Soudan: une jeune femme chrétienne condamnée à mort pour apostasie

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Une jeune femme chrétienne a été condamnée jeudi à la peine de mort par pendaison pour apostasie au Soudan, provoquant la colère des Etats-Unis et du Royaume-Uni.

Née d’un père musulman, Meriam Yahia Ibrahim Ishag a été condamnée en vertu de la loi islamique en vigueur au Soudan depuis 1983 et qui interdit les conversions sous peine de mort.

«Nous vous avions donné trois jours pour abjurer votre foi mais vous avez insisté pour ne pas revenir vers l’islam. Je vous condamne à la peine de mort par pendaison», a déclaré le juge Abbas Mohammed Al-Khalifa à l’adresse de la jeune femme, voilée et vêtue d’une robe traditionnelle soudanaise, qui est restée impassible.

Avant le verdict, un chef religieux musulman avait en vain cherché à la convaincre à retourner à l’islam, mais elle a avait dit calmement au juge: «Je suis chrétienne et je n’ai jamais fait acte d’apostasie».

Durant ce procès devant la cour criminelle de Haj Yousef, une banlieue de Khartoum où vivent de nombreux chrétiens, Mme Ishag, mariée à un chrétien du Soudan du Sud, a également été condamnée à 100 coups de fouet pour «adultère».

Selon l’interprétation soudanaise de la charia (loi islamique), une musulmane ne peut épouser un non musulman, et toute union de ce type est considérée comme un «adultère».

«Nous condamnons fermement cette sentence et exhortons le gouvernement soudanais à respecter ses obligations définies par les lois internationales protégeant les droits de l’homme», a réagi dans un communiqué la porte-parole du Conseil de sécurité national de la Maison Blanche, Caitlin Hayden, dénonçant les «violations systématiques, flagrantes et continues de la liberté de religion» au Soudan.

Le département d’Etat américain s’est de son côté dit «profondément troublé» et a appelé le gouvernement à «respecter le droit à la liberté religieuse consacré dans sa propre Constitution intérimaire de 2005».

Le Royaume-Uni, par la voix de son ministre chargé des questions africaines Mark Simmonds, s’est dit «horrifié» par cette «condamnation barbare qui témoigne du véritable fossé entre les pratiques des tribunaux soudanais et les obligations du pays en matière de droits de l’homme».

De même, l’organisation Amnesty International s’est déclarée «horrifiée», exigeant la libération immédiate et inconditionnelle de cette femme de 27 ans, «enceinte de huit mois» et «détenue avec son fils de 20 mois».

Une centaine de personnes étaient venues au tribunal pour entendre le verdict, dont des diplomates étrangers. «Nous sommes choqués et très tristes d’entendre ce verdict, qui n’est pas en conformité avec la propre Constitution du Soudan et des obligations internationales», a dit l’un d’eux à l’AFP.

afp

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