Le qatarisme, ce fléau qui nous menace ! Aujourd’hui, la Tunisie, et demain, qui sait, la France !

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Sommaire

Avertissement : Les libertés d’opinion, d’expression et de la presse sont menacées en Tunisie

0. Comme son nom l’indique !

1. Le qatarisme

2. Aperçu non exhaustif du qatarisme en France et en Tunisie

3. Le qatarisme, ce wahhabisme conquérant et rampant

4. Qatarophilie du Président Tunisien et qatarophobie de son Peuple

Notes et Références

Avertissement : Les libertés d’opinion, d’expression et de la presse sont menacées en Tunisie

Les démocrates tunisiens furent surpris d’apprendre, le lundi 29 avril 2013, au cours d’une conférence de presse donnée par Néjiba Hamrouni, Présidente du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT), que le Parti politique le CpR (Congrès pour la République) de Moncef Marzouki, notre Président provisoire de la République et allié d’Ennahdha, le Parti islamiste au pouvoir, a soumis à l’Assemblée Nationale Constituante un Projet de loi liberticide prévoyant « des peines allant de 3 mois à 3 ans de prison pour quiconque critiquerait le Président de la République, les membres du gouvernement et les instances qui relèvent de leur pouvoir » [1], Projet de loi qui est, probablement, une réplique à la partie de plaisir, annoncée au paragraphe 4. ci-dessous, qui attend notre Président sur les bancs de ladite Assemblée, suite à ses élucubrations décrites dans ce paragraphe, caractéristiques de sa qatarophilie, et à la Motion de Censure le concernant qui s’en est suivie.

En réaction à ce Projet de loi, la « Coalition pour la Défense de la Liberté d’Expression », coalition regroupant des associations de la société civile et des syndicats professionnels qui a été créée le même dit jour, a appelé les démocrates de tous bords à une marche de protestation qui aura lieu à Tunis le vendredi 3 mai 2013, Journée mondiale de la liberté de la presse , dont le point de départ est le siège du SNJT, situé au boulevard des États-Unis, et le point d’arrivée à l’avenue Habib Bourguiba.

Ce Projet de loi a eu un impact sur cet article. En effet, la longueur initialement prévue de son paragraphe 4. , intitulé « Qatarophilie du Président Tunisien et qatarophobie de son Peuple », était moindre. Mais, compte tenu du risque de la perte de ma liberté d’expression, si jamais ledit Projet devenait Loi, j’ai décidé d’étoffer ce paragraphe.

0. Comme son nom l’indique !

Le mot  » خطر » signifie en arabe  » DANGER » et s’écrit phonétiquement « KHAṬAR » , terme très proche, phonétiquement, du terme  » QATAR » .

1. Le Qatarisme

Il apparait de plus en plus certain que, du point de vue économique et financier, le Qatarisme marquera le début du XXIème autant que le Plan Marshall a marqué les années qui ont suivi la seconde guerre mondiale, avec, évidemment, les différences qui s’imposent sur les raisons, apparentes et cachées, les vocations et les finalités de chacun de ces deux projets.

Il convient, d’abord, de définir ce que j’entends par le terme « Qatarisme » : C’est un néologisme qui signifie la mainmise d’un État-rentier, dont la puissance est due exclusivement à ses finances, ou d’un organisme financier sur la destinée d’un pays à travers des participations tous azimuts dans ses branches d’activité industrielle, économique, financière, sociale, culturelle, éducative, touristique, sportive, cultuelle,…en recourant à des supplétifs autochtones, politiques ou autres, et/ou en pratiquant un lobbying intensif et agressif, n’hésitant pas à recourir à des pratiques sortant des sentiers battus, planifié souvent plusieurs années en amont, mainmise ayant pour unique vocation le profit et/ou la subordination dudit pays, culturellement, cultuellement ou autre. Exemple : les projets réalisés et envisagés par la gazo-monarchie qatarienne dans plusieurs pays de la planète ; ce qui explique l’étymologie du terme.

