L’Azawad : le destin tragique d’un pays

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Azawad
Azawad

Tamurt.info – L’Azawad, également orthographié Azaouad ou Azaouâd, est un territoire presque entièrement désertique situé dans le nord du Mali recouvrant des zones saharienne et sahélienne, dont des groupes touaregs constituent un peuple à part entière de Berbères nomades vivant d’élevage et de commerce dans le Sahara central, partageant un alphabet commun, le tifinagh, et une même langue, le tamasheq. Il n’en reste pas moins que les Touaregs sont aujourd’hui fragmentés en différents groupes, liés à leur dispersion dans six pays (le Niger, l’Algérie, la Libye, le Mali, la Mauritanie et le Burkina Faso).
Les Touaregs du Mali sous l’Empire colonial : une histoire contrecarrée par l’indépendance
L’image des Touaregs est aujourd’hui encore très largement tributaire de l’héritage colonial français (à l’exception des Touaregs de Libye, anciennement sous domination italienne). Les « homme libres[1] », comme ils s’appellent eux-mêmes, sont perçus de façon contradictoire : nobles, rebelles, chevaleresques et, en même temps, pillards et asservisseurs. Ils contrôlaient le commerce caravanier, ayant établi des rapports durables avec les autres communautés ethniques où chacun tenait son rôle : pasteurs, nobles, cultivateurs, gouverneurs, commerçants,… Célèbres pour leurs rezzous (razzia) contre les populations sédentaires qu’ils vandalisaient, voire soumettaient à la servitude, avant de les assimiler culturellement, les Touaregs ne répugnaient guère à s’entredéchirer, pour assurer la survie de la communauté dans un milieu aux ressources rares primant sur la solidarité entre tribus. Ce mode de vie des « seigneurs du désert », aux apparences parfois barbares, a été complètement remis en cause à la suite d’une série de heurts et de guerres qui se sont succédés depuis la fin du XIXe siècle.
La conquête française et, dans une moindre mesure, italienne de l’espace saharien, a entraîné une première détérioration du mode de vie touareg. Les tentatives de résistance à l’ordre colonial (1916-17) ont été écrasées dans des bains de sang, anéantissant durablement l’aristocratie guerrière et affaiblissant le poids des chefferies traditionnelles. Après la seconde guerre mondiale, avec la disparition de l’Empire français et l’émergence de l’Union française en 1946, puis de la Communauté franco-africaine en 1958, une élite africaine fit son apprentissage politique sur les bancs du Parlement français. C’est ainsi que l’homme fort du Mali fut Modibo Keita.
Une fois les différentes confédérations défaites et soumises, les Français se contentèrent d’exercer un contrôle relativement lâche, en s’efforçant de perturber le moins possible l’organisation sociale touarègue (la volonté de contrôle des officiers méharistes français se doublait d’une fascination pour un peuple et un mode de vie en totale harmonie avec un environnement rude et exigeant, fascination qui n’est pas étrangère, du reste, à l’attrait touristique qu’offre aujourd’hui le Sahara). Mais la colonisation va inexorablement faire son oeuvre : affaiblissement des grandes confédérations, relâchement des réseaux communautaires, fragilisation de l’économie pastorale par le jeu des contraintes administratives, déclin régulier du trafic caravanier.
La première rébellion des Touaregs du Mali : 1962 – 1964
La décolonisation intervenue au début des années 60 se traduit, pour les Touaregs du Niger et du Mali, par l’inversion des rapports dominants/dominés puisque, dans ces deux pays, le contrôle des appareils d’État revient à des ethnies négro-africaines sédentaires. Les anciens « razziés » vont pouvoir assouvir une vengeance historique à l’encontre de leurs « razzieurs ». Autrement dit, la mise à l’écart des Touaregs constitue une sorte de revanche des anciens esclaves noirs contre leurs maîtres. Ces soulèvements sont, cependant, sévèrement réprimés. Au pire, elles donnent lieu à des massacres de populations, dans l’indifférence générale, quand ce n’est pas avec la complicité passive (ou non) de la communauté internationale.
Comme les élites qui héritent des commandes de l’État postcolonial sont issues des populations sédentaires, leur projet de société exclut d’emblée les préoccupations des nomades. Ainsi, les décisions politiques et économiques sont prises dans le sud, loin des zones de peuplement touareg. Par conséquent, les Touaregs, qui plus sont « soumis » depuis longtemps, sans valeur marchande, sans pouvoir politique, pour leur malheur répartis sur plusieurs territoires, n’entrent pas en ligne de compte.
L’apparition de l’Azawad, une réaction à l’échec de la première rébellion et l’abandon de l’identité touarègue
L’idée de l’Azawad, en tant que concrétisation d’un projet national indépendant, apparaît au cours de la rébellion des années 1990 amenant la signature en 1991 des accords de Tamanrasset et du Pacte national en 1992. Ce dernier entend oeuvrer à un meilleur développement du nord du pays et à une meilleure représentativité de l’ »Azawad » au sein des institutions maliennes.
À la suite de leur défaite face aux forces maliennes, les indépendantistes touaregs sont contraints à l’exil en Libye. Pendant cette période, ils entrent en contact avec les conceptions modernes de la nation. Ils comprennent vite que dans le monde actuel, l’indépendance ne peut être obtenue qu’avec le soutien de la communauté internationale, dont l’un des principaux fondateurs est le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
En 2006, une troisième rébellion éclate, en réponse aux promesses non tenues. Comme le rappelle le Monde diplomatique, le président malien de l’époque Amadou Toumani Touré décrivait lui-même la région du nord-Mali en 2009 en ces termes : « Il n’y a pas de routes, de centres de santé, d’écoles, de puits, de structures de base pour la vie quotidienne. En fait, il n’y a rien.[2] » Une nouvelle rébellion qui oblige donc les autorités maliennes à négocier un nouvel accord, celui d’Alger du 4 juillet 2006 qui vise une fois de plus à une meilleure intégration du nord au sein du Mali.
Et c’est à la faveur de la guerre en Libye que le Mali est à nouveau confronté depuis fin 2011 à la résurgence du conflit touareg. À l’occasion des diverses rébellions touarègues évoquées plus haut, nombreux ont été ceux qui ont quitté le Mali pour la Libye où un permis de travail d’une durée illimitée, voire la naturalisation, leur étaient accordés automatiquement. Certains ont intégré l’armée régulière libyenne, d’autres encore ne sont venus en Libye qu’au début 2011, payés comme mercenaires par Kadhafi dans sa lutte contre l’insurrection.
Le destin des Azawad
Aujourd’hui, il existe un consensus autour de l’Azawad chez les nationalistes touaregs, réunis au sein du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), qui se réclame des différents mouvements qui ont mené la rébellion dans les années 1990. Mais ils ne sont pas représentatifs des mouvements touaregs dans leur ensemble.
L’Azawad, force est de le constater, n’a aucune existence réelle, puisqu’ aujourd’hui, aucun Etat n’est bâti en son nom. Le pays ne dispose d’aucune institution étatique fonctionnelle autre que celles mises en place par l’État malien. Aussi, il n’existe pas de consensus populaire à son égard. Une partie des habitants du Nord-Mali a montré son soutien au Mali uni et solidaire. Au sein des Touaregs, Ansar Dine[3] s’oppose à l’indépendance et est soutenu par des mouvements djihadistes non touaregs. De plus, la totalité des États de la région et du monde s’accordent à considérer l’Azawad comme une menace et soutiennent sans fêlure l’intégrité territoriale du Mali.
Prodigieuse mais insidieuse action d’une entreprise qui aliène la volonté d’une nation à se re-découvrir.
Laakri Cherifi
[1] Les Touaregs au Mali et au Niger, analyse géopolitique, CLIOTEXTE.
[2] El Watan, cité dans «Comment le Sahel est devenu une poudrière», Monde diplomatique, avril 2012.
[3]Ansar Dine est un groupe armé salafiste djihadiste fondé et dirigé par Iyad Ag Ghali, un des principaux chefs de la rébellion touarègue de 1990-1996. Apparu au début de l’année 2012, c’est l’un des principaux groupes armés participant à la guerre du Mali.

