KABYLIE, BOGHNI (Tamurt) – Interpellé à proximité du siège de la daïra de Boghni par la police judiciaire, cette dernière commençait, sans aucun préavis, à fouiller ma voiture à la recherche d’éventuels indices relatifs à la marche du 20 avril prochain.
Au commissariat, la police m’avoua qu’elle appréhendait Tafsut. Puis, elle avait procédé, comme d’habitude, à l’interrogatoire mais cette fois-ci dans une atmosphère électrique et survoltée. Les policiers étaient animés par un zèle qui promettait de suspendre le vol des oiseaux dans l’air tant leurs propos étaient chargés de menaces envers tous Kabyles qui prétendrait célébrer Tafsut.
Leur zèle dépassait largement les frontières habituelles que nous leur connaissons. Ils déversèrent un déluge de questions sur moi ; Où avons-nous cantonné nos forces? Quelle est la date fatidique de l’assaut? De quelle façon comptons-nous mener notre guerre sur terre, dans les mers, dans les airs? Quelles sont nos potentialités et nos réserves ? Les prouesses techniques de nos équipements? Ils électrifièrent l’air de toutes les forces qu’ils pouvaient me promettant les plus grands ennuis, si je n’arrêtais pas de militer pour l’URK et de soutenir toutes les tendances « réactionnaires kabyles »…
Ils voulaient savoir combien nous sommes dans la réaction et que je leur fasse part de tous nos projets pour la Kabylie. Quel était mon grade dans l’organisation et si je n’étais pas, moi, « le manitou » de la région de Boghni. Ils voulaient aussi savoir avec combien de militants j’étais en contact…
C’est juste s’ils ne m’avaient pas demandé les noms des camarades aux commandes des armes nucléaires. À la fin, ils ont pris encore une fois mes empreintes, des photos de tous les profils avant de me conduire à l’habituelle visite médicale attestant que je n’ai pas subi de sévices physiques (pas mentales). Un certificat médical fut établi et l’on me libéra tard dans la soirée.
Moh Belkacemi pour Tamurt