2. Aperçu non exhaustif du qatarisme en France et en Tunisie

Le Qatar, ce minuscule émirat, grand comme la Corse, est devenu, en cette époque de crise aigüe et en un temps record, le premier investisseur au monde, avec des centaines de milliards d’euros, grâce à plusieurs fonds dirigés par des membres de la famille régnante, la ‎dynastie des Al Thani, tout en demeurant un « investisseur dormant, peu impliqué dans la vie des entreprises concernées ». Cet émirat, dont l’existence date d’un demi-siècle et dont le nombre de citoyens nationaux se situe aux environs de trois cents mille, est sur le chemin d’engloutir peu à peu les fleurons de plusieurs économies nationales, grâce aux gigantesques recettes qu’il tire de ses exportations de pétrole et de gaz naturel alimentant lesdits fonds, avec une attention, une prétention et une folle ambition particulières envers (le milliard et demi de citoyens que compte) la oumma (dans le sens, l’ensemble constitué des états à majorité musulmane et les minorités musulmanes des autres états) qu’il souhaite régenter, non pas pour la faire entrer dans la civilisation du XXIème siècle, mais, plutôt, pour la faire régresser à l’ âge de pierre. À défaut, ce souteneur aussi bien des dictateurs que des sectes islamistes de la oumma, se contenterait d’être le leader d’une puissance régionale ou, pourquoi pas, le siège d’un Khalifat, qui serait évidemment wahhabite, recouvrant le Maghreb arabe et le Grand Moyen-Orient imaginé, en 2004, par les faucons du gouvernement de George W. Bush. Deux bénéficiaires, parmi d’autres, chacun avec ses caractéristiques dans cette politique à multifacettes, sont la France et la Tunisie, avec l’inventaire panaché suivant, non exhaustif et en vrac, du contenu de la corbeille qatarienne les concernant [2], [3] : de grands groupes du CAC40, des projets nucléaires d’EDF, des mégaprojets touristico-immobiliers , des projets de fonds pour les banlieues françaises, fragilisées économiquement, et les quartiers populaires tunisiens, des opérateurs téléphoniques, des dons, des prêts sans intérêts, des logements populaires, pour les nécessiteux , et des splendides résidences au cœur des grandes métropoles européennes, pour les influents supplétifs, offerts gracieusement, des « enveloppes » (on a même parlé de valises), à contenus faramineux, pour alimenter les campagnes électorales ou autres des islamistes tunisiens, avec l’agneau offert, lors de l’Aïd-el Kabîr, la prise en charge des frais de mariage, circoncision, rentrée scolaire, factures impayées…

Ces opérations sont effectuées, quand la discrétion l’exige !, ce qui est le cas le plus souvent, en passant par des associations locales « converties » ou à dirigeants « convertis » [comme le cas de l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF)], par des organisations et « des méandres de sociétés écrans (…) prête-noms et intermédiaires de tous ordres ». Les journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot mentionnent, dans leur livre [4], sans utiliser le moindre conditionnel, des pratiques, parfois, pas à l’honneur du pouvoir qatari. De plus, d’après une étude parue en mars 2013, réalisée par l’Observatoire tunisien ILEF pour la défense des consommateurs et des contribuables, de nombreuses « ONG philanthropiques et à caractère religieux sont financés (…)par des parties étrangères [suivez mon regard !] non déclarées, précise l’étude qui fait état [en outre] de l’émergence d’une nouvelle forme de financement qui échappe au contrôle des pouvoirs publics, à savoir la Zakat (aumône religieusement légale) ».

La Prouesse en préparation en Tunisie, de cet investisseur à l’appétit illimité, est l’acquisition de pas moins de 150 établissements hôteliers, en situation financière critique, avec la bénédiction de ses alliés islamistes qui nous gouvernent [5], en attendant de lui céder nos sites archéologiques, historiques et touristiques de Carthage, de Kairouan et d’ailleurs, pourquoi pas !, à la manière du scénario qui s’est opéré en Egypte .

Déjà, les Cheiks et les riches des pays de l’Arabie, avec la complicité des régimes déchus, et encore plus avec le régime islamiste actuel, ont décimé, grâce à des parties de chasse illégales (sans autorisation) mais permises, et même soutenues, légalement, logistiquement (fournitures de voitures 4×4, de tentes pour le campement, location des armes,…), notre faune sauvage du désert, en particulier la gazelle Rim ( dite aussi gazelle des dunes ) et la gazelle Dorcas (dite smeti, en arabe), animaux en voie d’extinction, figurant sur la liste rouge de l’Union Mondiale de la Conservation de la Nature des espèces animales sauvages menacées d’extermination et protégées par les conventions de Washington et de Rio, toutes les deux ratifiées par la Tunisie. La raison principale de ces massacres tient à la libido et à la superstition de ces envahisseurs qui croient que les vésicules biliaires séchées de ces animaux sont de puissants aphrodisiaques. Et voici l’horrible résultat de ces sauvages, qui plus est, des gazelles avec leurs futurs petits.

