Le régime d’Alger, un régime à diffusion d’images, par la manipulation des symboles « Islam / FLN » et la diversité politique qui est à sa solde

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Nous sommes toujours dans la logique d’un pouvoir post-colonial, issu de la décolonisation, qui a hérité de tout le système colonial dans sa gestion politique d’un territoire et sociétés appelées algériens et Algériennes, qui a fait du régime algérien, un pouvoir qui se prétend le seul détenteur de la raison, en se maintenant dans un parti-Etat pendant longtemps avec une politique totalitaire, de répression, de torture et de liquidation politique de toutes les élites qui ne sont pas d’accord avec sa gestion. Et, devant la pression sociale des culturalistes Kabyles de 80 et les événements de 88, la contrainte du départ de leur régime fabriqué de toutes pièces par l’occident et le moyen orient, il a fait semblant de procéder à une ouverture politique concoctée, préparée avec le plus grand soin du monde pour qu’elle soit présenté comme une nouvelle conjoncture « d’illusion et de pérennisation » au nom d’une démocratie qui sera, au bout du compte, troublée et largement discréditée.

De ce fait, la voie « cérémoniale » de diversité politique de ce pouvoir, à l’instar de son parti-Etat est installée sous le slogan « Algérie Etat unitaire centralisé, arabe et islamique ». Il a ouvert cette voie uniquement pour la production d’image ; l’image de délusion et l’image qui théâtralise le mensonge croyable, tantôt en se cachant derrière les symboles historiques ou religieux, tantôt en manipulant ces dits symboles. En effet cette image fabriquée de toutes pièces, l’Etat s’en sert comme un moyen de légitimation pour sa vraie image cachée qui est constamment menacée. Pour ainsi dire, cette image peut être un moyen de légitimation et d’embrigadement des esprits. Parmi ces images, on cite fortement le symbole religieux- le point fort et le point faible des croyants-, comme « L’ISLAM », ainsi que le «FLN » qui demeurre l’autre symbole d’une image caricaturale, qui reste le cheval infatigable du pouvoir postcolonial. Ce « FLN » que nous devons mettre dans le musée des nobles au lendemain de « l’indépendance » , est devenu une légitimité historique pour les autoritaires qui le ressuscitent avec tout son cortège de moments émotionnels et chauviniques; sentiment patriotique excessif pour les ayant-droits (la clientèle du pouvoir) et la jeunesse qui est déjà préparée à l’idéologisation par l’intermédiaire des appareils idéologiques d’embrigadement appelés « système éducatif » qui interdit la connaissance, interdit d’apprendre le sens « d’un gouvernement, d’une république, ce que signifie la démocratie », et qui prépare toujours cette jeunesse pour mieux la manipuler.

Voulons-nous savoir pourquoi le régime avait toujours comme cible les intellectuels comme Tahar Djaout, Said Mekbel…? Parce ces intellectuels savent ce que signifie « une république ».Notre régime qui a peur de la connaissance, notamment des sciences de l’homme et de l’Etat en valorisant, voire en institutionnalisant l’ignorance, a compris que l’intelligence sans instruction morale en science humaine et sociale est une débilité mentale même si elle est agrégée du technique ou du physique, voire du mathématique. Et pour se faciliter la tache dans sa manipulation du public et de la jeunesse, l’Etat n’a pas trouver mieux que de le faire à travers les détournements des fêtes « nationales » 54 /62, et des événements « cérémoniaux » comme le vote.

La même chose est applicable pour la religion islamique monopolisée et manipulée par ce pouvoir de diffusion d’images. Le chef du régime l’acteur principal qui théâtralise la scène politique, pour qu’il adopte un projet quelconque, il doit faire appel aux interprétations religieuses comme, par exemple, le fameux projet de réconciliation nationale où nous avons vu des chefs de partis islamiques qui essayaient d’argumenter la nécessité du projet par le biais de l’islam ou des interprétations islamiques, alors que la question est purement politique voire une en relation profonde avec la notion de l’état comme le dit Emmanuel Kant à ce propos: « aucun traité de paix ne doit être considéré comme tel si on l’a pas conclu en s’y réservant secrètement quelque sujet de recommencer la guerre ».

Un pareil traité qui vise la diabolisation et la pérennisation du système ne pouvait être retenu qu’en instrumentalisant une loi divine qui mobilise et qui manipule. Parce qu’à vrai dire si c’était vraiment l’initiative d’un homme d’Etat épargne par la crise d’une self estime personnelle, la libération psychologique de soi, conduirait inexorablement à la libération de « l’âme de l’état » qui est la loi et l’institution juridique, ainsi qu’ à l’ouverture du débat solennel auprès des intellectuels et des philosophes qui vont tracer une feuille de route à ce processus de paix, ce qui mettrait en évidence la crédibilité, l’honneur, la morale et l’engagement sincère de l’état .

