Mokhtar Belmokhtar réfute avoir prêté allégeance à l'EI

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Moktat Belmokhtar Tamurt

Le groupe de Mokhtar Belmokhtar, ex-chef d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), a-t-il prêté allégeance à l’Etat islamique ?

Vendredi 15 mai, l’Algérien a réfuté que son mouvement, Al-Mourabitoune, était devenu une nouvelle « franchise » de l’organisation terroriste, contrairement à ce qu’un message, attribué à l’un des hauts responsables de ce groupe, affirmait, jeudi.
Dans un document audio mis en ligne par l’agence mauritanienne Al-Akbhar, une voix, identifiée par l’agence comme celle d’Adnan Abou Walid Sahraoui, responsable du groupe dans le Sahel, affirmait en effet que :
« Le mouvement Al-Mourabitoune annonce son allégeance au calife des musulmans Abou Bakr Al-Baghdadi, bannissant ainsi les divisions et les dissensions au sein de la nation. »
Mais vendredi, cette même agence et SITE rapportaient un message, cette fois signé de Belmokhtar, contredisant ces déclarations. Dans celui-ci, il assure que l’enregistrement de jeudi « ne respecte pas les conditions et règles de la Choura », organe central d’Al-Mourabitoune, et par conséquent, « n’engage pas » le groupe « qui reste fidèle à son allégeance à Ayman Al-Zawahiri sur la voie du djihad ». Ceci n’écarte toutefois pas l’hypothèse d’une perte d’autorité du leader sur son propre mouvement qui aurait décidé, sans son accord, de rejoindre les rangs de l’EI.

D’où vient le groupe Al-Mourabitoune ?
Ce groupe salafiste est apparu en août 2013 de la fusion des Signataires par le sang, de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar – un ex-chef d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) – et une partie du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), très actif au Mali, en particulier dans la région de Gao.
Al-Mourabitoune (littéralement, les Almoravides) a notamment revendiqué l’attentat qui a fait cinq morts – trois Maliens, un Français et un Belge – le 7 mars dans une boîte de nuit de Bamako au Mali. Ils ont aussi mené des attaques en Algérie et au Niger. Mokhtar Belmokhtar, ancien dirigeant d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), avait notamment mené l’attaque contre le site gazier d’In Amenas, tuant 38 civils.

En cas de confirmation, quel poids pour l’EI en Afrique ?
Cette annonce intervient alors que plusieurs mouvements djihadistes africains ont apporté leur soutien au leader de l’EI, Abou Bakr Al-Baghdadi. Le 7 mars, le groupe nigérian Boko Haram a ainsi proclamé sa bay’ah confirmant la présence de l’EI sur le continent. L’Etat islamique y disposait déjà de relais dans trois pays : en Algérie avec les Soldats du Califat, en Egypte avec Ansar Beït Al-Maqdis.

Cette allégeance était-elle attendue ?
Non, car le chef d’Al-Qaida, l’Egyptien Ayman Al-Zawahiri, à l’origine de la naissance d’Al-Mourabitoune a publiquement demandé la fusion des deux groupes. En avril 2014, Mokhtar Belmokhtar lui avait d’ailleurs réaffirmé sa fidélité :
« Nous affirmons notre confiance et notre engagement en faveur de l’approche et des orientations de notre émir, cheikh Ayman Al-Zawahiri (…), car nous sommes convaincus de la justesse de son approche. »
Interrogé par l’Agence France-Presse, un expert mauritanien du djihadisme dans le Sahel, Isselmou Ould Salihi, estimait jeudi, qu’une allégeance serait un marqueur de « changement de cap idéologique », peut-être lié à une certaine perte d’influence d’Al-Mourabitoune dans la région ou d’une perte de contrôle de Belmokhtar dans la direction du groupe.

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