3. Le qatarisme, ce wahhabisme conquérant et rampant

Comme on peut le constater, des domaines régaliens ou sensibles sont contenus dans l’inventaire précédent et ils ne sont pas les seuls. En effet, un grand projet concernant l’ouverture de plusieurs établissements d’enseignement en français, au Moyen-Orient et en Afrique, y compris au Maghreb arabe, devrait voir le jour. Un autre grand projet, du domaine régalien aussi, qui va permettre au Qatar de s’ingérer dans l’Islam des pays francophones, en général, et de France, en particulier, et ce, avec la bénédiction des autorités françaises, va voir bientôt le jour, si l’on croit l’annonce faite par Cheikh Ahmad bin Jassim Al-Thani (encore un Cheikh et encore un Al-Thani !), directeur général de la chaîne Al-Jazeera, à la clôture du 7ème Forum de cette chaine, le 18 mars 2013 à Doha, concernant le lancement imminent d’un canal francophone de ladite chaîne [6], « une nouvelle voix de la France » à la sauce qatarie, en quelque sorte, l’autre voix étant France 24, curieusement à l’heure où cette dernière se porte bien et où le canal arabe d’Al-Jazeera commence à battre de l’aile dans les pays où le Printemps arabe est passé par là, comme le montrent les évictions fréquentes des équipes de cette chaine des manifestations et rassemblements des modernistes en Tunisie et en Égypte, jugée, à raison, la voix du wahhabisme conquérant et rampant.

Pour soutenir ce wahhabisme en France et dans les autres pays francophones, le Qatar ne se refuse rien. En effet, Cheikha Mozah bint Nasser Al-Misnad, deuxième et avant-dernière épouse de l’Émir du Qatar et sa favorite, trader-VRP-Internationale-de-luxe de ce pays, a recruté en 2012 le très médiatique Tariq Ramadan, pour les besoins de la cause, comme collègue du Grand Manitou de l’internationale Islamiste Youssef al-Qaradawi au Centre de Recherche sur la Législation islamique et l’Éthique, basé à la Faculté des Études Islamiques à Doha, Tariq Ramadan, réelle vedette, respectée et écoutée par le milieu islamiste de la diaspora musulmane francophone, de surcroît pour son aura,petit-fils même de Hassan al-Banna, fondateur de la confrérie des Frères Musulmans, et titulairede la Chaire d’Études Islamiques Contemporaines à l’Université d’Oxford, Chaire financée, d’ailleurs, par l’Émir du Qatar [7]. Et il ne serait pas étonnant que, à l’instar de son collègue Youssef al-Qaradawi, qui est aussi et surtout le « téléislamiste » wahhabite par excellence d’Al-Jazeera canal arabe, Tariq Ramadan prenne l’habit du « téléislamiste » d’Al-Jazeera canal francophone ! Je tiens à avouer ici que j’ai toujours eu du respect pour Tariq Ramadan, en tant qu’intellectuel musulman, bien que mon islam se situe aux antipodes du sien [8], jusqu’au jour où j’ai appris son recrutement en tant que « VRP de luxe » du wahhabisme qatari.

FRANÇAIS REVÉILLEZ-VOUS !

Il convient de rappeler dans ce cadre que le Qatar est un pays anglophone, non francophone, membre associé (par complaisance !) de l’Organisation Internationale de la Francophonie. Mais cela est secondaire, tant qu’il y a du fric et du prosélytisme wahhabite à faire ! D’ailleurs cette ardeur pour le gain, sans déontologie ni traditions sous-jacentes, a conduit, souvent, à des situations rocambolesques comme celle du quart de finale de la Ligue des Champions entre le FC Barcelone (Barça) et le PSG [9] résumée par l’égalité suivante :

Barça-vs-PSG = Cheikha-vs-Cheikhito

qui traduit le fait que le Barça est sponsorisé par la Qatar Foundation, présidée par Cheikha Mozah précitée, et que le PSG est détenu à 100% par le fonds souverain Qatar Investment Authority (QIA), présidé par son fils le Cheikhito (le petit Cheikh) Tamim bin Hamad al-Thani, émir héritier du Qatar, tout en sachant que la Qatar Foundation a été fondée par le même Cheikhito.