Bon bref, nous revenons au rôle manipulateur de la religion dans des régimes où l’état est conçu comme chose, comme propriété privée acquise après un long sacrifice de lutte de libération, ici à chaque « cérémonie » religieuse on voit la présence du chef du régime et sa troupe de ministres dans l’entreprise de production d’images (la télévision), pour continuer à produire l’image de bon croyants, et tirer la légitimité de la religion manipulée, pour qu’elle devienne elle-même innocemment manipulatrice , comme le suggère Montesquieu « les lois de la religion sont d’un précepte supérieur » ;ce qui veut dire qu’il suffît de manipuler ces lois religieuses pour pouvoir manipuler tout le reste qui suit ; tous ceux qui croient à ces préceptes, réagissent par stimulus ,en produisant dans un certain rapport une relation machinale d’une loi divine manipulée qui prendrait le croyant en sandwich entre la socialisation et la manipulation par cette même loi divine qui, au retour, ne tolère point la critique du fait qu’elle est d’essence Haram. Par conséquent, dans ce cas « l’islam » est à la fois manipulé parce qu’il est manipulable, et sa manipulation le rend manipulateur. Ce déguisement par l’image islamique est fait pour créer une opinion de légitimation.

Le régime d’Alger tire sa légitimité de la légitimité religieuse, au lieu de la tirer de la légitimité politique, du suffrage universel, du vote transparent, d’une vraie diversité politique. Si l’islamisme veut dire idéologisation et instrumentalisation de l’Islam, cela explique que le régime d’Alger est profondément islamiste. Un régime qui nous laisse toujours dans l’état d’ignorance car il ne tolère ni la pensée ni la critique. D’ailleurs c’est pour cette raison même qu’il a planifié pour un système éducatif qui s’appellerait « débilité mentale » en enseignant l’ignorance et la méconnaissance.

Le régime d’Alger ne pense qu’à son maintien, et son intérêt ne réside que dans sa pérennisation, il n’est ni dans l’intérêt du pays ni dans celui de l’Etat, mais dans l’intérêt de ces fantômes qui se cachent derrière les symboles historiques (FLN), la légitimité historique des leaders charismatiques, la religion de l’état, et même la diversité politique qui a conduit à la création d’une espèce de partis d’opposition joueurs de flûte dans l’orchestre du roi. D’ailleurs George Balandier dans sons livre «Le pouvoir sur scène » a bien analysé la politique dans les pays où l’autoritarisme règne. Pour lui, dans ces pays, la diversité politique est cérémoniale ; c’est-à-dire ce n’est qu’un jeu de scène pour une courte période, dont les acteurs usent avec tous les moyens pour exciter les gens et les foules dans le but de les drainer à accomplir leurs devoirs nationaux comme le « vote ». Autrement dit, « le pouvoir établi sur une seule force, ou sur la violence non domestiquée aurait une existence constamment menacée; le pouvoir exposé sur le seul éclairage de la raison aurait peu de crédibilité. Il ne parvient à se maintenir ni par la domination brutale, ni par la seule justification rationnelle.il ne se fait et ne se conserve que par la transposition, par la production d’image, par la manipulation de symboles et leur organisation dans un cadre cérémonial », c’est-à-dire, les systèmes autoritaires dépourvus de la légitimité politique transparente sont obligés d’utiliser tous les moyens comme le suffrage « universel », alors que ce vote c’est d’abord un acte de conscience intellectuelle ,un acte démocratique qui ne peut avoir et produire son fruit que dans un climat démocratique, et dans un esprit de « loi libre » qui peut protéger le suffrage dans sons sens le plus profond.

Cela explique qu’il ne peut s’exercer que dans les pays où la démocratie est une valeur institutionnalisée et une garantie d’un état souverain et légitime qui ne cherche pas la légitimité et la légitimation dans l’instrumentalisation des suffrages ou la manipulation des symboles par l’intermédiaire d’une multitude de partis politiques qui est à sa solde.

Pour ainsi dire les partis politiques dans les pays où les institutions sont gérées par un pouvoir « caché » comme, d’ailleurs, le qualifie Houari Adi, ne peuvent exercer qu’une politique cérémoniale, et ils ne deviennent patents que lors des élections et/ou dans une manifestation cérémoniale comme une fête nationale qu’on sacralise.

Nous avons assisté à plusieurs conférences-débats où les intervenants disent à tous les candidats de différents partis politiques « ur d-ttemektayem ara cceɛb allama yewwḍed lweqt n lbuṭ, tessawalem-aɣ-id ala timecki id aɣ teḥwaǧem », vous, vous ne nous appelez que durant ces moments de vote », ce qui signifie que les citoyens durant toute une demie décennie ou toute l’année sont livrés à eux- mêmes.

Et au moment du vote par stratégie « d’entrisme » et de légitimation du système qui étouffe, tous les partis ouvrent leurs bureaux pour exposer leurs programmes. Des programmes qu’ils servent comme une salade de fruit en plastique qui ne se mangent pas, car ces programmes n’auront aucune concrétisation parce que, tout simplement, le peuple ne gouverne pas. Le changement ne peut venir ni de la merci du régime, ni des partis qui ont fini par se discréditer, mais d’une pression de la nouvelle élite qui va adopter de nouvelles voies de protestation et ce n’est qu’avec l’action et les protestions que le régime change. Ce n’est, en aucun cas, pas par des déclarations et des condamnations dans des bureaux de partis politiques. Et le système ne peut exister que par la tolérance et la consistance de l’action et de l’acteur qui tâche à le changer.

Massinissa_saiadni@yahoo.fr Etudiant en deuxième année master Anthropologie, université de Bejaia.

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