Tribunal criminel de Tizi-Ouzou : – Relaxe pour les 5 accusés poursuivis pour coups et blessures volontaire et destruction par le feu d’un bien privé

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Ils étaient cinq personnes dans le box des accusés aujourd’hui au niveau du tribunal criminel de Tizi-Ouzou. Il s’agit des nommés Hacène D, Yazid D, Djaffar D, Rédha O et Brahim O. Ils étaient poursuivis pour coups et blessures volontaires sur la personne de Ali A. et destruction de son bien, un bar-restaurant, par le feu.

Cette affaire déjà traitée la première fois par le même tribunal a été traduite par l’acquittement des accusés. C’est suite à la cassation sollicitée par la victime auprès de la cour suprême que la révision du procès a été programmée pour hier, lundi.

Les faits de cette affaire, selon l’arrêt de renvoi, remontent à la soirée du 21 juillet 2010 à 22 heures et ont pour théâtre la plage de Tamda-Ouguemoun, sise dans la circonscription communale d’Iflissen, daïra de Tigzirt. Tamda-Ouguenmoun qui se trouve non loin du village d’issenadjène, commune d’Iflissen. A vrai dire, Tamda-Ouguemoun qui est un lieudit est une partie géographique intégrante du village d’Issenadjène.

Au cours de cette soirée donc du 21 juillet 2010, des individus sont venus à Tamda-Ouguemoun et ont saccagé le bar-restaurant appartenant à Ali A lequel l’exploitait clandestinement. Après l’acte de violence, Ali A est évacué à l’hôpital de Tigzirt pour bénéficier de soins médicaux. Qui l’a donc évacué vers cet établissement hospitalier ? « Je ne sais pas car les coups de mes agresseurs m’ont fait perdre connaissance », dira la victime à la présidente du tribunal. « Mais probablement de braves citoyens car il y avait tout le temps des estivants pendant cette période de l’année », ajoute-t-il.

L’arrêt de renvoi note cependant qu’une fois les gendarmes sur les lieux de la violence, ils ont trouvé de la drogue dans les effets personnels de la victime. Des effets vestimentaires de femmes ont été également trouvés dans sa voiture. C’est pourquoi après les soins dont a bénéficié Ali A, il se retrouve en prison. D’ailleurs, il purge encore sa peine. Son emprisonnement est justifié par l’exploitation d’un débit de boissons alcoolisées sans autorisation. Quand le juge demande à la victime de revenir sur cette soirée du 21 juillet 2010, il dit que les 5 accusés ainsi que deux autres qui n’étaient pas présents au tribunal pour la simple raison qu’ils n’étaient pas poursuivis pour un quelconque délit sont entrés dans son établissement pour commander à boire. « Et à peine que je les ai servis, poursuit-il, ils ont commencé à me provoquer avant de se ruer sur moi ». A la question de savoir pourquoi, ils l’ont provoqué pour le tabasser ensuite, la victime répond : « Comme je travaillais bien et surtout mieux qu’eux, ils ont voulu me chasser de ces lieux en me proposant même le prix de mon établissement ».

Selon la victime donc, l’acte des agresseurs reposait sur le désir de se débarrasser d’un concurrent. Ils se trouve cependant que pas moins de neuf (09) témoins à décharge , chacun en ce qui le concerne, ont signalé au tribunal qu’au moment des faits tous les cinq (05) accusés étaient loin des lieux des faits en cette soirée du 21 juillet 2010. Yazid D a été vu sur la route d’Azeffoun qui prenait la route menant vers Tigzirt. Donc, il était de retour de Béjaia où il avait l’habitude de chercher du poisson à bord de sa grosse moto, une 225. Djaffar D a été vu à Boudjima. Brahim O a été vu à Alger. Hacène D a été vu au village d’Issenadjène. Pas un seul témoin n’a déclaré avoir vu l’un des accusés à Tamda-Ouguemoun au moments des faits. Par ailleurs, tous les accusés ont un casier judiciaire vierge et tous ont des activités lucratives fort légales et honorables.