Dans ce monde de business, de luxe, de sport, d’influence, de philanthropie, de « parrainage »,…le Qatar n’est pas simplement l’ogre boulimique, grâce à ses ressources financières quasi illimitées, en matière d’investissements économiques, il n’est pas simplementle banquier des islamistes soi-disant modérés, de tous bords, et leur régenteur, s’ils sont au pouvoir ; mais, il est, aussi, l’un des principaux banquiers du terrorisme islamiste, l’un des principaux soutiens aux factions armées les plus radicales de l’islamisme sunnite, du Sahel en Afghanistan, de la Lybie en Syrie. Il leur fournit capitaux, armes et combattants, évidemment pas qataris ; eux, ils sont nés pour faire des affaires et pour faire la guerre aux autres, y compris les occidentaux, par des recrues d’autres nationalités interposés, endoctrinés, auparavant, dans des réseaux jihadistes, après avoir été « recrutés par des associations « humanitaires » financées par le Qatar » [10], des associations caritatives, culturelles ,…Ainsi, pour la Tunisie, « Selon l’ONU, les combattants tunisiens en Syrie seraient au nombre de 3 500 et constitueraient 40 % des effectifs jihadistes. Même des handicapés moteurs auraient été enrôlés, ainsi que des jeunes femmes. Selon Abou Koussay, de retour de Syrie, treize jeunes Tunisiennes ont été endoctrinées pour mener le « jihad de nikah », qui revient à satisfaire les désirs sexuels des combattants » [10]. De plus, l’immixtion grandissante du Qatar dans la sphère politique et économique de la Tunisie est reconnue par les plus éminents spécialistes du monde arabo-musulman à tel point que Bassam Tahhan, Politologue Franco-Syrien et Professeur de Stratégie et de Géopolitique, le désigne comme étant un commanditaire potentiel [11], en première ligne, de l’exécution de Chokri Belaïd, figure emblématique de l’opposition de gauche tunisienne, critique hors normes des islamistes et de leurs parrains (Arabie saoudite, Qatar, U.S.A.,…), tribun hors pair, avocat de formation âgé de 48 ans, Secrétaire Général du Parti des Patriotes Démocrates Unifiés (Front Populaire), qui a été assassiné, de trois balles à bout portant, le mercredi 6 février 2013, à la sortie de son domicile [12].

Il est bon de rappeler aux puissances occidentales, en général, et aux États Unis d’Amérique, en particulier, qui ont soutenu, et qui soutiennent encore, les Courants Islamistes du contre-Printemps Arabe et leurs sponsors, que, sans leur appui explicite, partial, inconditionnel et permanent, apporté à la politique expansionniste de l’Etat d’Israël, Israël qui a le droit d’exister, mais a le devoir de respecter le Droit International et les Résolutions de l’Organisation des Nations Unies, sans leur appui implicite apporté au Courant Wahhabite, en général, et à sa branche terroriste, en particulier, à l’époque de la guerre froide, pour contrer « l’ennemi communiste », il n’y aurait eu ni de 11-septembre, ni d’AQMI, ni de Terrorisme Islamiste International, Terrorisme qui risque d’embraser aujourd’hui, en premier, la Tunisie, pays-berceau du Printemps Arabe, …, ni d’attentat de Boston,… Et, comme on dit chez nous :

« Le croyant ne se fait pas piquer deux fois par le même scorpion » (Proverbe Tunisien)

AUSSI, PAYS DÉMOCRATIQUES, D’OCCIDENT ET D’ORIENT, RÉELS AMIS DE L’ÉGYPTE, DE LA LIBYE, DU MALI, DE LA SYRIE, DE LA TUNISIE, DU YÉMEN…RÉVEILLEZ-VOUS, SI VOUS SOUHAITEZ QUE CES PAYS NE REJOIGNENT PAS L’AFGHANISTAN, L’IRAK OU LA SOMALIE ! SINON, DEMAIN LE FLÉAU SERA A VOS PORTES !

