant patron de l’armée. Cette sortie de crise consiste à destituer l’actuel président en exercice dont son mandat expire le 28 Avril, en mettant en application l’article 102 de la constitution.

Cela s’apparente à un coup d’Etat en direct. L’armée en sortant de sa réserve impose son pouvoir et contrôle le processus de sortie de crise tout en garantissant le respect de la constitution qu’elle même piétine.  les militaires ont montré le degré de traitrise dont ils sont capables. En deux mois depuis la coupole annonçant le cinquième mandat de l’agonisant président à aujourd’hui on a tout vu.

Ils ont d’abord tous soutenu le cinquième mandat y compris Gaid Salah en menaçant et en insultant les peuples de ce pays, en nous vendant un état de santé et d’aptitude à exercer les plus hautes fonctions au mépris de tout. La preuve le conseil constitutionnel a validé le dépôt de sa candidature. La rue a répondu non au 5ième mandat et système dégage.

Puis ils ont trouvé la parade en annulant les élections sans aucune raison et décrétant ainsi la continuité du 4ième mandat pour une durée indéterminée. Les mêmes ont soutenu ce coup d’Etat anticonstitutionnel. La rue a répondu non et exige la fin de toute cette mascarade. Les scénarios tombent un à un jusqu’à ce dernier coup d’éclat qui est leur dernière carte pour sauver leur régime et garantir pour certains leur pérennité et pour d’autres une protection.

Cette dernière parade a le mérite de mettre à nu tout le mensonge d’Etat au plus haut niveau depuis 2013. Ils ont menti pendant toute cette période. Il faut qu’ils rendent compte devant la cours suprême de la haute trahison envers les peuples, la nation et la république. Tous ceux qui ont participé et exercé les plus hautes responsabilités doivent s’expliquer devant la justice. C’est ce que demande le peuple ni plus ni moins. La deuxième interrogation réside dans la question : qui a exercé le pouvoir durant toute cette période ? La rue demande des explications.

Il y a ceux qui sont visibles que tout le monde a vomis lors des manifestations (le cercle familial, le gouvernement, les partis au pouvoir, l’Etat major et ceux connus du cercle composant l’oligarchie qui a régné depuis). Il y a ceux qui ne sont pas visibles qui ont joué un rôle déterminant dans le maintient du président depuis son 4ième mandat, ceux qui ont régné en dehors de tout mandat et missions que confère la constitution. C’est la face cachée et la plus sombre de ce système. C’est tout ce système que la rue exige son départ et des explications.

Sortir l’article 102 aujourd’hui est un acte de traitrise envers celui qui les a servis et asservis, c’est un acte de haute trahison envers l’Etat, la Nation et la république. Ils ont fait de cette république, une république de putschistes, de traitrise et de mensonges pour régner. C’est ce que la rue ne veut plus vivre et qu’elle a donné une grande leçon d’histoire ce vendredi 29. Et elle continuera chaque vendredi et pendant la semaine jusqu’à sa chute pour laisser place à une transition sereine et apaisée pour que le débat de fond s’installe pour le renouveau de l’Algérie. Cette transition doit se faire sans eux et sans tous ceux qui ont participé aux tragédies qui ont traumatisé les peuples.

La rue n’a pas demandé la destitution du président seulement, elle a exigé le départ de ce système et de tous ceux qui l’ont servi. Nous prendre en otage et au chantage c’est prendre l’Algérie en otage, c’est ce qu’ils ont fait depuis 1962. On n’acceptera rien du tout en dehors de ce que la rue exige. Nous serons des millions dans la rue à dire non et nous continuerons à le faire tant que vous êtes aux postes pour continuer à régner.

C’est le destin des peuples, c’est le destin de l’Algérie qui se joue aujourd’hui. Ce n’est pas votre constitution que vous bafouez tous les jours dont on prendra le temps de la défaire dans la période de transition pour une autre constitution émanant des peuples. Ce ne sont pas vos institutions pour lesquels vous n’avez aucun respect et on prendra le temps qu’il faut pour les repenser. Chaque chose son temps et aujourd’hui il est temps que vous partiez tous sans honneur comme vous l’aviez fait à votre fidèle serviteur. Le reste on prendra le temps de repenser le tout dans une période de transition pour mettre à plat tout et reconstruire sur d’autres fondements l’Etat, la Nation, la république et les institutions pour que plus jamais ça se reproduise.

L’Algérie a déjà changé de visage. C’est à nous, nous les peuples de ce pays, de lui dessiner ses contours et son ossature pour que la paix, la justice, la liberté, la pluralité, la tolérance, la modernité et l’émancipation de l’Homme soient les fondements qui nous guident et nous dirigent.

Aziz Tari
Détenu de 80 et 81. Militant pour les libertés et l’amazighité. Militant pour un statut politique de la Kabylie

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