La seule défense du plaignant qui n’a d’ailleurs pas d’avocat est le fait que son bar-restaurant a bel et bien été ravagé par un incendie volontaire. Le certificat médical lui reconnaissant une incapacité de travail de 45 jours lui a été délivré exactement le 25 septembre 2011, soit 15 mois après « la tripotée reçue ».

Lors des débats, le représentant du ministère public, en très mauvaise posture, tenta d’ignorer les déclarations des témoins. Il considéra seulement le fait portant sur la destruction du bar-restaurant par un incendie et sur le lynchage de la victime, crimes punis par les articles 396 et 266 du code pénal. C’est pourquoi il demanda une peine de huit (08) de prison à l’encontre des accusés et une amende de 2. 000.000, 00 DA chacun.

Pour la défense, représentée par M° Hocine Messaoudène, M° Ahmed Hocine et M° Gounane, elle a nagé sur du velours. L’un après l’autre, ces trois avocats à une longue expérience, le jugement doit être fait à base d’une vérité et seule la preuve matérielle peut constituer un facteur de vérité. Par ailleurs, le certificat médical délivré plus d’un an après « l’agression » a été dûment exploité. Pourquoi le médecin de l’hôpital de Tigzirt ayant examiné le plaignant n’a pas jugé utile de lui délivrer un certificat médical. En définitive, la défense a prouvé que non seulement que les 5 accusés étaient complètement étrangers aux faits mais aussi le plaignant n’a pas subi de coups ayant entraîné blessure. Pour cela, les trois avocats ont demandé la relaxe pour leurs clients.

Après les délibérations, le tribunal prononça effectivement l’acquittement pour les 5 accusés en les reconnaissants innocents dans cette affaire du 21 juillet 2010 laquelle a fait couler de l’encre à cette époque.

Addenda : Un fait dans cette affaire est vrai : le bar-restaurant exploité clandestinement par Ali A a été incendié volontairement par des personnes. Mais qui sont ces personnes et pourquoi ont-elles agi ainsi ? Aux résultats de notre enquête, ce sont bel et bien des villageois d’Issenadjène et les habitants des villages environnants qui ont incendié le bar-restaurant de Tamda-Ouguemoun en cette soirée du 21 juillet 2010. Les habitants de ces villages ont signalé aux autorités les faits immoraux qui se produisaient dans cet établissement mais aucune réaction à l’endroit du gérant n’a été constatée. Toujours à la lumière de notre enquête, ce bar-restaurant servait aussi de lieu de débauche. C’est dans ce lieu que des prostituées vendaient leurs charmes. Aussi, la présence de ces femmes de jouissance charnelle attirait toujours des personnages peu recommandables. De fait donc, l’intimité d’Issenadjène et des villages alentours était constamment violée. Plusieurs avertissements et mises en garde ont été adressés au gérant de l’établissement pour qu’il cesse ces activités étrangères aux mœurs et habitudes culturelles des Kabyles. C’était comme s’adresser au vent. Convaincus que raison ne pouvait valoir, des personnes sont venues au cours de cette soirée du 21 juillet 2010 pour détruire ce lieu de débauche. Et avant de mettre le feu à l’établissement, les incendiaires ont d’abord pris le soin de faire sortir ses effets personnels et autres matériels utilisés dans l’établissement. Donc l’acte incendiaire a juste ciblé le bâti. C’est aussi la raison pour laquelle les gendarmes ont pu trouver la drogue dans les effets du gérant Ali A.

2 Commentaires

  1. les bars et les mosquées poussent comme des champignons en Kabylie, d’ailleurs c’est les seules projets ou les autorités facilitent les démarches; mais quand il s »agit d’investissements sérieux , les responsables trouvent toujours des raisons non valables pour décourager les investisseurs .

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