4. Qatarophilie du Président Tunisien et qatarophobie de son Peuple

Le qatarisme croissant du Qatar, observé en Tunisie depuis le début de sa marche vers la démocratie, doublé de son ingérence, de plus en plus insupportable, dans les domaines politiques et cultuels, à travers, notamment, des supplétifs autochtones et Al-Jazeera, sa chaîne satellitaire de propagande wahhabite, inquiète une frange de plus en plus importante de la population et a induit un rejet, croissant également, vis-à-vis de ce pays, rejet qui s’est manifesté, principalement, par des analyses critiques dans les médias de toutes natures et sur les réseaux sociaux, sans langue de bois, parfois acerbes, sur les comportements insolents et agressifs, à tous les degrés, du Qatar. Le premier à réagir à ces critiques de manière frontale fut notre Président provisoire de la République Moncef Marzouki, élu à ce poste grâce au soutien d’Ennahdha, qui, dans un élan impulsif, pour un Chef d’État (heureusement que nous ne possédons pas l’arme nucléaire !), de rhétorique primaire, troquant le discours républicain contre celui d’allégeance, a oublié la circonspection qu’exige sa fonction en se transformant en avocat du diable (que l’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit : l’expression « avocat du diable » est à considérer en tant que locution nominale) et en publicitaire, de surcroît fallacieux, à la solde du Qatar . En effet, lors d’une cérémonie officielle internationale qui s’est tenue au Palais de Carthage le jeudi 11 avril 2013, cérémonie qui fut diffusée sur toutes les chaînes de télévision, publiques et privées, Monsieur le Président provisoire de la République a déclaré qu’ « Il existe un état ami, un état frère qui s’appelle Qatar qui a dépensé de l’argent pour permettre de restituer [à la Tunisie une partie de] cet argent [spolié par le clan du Président déchu] (…) et je considère que les gens qui s’en prennent à cet état frère par les insultes et les offenses sont des gens qui doivent assumer leurs responsabilités face à leur conscience et devant la justice » [13], déclaration qui fut baptisée aussitôt « déclaration qatar-strophe » dans les réseaux sociaux.

Par cette déclaration qatar-strophe, Moncef Marzouki, qui ne porte pas de cravate, comme chacun sait, s’est révélé être bénéficiaire d’une double-casquette : celle de Président provisoire de la République et celle de Consul Général (ou plutôt Résident Général, à la manière de celui de France en Tunisie, du temps où nous étions un Protectorat français) de l’Émirat du Qatar en Tunisie.

À ce stade, quelques remarques s’imposent. La première concerne l’aspect publicité mensongère relatif à la soi-disante générosité pécuniaire de cet « état ami » et « frère  » soulignée par Moncef Marzouki, car Sami Remadi, Président de l’Association Tunisienne pour la Transparence Financière, Association concernée en premier lieu, avec le Ministère de la Justice et la Banque Centrale, par cette affaire de restitution d’argent spolié, a indiqué, par la suite, que ni le Qatar, ni aucune autre partie n’ont dépensé quoi que ce soit pour que la Tunisie récupère cet argent [14]. Ensuite, cette bavure est rendue encore plus fâcheuse par le fait que Moncef Marzouki, dans une interview qui a eu lieu le 25 mars 2013 dans les studios de la chaîne satellitaire qatarie Al-Jazeera, s’est acharné sur les opposants à Ennahdha jusqu’à les menacer de pendaison, en affirmant : « S’il vient à l’idée des extrémistes laïques de chercher à s’emparer du pouvoir, on dressera des potences et des guillotines et il n’y aura pas de sages, comme Moncef Marzouki, Mustapha Ben Jaafar ou Rached Ghannouchi pour prôner la modération, le dialogue ou la réconciliation nationale »[15]. De plus, cette affirmation est d’autant plus révoltante qu’elle a eu lieu au Qatar, pays exécré par de plus en plus de tunisiens, outre les modernistes, qui plus est, dans les locaux mêmes d’ Al-Jazeera, l’ arme de politique internationale, par excellence, de ce pays, couvrant, analysant, critiquant et passant au peigne fin tous les pays musulmans sauf un …le Qatar, Al-Jazeera, Palme d’Or de la falsification journalistique [16], dont le masque est tombé depuis que certaines dépêches furent révélées par Wikileaks [17] montrant, par exemple, que sa bienveillance et sa malveillance vers tel ou tel pays, vers tel ou tel parti, vers telle ou telle personne, …, sont fonction des intérêts du Qatar et de son Émir à tel point qu’elles sont utilisées comme une monnaie d’échange dans les négociations de politique étrangère ou d’affaires. Dans ce contexte, il convient de mentionner la relation privilégiée qu’a toujours entretenue Moncef Marzouki avec la chaîne qatarie, chaîne qu’il a citée six fois dans son dernier livre [18] en la considérant comme étant « cet outil extraordinaire venu du Qatar » qui est devenu « son arme de communication » sous le Régime déchu, alors que les médias tunisiens d’aujourd’hui, cités aussi plusieurs fois, y sont considérés comme étant des « médias de la propagande » abritant en leur sein la « contre-révolution », analyse , parfaitement partagée par Ennahdha, qui représente, de fait, le socle sur lequel repose le Projet de loi liberticide mentionné dans l’Avertissement d’ouverture de cet article. D’ailleurs, notre Président est tellement au diapason d’Al-Jazeera qu’il y occupe la fonction de journaliste pigiste. Et, avec ce livre, il apparait comme étant un singleton dans le club des Chefs d’État du monde, puisqu’il est, à ma connaissance, l’unique Président d’une République de la planète à faire paraître un livre, moins de deux années après le début de son mandat ! Peut-être qu’il doit ce privilège à l’insignifiance de ses prérogatives, pour laquelle il a lui-même voté, alors qu’il était le candidat d’Ennahdha à la magistrature suprême, insignifiance planifiée par ce Parti qui a valu à notre Président provisoire de la République le sobriquet de « Tartour », terme arabe décrivant un personnage insignifiant, de décor.