3 Commentaires

  1. L’Azawad ,Tamagha ,l’Afrique ,(meurtrie)…ce mot trouve ces origines amazigh dans lmut(mort) mais on vous dira vient de l’arabe ,qui lui même, vient de Tamazight.
    La France maudite » des lumières des ancêtres des touaregs de Tamazgha a détruit les civilisations autochtones partout où elle a mis les pieds sur la planète.
    Ses lumières si on peut parler de lumière avec tous ses crimes et génocides commis,elle les doit surtout aux africains et non aux orientaux comme elle veut le croire,qui ont été les ferments des civilisations occidentales et orientales. N’oubliez pas que l’alphabet latin que l’on attribue aux phéniciens et de la pure imposture car il est tout simplement le fruit des numides puniques tout comme l’hébreu nord africains usurpé, qui par ailleurs si vous vous intéressez trouverez beaucoup de mots amazigh (kabyles même) que l’on va pour certains attribuer aux arabes,encore une invention française du 19 siècle. C’est grâce à cette alphabet que toutes les langues pourront s’écrire y compris l’arabe syriaque des ancêtres chrétiens d’izwawen qui créeront sa grammaire.
    Qu’elle en soit maudit !

  2. la france est la fille de satan et la demeur de satan c est le vatican, lislam c est une creation des augustinien et a leur tete khadidja qui est une pretresse , le but ete d empecher les cretiens ortodoxe et juif de creer un pole puissant pour et iradiquer le cristianisme donatiste en afrique du nord pour que rom reste le pouvoir suprem . l arabi ete choisi pour sa proximite des lieux dit saint des deux religions monothoiste . et le choix et fait: une religion gerriere qui a crere un cao dans les population cretienne et juif et ces la raison qui fait que le chiisme musulement ete nee pour evite la manipulation du vatican , mais le group souniste korachite mouawia avec le renforcement du vatican pour mener des guerre sans pitier contre les cretien ortodoxe et juif sont toujour entretenu jusqu a nos jour , et l histoire se repete avec la secte d aach vias le sounisme

  3. l’algérie risque de basculer d’un moment à l’autre, mais connaissant le « caméléonnisme » de la gestapo d’alger, ils sont en effet capable de s’allier au daech pour anéantir la Kabylie. je propose, d’apprendre aux jeunes et moins jeunes Kabyles, hommes et femmes LES ARTS MARTIAUX, du fait que nous ne disposons pas d’armes de guerre, mais assez d’espaces pour s’entraîner. IL FAUT QUE MON PEUPLE PUISSE SE DÉFENDRE MÊME SANS ARMES A FEU, contre la bête immonde. Notre survie et en jeu, ces chiens de banu hilal et leurs sous traitant vont certainement faciliter et aider la hordes sauvage à mettre le feu à la Kabylie légendaire. SI LA GUERRE ÉCLATE, NOUS DEVONS RÉCUPÉRER TOUTE LA TERRE KABYLE (de Setif à Tipaza, y compris Mezghena ), le MAK A JURER DE NE PAS LAISSER UN POUCE DU TERRITOIRE KABYLE. Votre frère Kabyle

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