Tribunal criminel de Tizi-Ouzou : – Deux ans de prison et 100.000 DA d’amende pour l’agresseur d’une dame

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Ils étaient, hier, trois individus, en l’occurrence L. L., S. I. et K. S., à la barre des accusés au niveau du tribunal criminel de Tizi-Ouzou. Ils étaient poursuivis pour coups suivis de vol sur une dame, O. G., originaire d’Ath-Yenni. Selon l’arrêt de renvoi, les faits remontent à la journée du lundi, 30 septembre 2013 et ont pour théâtre le lieudit « Tassdart-Bouafir », commune d’Ath-Yenni.

Mme O. G., la soixantaine s’était rendu au village d’Aît-Lahcène pour faire des courses et autre affaire d’ordre strictement personnel. L. L., S. I. et K. S., tous trois des résidents de la ville de Tizi-Ouzou se trouvaient justement à Aït-Lahcène. Ils avaient leur propre véhicule, un fourgon de transport. C’est L. L. qui était au volant. Le véhicule en question appartenait à son frère. Voyant le fourgon de transport prendre la direction qui était sienne, la victime fit signe au conducteur de l’emmener. Celui-ci marqua l’arrêt et y fit monter la dame.
Seulement voilà, en arrivant au lieudit « Tassadart-Bouafir », soit à 500 mètres environ avant d’arriver à son domicile, elle demanda au chauffeur de s’arrêter pour descendre. Le conducteur répondit à la requête de la dame. Cependant, à peine descendue, l’accusé K. S. la suivit.

Tout se passa très vite. Mme O. G. dira au tribunal qu’à peine a-t-elle fait quelques mètres qu’un coup violent l’atteignit à la tête. Elle s’écroula. Puis d’autres coups aussi violents que le premier s’en suivirent l’atteignant à la tête et au bas de la nuque. « J’étais complètement étourdie », a-t-elle déclaré au juge pour ajouter ensuite : « Et c’est cet accusé K. S. qui m’a agressée physiquement avant de me prendre ma chaîne et mon porte-monnaie ».

A la question de savoir comment elle su que c’était K. S. son agresseur et voleur, Mme O. G. répondit qu’elle savait que c’était lui qui descendit juste après elle et c’est lui qui l’a suivie. Durant l’agression, la victime, affolée, poussait des cris. Ce sont ces cris qui ont alerté des citoyens lesquels ont accouru à son secours. En voyant des hommes courir sur les lieux d’où le secours était lancé, K. S. et S. I. prirent la fuite en pénétrant dans les maquis. Quant à L. L., il fut obligé à l’inaction sur les lieux mêmes de l’agression par un secouriste. Celui-ci n’est autre qu’un parent éloigné de la victime. Il reconnaîtra le lien de parenté devant le juge en sa qualité de témoin.

Cependant, même à la faveur du maquis, K.S. et S.I. ne réussiront pas à s’échapper. Les secouristes, ivres de colère et d’indignation, se lanceront à leur poursuite. Ils étaient déterminés à les rattraper et à les sanctionner pour avoir commis le sacrilège d’agresser une de leurs concitoyennes. Pendant la chasse à l’homme, les gendarmes d’Ath-Yenni étaient alertés des faits. Et à leur tour, ils se sont lancés dans leur obligation républicaine. Contrairement aux secouristes, tous originaires d’Ath-Yenni, qui connaissaient les maquis alentour comme leur poche et aux gendarmes qui maîtrisent la science militaire, les deux fuyards ne savaient pas où aller ni comment se cacher dans les bois en se confondant avec les couleurs du feuillage. Après tout, ils sont à peine sortis de l’adolescence et sont des citadins. C’est pourquoi, ils ne tardèrent pas à se retrouver prisonniers de leurs poursuivants lesquels n’ont pas manqué de leur donner une tripotée.

L’avocate de S.I, M° Moudir, motivée de sauver son client, dénoncera « l’acte de lynchage ». « Personne n’a le droit de faire justice soi-même », a-t-elle plaidé avec une voix perçante, c’est-à-dire avec cette tonalité dans la voix qu’on retrouve chez tous (tes) les avocats (es) de haute futée ou qu’on ne regrette pas d’avoir loué les compétences. Elle « démontrera » l’innocence de son client d’où sa demande de la relaxe pure et simple.

Pour l’avocat de K.S, M° Azeddine Haddad, il plaidera les circonstances atténuantes. Son client reconnaîtra avoir été tenté par « le diable ». Il ne cachera pas avoir essayé de voler la victime mais qu’il a regretté « sincèrement » son geste.

Quant à l’avocat de L.L, M° Hadjaz, il emboîtera le pas à sa consoeur, M° Moudir. Avec des mots bien choisis, M° Hadjaz plaidera non seulement l’innocence de son client mais aussi la restitution de ses biens, confisqués et mis sous scellés au nom de la loi par la justice, à savoir le fourgon qu’il conduisait le jour des faits et la chaîne que les gendarmes y ont trouvée. La chaîne en question appartenait aussi à sa belle-sœur (l’épouse de son frère).

Quant au représentant du ministère public, les trois accusés étaient coupables des faits qu’on leur reprochait. Eux qui étaient originaires de la ville de Tizi-Ouzou ont fait le déplacement jusqu’à Ath-Yenni. Que pouvaient-ils y faire sinon commettre des actes répréhensibles ? C’est pourquoi, il a demandé une peine de 05 ans de réclusion criminelle à l’encontre de chacun des trois accusés. Après les délibérations, le jury prononça son verdict. Deux ans de prison ferme et une amende de 100.000, 00 DA d’amende pour K.S et relaxe pour L.L et S.I avec restitution des biens ( fourgon et chaîne) pour leur propriétaire, c’est-à-dire L.L.

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