Quant à ses relations avec l’Émir du Qatar, elles semblent ambiguës, depuis la fameuse vidéo qui a commencé à circuler au début de l’année écoulée sur le net et qui a choqué, pour ne pas dire humilié, plus d’un citoyen, vidéo où l’on voit l’Émir, à son arrivée à l’aéroport de Tunis-Carthage, le 13 janvier 2012 pour les célébrations de l’an I de la Révolution, apostrophant des journalistes tunisiens en leur disant, en présence de Moncef Marzouki : « vous êtes témoins que je suis en train d’apprendre à votre président comment il doit se tenir debout et comment il doit saluer », vidéo reprise en ouverture d’une chanson rap critiquant le Qatar [19], mettant en parallèle la Tunisie avec son Histoire et sa Civilisation trois fois millénaires et le Qatar dont l’Histoire et la Civilisation sont réduites à ses dunes de sable ! Il est à noter, dans ce contexte, que cette arrogance de l’Émir et les déclarations de Moncef Marzouki ont accentué le sentiment anti-Qatar, déjà existant dans la population, et ce avant que ce dernier ne soit locataire du Palais présidentiel de Carthage, comme le montrent les deux vers et la photo ci-dessous, et ont conduit à une floraison de chansons, poèmes, vidéos, sketch, caricatures,… anti-Qatar, anti-Émir et anti-Mozah, dans les médias de tous genres, ainsi que sur les réseaux sociaux.

« Lorsque le peuple un jour veut la décadence

Il se doit de demander cela à Qatar »

Ces deux vers, qui sont une déformation des deux vers suivants de notre hymne national :

« Lorsque le peuple un jour veut la vie

Le destin se doit de répondre »

ont été chantés dans les manifestations, dès les premiers jours qui ont suivi la fuite du dictateur.

À ce stade, il convient de faire remarquer que ces deux derniers vers ne sont pas du goût des islamistes, à tel point que leur grande majorité refuse de les chanter et souhaite les faire disparaître de notre hymne national, sous prétexte que leur contenu est contraire au dogme de la Prédestination !

Il faut noter aussi que l’asservissement des islamistes tunisiens au Qatar et leur engouement pour ce pays (qui, rappelons-le est un pays d’apartheid, wahhabite, à monarchie absolue, où, même la notion de citoyen n’a pas droit de cité !, à des années-lumière du Printemps arabe) sont tellement extrêmes et aveugles qu’ils considèrent le Qatar comme étant l’eldorado du monde arabe, sur tous les plans. Ainsi, Moncef Ben Salem, notre illustre Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (qui s’est auto-promu lui-même Professeur des Universités, soit-dit en passant) n’a pas hésité à déclarer : « Pour ce qui concerne les Gouvernements des Pays Arabes, d’après mon point de vue personnel, on a un seul gouvernement nationaliste, dans le sens plein du terme, (c’est Qatar), un seul homme nationaliste, dans le sens plein du terme, c’est l’Emir du Qatar » (sic)[20], minute 12:00.

Quant à la réaction des élus du peuple à l’Assemblée Nationale Constituante, plus du tiers d’entre eux ont jugé que lesdits écarts de conduite du Président provisoire Moncef Marzouki portent « atteinte au prestige de la fonction de Président de la République et à la réputation du pays », comme l’a si bien résumé le constituant Samir Taïeb en déclarant que ce dernier « n’a pas compris que le peuple tunisien n’admet pas autant de servitude de la part de son Président, même provisoire, à l’égard de cette petite principauté du Golfe ». Ce qui les a conduits, conformément aux textes régissant l’organisation provisoire des pouvoirs, à déposer une Motion de Censure à son encontre. En conséquence, le Président provisoire tunisien, Moncef Marzouki, aura à répondre, bientôt, en séance plénière à ces accusations.

En conclusion, il est décevant de constater que, depuis quelques temps, en toute circonstance et en tout lieu, à l’étranger comme sur le territoire national, notre Président provisoire de la République, ex-figure emblématique de la défense des Droits Humains, ne rate aucune occasion pour s’en prendre à ses anciens compagnons de lutte que sont les modernistes tout en se faisant l’avocat des islamistes et de leurs sponsors. Triste constat qui montre que la trajectoire de Tartour s’intègre naturellement dans l’axiome selon lequel le pouvoir rend amnésique ou change la personne ou fait tomber le masque. En outre, cet ex-militant pour la défense des droits et des libertés, oubliant que notre révolution n’a jamais exprimé de mots d’ordre religieux, oubliant aussi que ses alliés islamistes qui nous gouvernent aujourd’hui en furent les grands absents [21]-[22], lui et son parti le CpR, au diapason avec eux, nous ont concocté un Projet de Constitution qui est, implicitement, celui d’un État théocratique, permettant, aux « gens mal intentionnés » la confusion entre la Loi civile et la Sharia, non conforme à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, en particulier à ses Articles premier et 18 , un Projet de Constitution où les grands absents sont la liberté de pensée, la liberté de conscience et l’universalité des droits de l’homme, pierres angulaires de tout régime démocratique, sans lesquels la notion de démocratie perd toute son essence.

Notes et Références

[1] http://www.lexpress.fr/actualites/1/economie/tunisie-creation-d-une-coalition-pour-defendre-la-liberte-de-la-presse_1245220.html

[2] Sur le lien suivant, on retrouve des articles, des vidéos et des infographies relatifs au Qatar parus sur Le Monde.fr.

http://www.lemonde.fr/qatar/

[3] Le Vilain Petit Qatar, par Nicolas Beau et Jacques-Marie Bourget (Fayard, Paris, mai 2013)

[4] Qatar-Les secrets du coffre-fort, par Georges Malbrunot et Christian Chesnot (Michel Lafon, Paris, 2013)

[5] http://www.tunisienumerique.com/tunisie-le-qatar-met-la-main-sur-le-tourisme-tunisien/174371

[6] http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2013/03/18/al-jazira-va-lancer-une-chaine-en-francais_1850144_3236.html

[7] http://mobile.liberation.fr/societe/2013/04/26/ramadan-vrp-de-luxe_899409

[8] Eh ! Oui, l’Islam est autant pluriel que le christianisme, sinon plus ; le mien est résumé dans un petit poème, intitulé « Ma Profession de Foi », paru sous le lien suivant :

http://www.legrandsoir.info/ma-profession-de-foi.html

[9] http://www.7sur7.be/7s7/fr/1767/Ligue-des-Champions/article/detail/1597615/2013/03/16/Le-Qatar-menace-t-il-le-match-PSG-Barcelone.dhtml

[10] http://www.jeuneafrique.com/Article/JA2726p043.xml0/tunisie-islam-jihad-syrietunisie-recrute-candidats-au-paradis.html

[11] http://french.irib.ir/analyses/interview/item/241170-bassam-tahhan,-politologue-et-professeur-de-strat%C3%A9gie-et-de-g%C3%A9opolitique

[12] http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/a-chokri-belaid-le-rossignol-de-la-132177

[13] http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=D1dnS_16cSU

[14] http://www.mosaiquefm.net/fr/index/a/ActuDetail/Element/20065-sami-remadi-le-qatar-n-est-pas-intervenu-dans-l-affaire-de-l-argent-spolie

[15] http://www.legrandsoir.info/le-mot-du-jour-laiquicide.html

[16] http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/tunisie-funerailles-de-chokri-130465

[17] http://www.guardian.co.uk/world/2010/dec/05/wikileaks-cables-al-jazeera-qatari-foreign-policy

[18] L’invention d’une démocratie-Les leçons de l’expérience tunisienne, par Moncef Marzouki (Éditions La Découverte, Paris, 2013)

[19] Pour les Facebookers arabophones :

https://www.facebook.com/photo.php?v=180465062102994&set=vb.154743414675159&type=2&theater

[20] http://www.youtube.com/watch?v=KWaxFwSLVf8

[21] Dans la vidéo ci-dessous, filmée à la veille de la Victoire du 14 janvier 2011, Moncef Marzouki, actuel Président provisoire et, à l’époque, réfugié politique en France, déclare que « Les islamistes sont complètement et totalement absents » de la Révolution

http://videos.tf1.fr/infos/2011/la-tunisie-n-est-pas-un-pays-democratique-6215593.html

[22] « Les Islamistes vécurent notre Révolution en spectateurs

De Londres, de Paris, de Qatar ou d’ailleurs

Ce ne sont que des Révolutionnaires de la vingt-cinquième heure

Dont l’attachement à la Démocratie n’est qu’un leurre

Pour tromper, dans leur quête du pouvoir, les électeurs,

Leurs éventuels alliés et les opinions publiques, intérieure et extérieure,

Les Droits et les Libertés, toutes les Libertés, étant à l’index dans le registre de leurs valeurs :

Droits de la Femme, Liberté de Croyance, d’Opinion, d’Expression, de l’Artiste, du Créateur,… « .

Extrait de mon article intitulé « Démocrates de tous bords, combattez, combattez le Projet des Islamistes Tunisiens ! « , paru sur le Lien suivant :

http://www.legrandsoir.info/Democrates-de-tous-bords-combattez.html

article qui analyse, en particulier, les périodes pré et post-révolutionnaires

Salah HORCHANI

3 Commentaires

  1. Incroyablement long l’article. Heureusement! Cela m’a empêché de lire après « {Avertissement : Les libertés d’opinion, d’expression et de la presse sont menacées en Tunisi}e ».
    Je le soupçon au service de ses maîtres qui veulent nous faire oublier que il ne y’a jamais eu de liberté d’opinion, d’expression etc il ne y’a jamais eu de liberté tout court dans les états d’Afrique du nord.
    Ou bien l’auteur est le plus grand idiot, inculte en politique, ou bien un hypocrite qui souhait nous faire avaler un souhait de ses maîtres d’Alger. Je penche pour cette dernière hypothèse. D’ailleurs il fait son possible pour diriger les regards loin d’Alger en invoquant la France comme la soit disante prochaine proie de l’islamisme-

    Comment le site Tamurth info donne de la place a ces gens est un mystère dangereux pour le peuple Kabyle….

  2. Azul akkwit s-umata ay Imazighen

    En fait vous avezrécolté ce que vous avez semé, en vous fourvoyant en revêtant une identité provisoire en ayant soutenu à ce jour le pan arabisme, les nords africains sont dansleur écrasante majorité des IMAZIGHEN des Berbères dit autrement qu’ils soient arabophones ou berberophones tout à l’opposé des arabes obscurantistes.

    Le fait même que vous éprouvez une sorte de sympathie envers ce pervers descendant d’un grand père frère musulman ayant fait allégeance aux nazis, me conforte dans mon opinon serait-ce sa maitrise de la rhétorique qu vous subjugue, car en effet il sait manier les mots afin d’enrôler des « reubeu » des banliues afin de les embrigader dans le fanantisme religieux, afin de les transformer en de futures bombes humaines, en effet le Qatarisme est dangerux mais pas plus que l’arabo-batisme ».

    En tant qu’AMAZIGH, nous n’avons absolument rien de commun, mes ancetres vénéraient le respect de la nature et de l’humain, la nation amazigh renaîtra un jour et brillera parmi les nations.

    Vivement l’ETAT libre de KABYLIE AGHLAN AMAZIGH AMYNUT

    AGWZUL

  3. It is approximated that we will be at nine.2 billion by 2050. NOx is established by the burning of fuels this kind of as exhaust from vegetation and vehicles.
    [article source->http://www.goldenline.pl/robert-brown]

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